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Après 100 jours de conflit étudiant, il faut admettre que les deux camps ont démontré tout ce qu'ils avaient dans le ventre. Il devient de plus en plus évident que si aucune solution n'est mise de l'avant, les choses vont mal se terminer et tout le monde sera perdant. Ma solution: que Jean Charest engage à aller en campagne électorale avant la fin de la 4e année de son mandat.
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CP

Nous y sommes. Nous avons traversé les 100 jours de conflit avec les étudiants. Il faut admettre que les deux camps ont démontré tout ce qu'ils avaient dans le ventre. Les étudiants ont gardé le haut du pavé pendant des semaines dans les médias avec leurs actions, tandis que le gouvernement n'a pas cédé sur la hausse des frais de scolarité et Jean Charest est toujours premier ministre du Québec. Il devient de plus en plus évident que si aucune solution n'est mise de l'avant, les choses vont mal se terminer et tout le monde sera perdant.

Une fois cela dit, le terrain d'entente n'est à peu près plus visible à l'œil nu pour les deux belligérants. Dans un tel cas, il faut se rabattre sur les fondamentaux qui nous unissent. La solution suprême d'un peuple qui vit en démocratie pour régler une question cruciale demeure la consultation de ses commettants.

Évidemment au Québec, le référendum a une symbolique beaucoup trop lourde après que le processus ait été utilisé deux fois pour donner au Québec le droit à l'autodétermination. On ne peut donc pas penser que proposer une question sur la hausse des frais de scolarité lors d'un référendum serait une alternative pour solutionner le conflit.

Par contre, la véritable consultation reste celle de l'élection d'un gouvernement. Techniquement, Jean Charest peut attendre décembre 2013 pour convier les Québécois aux urnes. Ca veut donc dire qu'avant que les Québécois aient un nouveau gouvernement, le Père Noël viendra les visiter deux fois. C'est difficile à croire mais si Jean Charest décidait de rester au pouvoir jusqu'à la limite de ce que nos lois électorales lui permettent, son successeur pourrait être connu en 2014!! C'est pourquoi je crois que la solution réside ici.

Ma solution

Je crois que Jean Charest doit s'engager à aller en campagne électorale avant la fin de la 4e année de son mandat. Il est vrai que ce n'est pas usuel d'annoncer à l'avance ses intentions en vue d'un déclenchement électoral. Dans notre système parlementaire, le choix de la date de l'élection est la prérogative du premier ministre. Depuis le début de son règne, peu de premier ministre ont tenu les cartes aussi près de lui que Jean Charest quand il est question de la date de l'élection.

Je ne lui demande pas de dire la date. Je lui demande de s'engager à lancer le Québec en élection avant le mois de décembre 2012. Cela fera quatre ans qu'il est en poste et au Québec, c'est un mandat normal même s'il pourrait l'étirer sur cinq ans. De cette façon, les étudiants auront remporté une victoire en imposant le thème de l'élection mais en retour Jean Charest fera preuve de leadership en ramenant la paix sociale tout en gardant le cap à propos des hausses annoncées. Rappelons que selon l'issue de la campagne, les frais seront annulés par un des partis qui prône le gel et même qu'ils pourront être remboursés aux étudiants par le Parti québécois de Pauline Marois. Les étudiants ne courent donc pas de risque de perdre d'argent advenant une victoire des péquistes et de leur cause.

En effet les positions de partis sont assez claires. Pour ceux qui souhaitent l'annulation de la hausse des frais de scolarité il y a le PQ, pour ceux qui sont d'accord avec la hausse des frais il y a les libéraux, ceux qui sont pour la hausse mais qui sont insatisfaits de la gestion du gouvernement pourront se tourner vers François Legault alors que la gratuité scolaire se trouve chez Québec solidaire.

En échange, les étudiants cessent leurs gestes de perturbations. Fini les manifestations nocturnes montréalaises et les attaques dans le métro ou ailleurs. Ils pourront continuer à faire vivre le carré rouge et d'aller chercher des alliés dans la société civile et chez les artistes mais ils ne pourront plus commettre d'actes de désobéissances ou illégaux. Avec l'unanimité des partis autour de cette solution au salon bleu jumelée à un appel au calme sans équivoque des leaders étudiants, les extrémistes et les casseurs se trouveraient ainsi isolés. Les hostilités pourront reprendre durant la campagne électorale, une période qui est beaucoup mieux indiquée dans une démocratie pour faire connaitre son point de vue.

Des deux cotés, on a utilisé pas mal toutes les munitions mises à leur disposition. C'est pourquoi c'est le moment ou jamais pour appliquer cette solution. Les étudiants ont fait de grandes choses depuis le début du conflit. Ils ont rassemblé des centaines de milliers de personnes dans la paix, ils ont fait naitre des stars médiatiques que le Québec n'oubliera pas de sitôt et ils ont amené le débat public sur l'Éducation et l'importance que l'on doit lui donner dans la belle province. Ils ont aussi fait de moins belles choses en bafouant la démocratie lors de prises de vote de grève, ils ont confronté les policiers et ils ont, entres autres, commis des actes qui vaudront à leurs auteurs des accusations reliées au terrorisme.

Quant au gouvernement du Québec, il a épuisé la presque totalité des ressources qui lui sont dévolues. Après des motions a l'assemblée nationale, une proposition ultime avec le premier ministre, la signature d'une entente avec les étudiants, ils ont finalement reporté la session pour terminer avec une loi spéciale qui n'aura finalement qu'envenimer les choses. Une loi, aussi mauvaise soit elle, adoptée dans un parlement élu démocratiquement.

Il y en aura pour dire que les libéraux auront cédé aux casseurs et à l'intimidation. Il est vrai qu'il fut un temps où ce sont les extrémistes qui gardaient le mouvement étudiant à bout de bras alors que l'insatisfaction dans la population était palpable. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas c'est devenu le véritable enjeu québécois. Il est vrai aussi que la majorité des étudiants sont à l'école et que c'est une minorité d'insatisfaits que l'on contenterait ainsi. Il y a même pour dire que c'est une minorité bruyante qui se fait entendre face à une minorité silencieuse. Si c'est le cas, les résultats de l'élection le refléteront.

Je crois, monsieur Charest, que vous avez la clé pour régler une crise qui est rendue hors de contrôle et dont le Québec n'a pas besoin alors que débute la saison touristique. Saurez-vous prendre la bonne décision?

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