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House of Cards 3: bilan de saison

Cette nouvelle saison devaut la peine d'être vue dans son entièreté, bien qu'on sente un certain essoufflement. Et la redondance ne s'applique pas seulement au synopsis.
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La troisième saison de House of Cards a été mise en ligne sur le site de Netflix le 27 février pour tous ses abonnés. Après de multiples machinations aux opus précédents, on pourrait croire que Frank Underwood (Kevin Spacey) et son épouse Claire (Robin Wright) sont désormais au faîte de leur gloire puisqu'ils sont à la tête du plus puissant pays du monde. Mais voilà, le protagoniste a hérité de la présidence sans avoir été élu, si bien que les républicains et même son propre parti ne cessent de lui mettre des bâtons dans les roues... et de nouvelles élections sont pour bientôt. Le couple le plus haï de l'Amérique, mais un des préférés des téléspectateurs parviendra-t-il à rester au sommet?

Cette série phare du numéro 1 mondial de la vidéo sur demande était attendue de pied ferme puisqu'à la fin de la saison précédente, le couple avait enfin atteint son but, si bien qu'on se demandait quel serait l'intérêt de poursuivre la série. À ce sujet, Netflix nous offre un nouveau chapitre en demi-teinte. Si on parvient à créer 13 nouveaux épisodes pour le moins crédibles, certaines intrigues n'ont plus leur raison d'être, on sent à quelques reprises le remplissage et toute la production commence à se formater, y compris du côté de la mise en scène. À voir certes, mais avec moins d'empressement.

Où est passé l'instinct du tueur?

Frank a beau être le nouveau président, il a dû gouverner pendant ses six premiers mois de mandat à coups de décrets et vétos présidentiels pour arriver à ses fins. Au cours de la présente saison, les épisodes gravitent autour de trois dossiers politiques qui prennent toute la place : les relations entre la Maison-Blanche et la Russie, incarnée par son président, l'irascible Viktor Petrov (Lars Mikkelsen), une offensive des troupes Américaines en Jordanie avec (ou sans) le support complet de l'ONU et le plan America Works (AmWorks) censé redonner un emploi à des millions de citoyens. Sur tous ces tableaux, force est d'admettre que le président échoue, mais ce ne pourrait être que partie remise avec le déclenchement des élections qui survient à l'épisode no 11. Entre-temps, Claire ne peut se contenter du rôle de représentation qu'implique celui de première dame des États-Unis si bien qu'elle convainc son mari, puis un comité examinateur de la nommer ambassadrice des Nations Unies.

Contrairement aux saisons précédentes de House of Cards, il y a beaucoup moins de continuité entre les épisodes, si bien que nous avons droit à des tableaux nous renvoyant aux principaux défis qui vont avec le poste de président. Ce choix scénaristique est une lame à deux tranchants. De côté positif, on est très proche de la politique réelle, dont les tensions récentes avec la Russie et le manque de confiance évident entre les deux pays. Le sixième épisode est particulièrement touchant alors que Claire se rend au Kremlin afin de négocier la libération d'un activiste militant pour les droits des homosexuels ou à l'épisode suivant quand des moines tibétains s'installent à la Maison-Blanche le temps de confectionner une œuvre d'art d'une extrême fragilité; laquelle est à l'image du couple Underwood. Justement, c'est ce duo qui retient l'attention puisqu'on se demande s'ils parviendront à résister aux multiples épreuves qui les attendent.

Du côté négatif, on note plusieurs longueurs, notamment concernant le personnage de Doug (Michael Kelly), qui après avoir été gravement blessé lors de la saison précédente, passe tous les épisodes en convalescence chez lui à ruminer du noir et surtout à essayer de retrouver la trace de Rachel (Rachel Brosnahan). Même chose avec Tom Yates (Paul Sparks), un auteur renommé engagé par Frank pour qu'il écrive sa biographie. Cette trame narrative étant sensée nous faire connaître davantage l'homme, mais on reste dans les généralités qui viennent ronger du temps aux intrigues, lesquelles sont beaucoup moins nombreuses dans ce nouvel opus. Comme l'écrit Stéphane Baillargeon dans sa critique : « la série prend un tournant plus politique que machiavélique. » Justement, on s'ennuie des coups bas auxquels nous avaient habitués Frank et Claire et il faut attendre 11 épisodes pour retrouver cet esprit impitoyable et combattif, soit, avec le déclenchement des élections. Trop peu trop tard?

Netflix n'y échappe pas

Depuis son lancement, House of Cards jouit d'une grande notoriété et l'arrivée de chaque nouvelle saison semble être un événement en soi. Mais mis à part son mode de diffusion unique (mettre tous les épisodes en ligne le même jour), la série ne se démarque pas de ses congénères diffusées en mode traditionnel. L'histoire qui a accroché les téléspectateurs se formate et perd tout naturellement de sa fraîcheur de saison en saison. Sauf quelques contre-exemples, c'est bel et bien une tendance qui se mesure par des cotes d'écoute déclinantes dans le cas de la télévision, ce qui se reflèterait aussi si House of Cards y était diffusée.

L'autre point concerne la publicité. Netflix se targue de ne pas en avoir besoin pour survivre, quoiqu'elle a signé des accords concernant le placement de produits dans ses fictions. Puis, manifestement victime de son succès, sa troisième saison aurait été téléchargée illégalement en masse et ironiquement, c'est dans les pays où le service de vidéo sur demande est disponible, soit, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Canada qu'on compte le plus de piratage. Comme quoi, même la modique somme de 8 $ par mois en rebute certains.

Cette nouvelle saison de House of Cards vaut la peine d'être vue dans son entièreté, bien qu'on sente un certain essoufflement. Et la redondance ne s'applique pas seulement au synopsis à en juger par la mise en scène (montage ici): les téléspectateurs aguerris ont pu remarquer que les personnages, souvent en avant-plan, portent toujours des vêtements de couleurs oscillant entre le bleu et le gris, alors que l'arrière-plan est jaunâtre. Certes, c'est un choix artistique digne de mention d'autant plus que l'on réussit à formater presque chaque plan de la même manière, autant en intérieur qu'en extérieur, mais cette immuabilité est aussi à l'image de la série qui aurait avantage à nous arriver avec des intrigues plus fraîches et innovantes pour la prochaine saison.

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