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Hard, l'arrivée de Canal+ au Canada

est une série qui a été diffusée en France sur les ondes de Canal+ au printemps 2008. Ayant été aussi présentée sur Tou.tv au Québec en 2012, elle est maintenant disponible sur Canal+ Canada qui a lancé à la fin novembre son tout nouveau site payant au pays qui fonctionne à l'image de Netflix.
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Hard est une série qui a été diffusée en France sur les ondes de Canal+ au printemps 2008. Ayant été aussi présentée sur Tou.tv au Québec en 2012, elle est maintenant disponible sur Canal+ Canada qui a lancé à la fin novembre son tout nouveau site payant au pays qui fonctionne à l'image de Netflix.

La protagoniste Sophie (Natacha Lindinger) voit son monde basculer lorsque son mari décède d'un accident alors qu'il faisait des réparations autour de la maison. Cette mère de deux adolescents qui a longtemps abandonné sa carrière d'avocate pour se consacrer entièrement à sa famille apprend de la bouche de sa belle-mère Louise (Michèle Moretti) que son mari lui a toujours caché la véritable identité de son travail : il était producteurs de films pornographiques pour le site web Soph'X. Afin de garder le même train de vie, Sophie accepte de prendre les rênes de la compagnie et en profitera pour modifier quelque peu le contenu des « œuvres » qu'elle propose au public. Hard aborde avec humour et sans tabous cet univers décrié par certains, mais hautement lucratif. On se réjouit de l'arrivée de Canal+ au Canada qui nous permet d'avoir enfin accès à davantage de contenu européen, d'autant plus qu'il ne fera pas l'objet de censure, parce que sur le web. Par contre, on espère que l'offre de nos voisins d'outre-Atlantique se bonifiera dans les prochaines semaines, offrant par là une concurrence réelle à notre univers télévisuel beaucoup trop américanisé.

Contrer les préjugés

Ce qui frappe dans Hard, c'est la franchise avec laquelle on aborde le thème principal : la pornographie. À ce sujet, Sophie agit à titre de spectatrice puisqu'elle ne connaît absolument rien à cet univers. Au cours des premiers épisodes, on lui montre ce que la boite produit et on lui explique les fantasmes et les positions qui marchent le mieux auprès des internautes. Il y a aussi plusieurs scènes où on la voit interroger les acteurs et en particulier les actrices, s'assurant de leur bien-être. De cet angle, elle agit presque à titre de journaliste puisqu'elle informe par le fait même les téléspectateurs. Ce qui la choque particulièrement, c'est que les scènes ne reflètent que les fantasmes des hommes et elle compte y remédier en tournant un film plus « profond » espérant ainsi séduire un auditoire plus féminin. Peine perdue; les acteurs ne savent pas jouer (ou ne veulent pas s'en donner la peine) et la mise en scène ringarde fait échouer le projet.

Si tous ces sujets dans la série sont abordés sous le thème de l'humour, on peut y voir une critique de ce monde complètement machiste, sans qu'on tombe pour autant dans la moralisation. Les acteurs ne sont pas des victimes et ont choisi de faire ce métier. Ils gagnent plus en une scène qu'en travaillant un mois dans un café et les conditions sanitaires optimales dans lesquelles ils évoluent viennent les conforter dans leur choix. Au cours de toute la série, Sophie tente de « féminiser » la pornographie; d'offrir une alternative au modèle déjà établi. Cette expérience s'avère être un échec et bien que la série date de 2008, cet angle de traitement est toujours d'actualité puisque ce « genre » reste tout de même très conventionnel et que le nombre de femmes derrière les caméras ou dans la production reste infime comparé à celles qui sont devant. Ce qu'on aime aussi, c'est de voir l'évolution des personnages principaux. À la longue, Sophie s'émancipe et gagne en estime de soi. Longtemps cantonnée au rôle de mère de famille, elle revient dans le monde du travail et elle a le potentiel ou la volonté de faire changer les choses. C'est l'idylle qui se développe entre elle et Roy Lapoutre (François Vincentelli), un hardeur au grand cœur qui est particulièrement bien amenée. Comment pourrait-elle le présenter à ses enfants? Comment peut-elle oublier qu'il a couché et couchera avec des milliers de femmes plus pulpeuses qu'elle? Ces questions sont bien amenées et les hauts et les bas de leurs relations retiennent l'attention jusqu'à la fin de la première saison.

Contourner la censure

Sans avoir des chiffres à l'appui, on peut facilement observer que la violence, parfois extrême, est très présente dans les séries américaines et le niveau de tolérance du public est assez grand. En Europe, c'est la sexualité et la nudité qu'on retrouve plus fréquemment dans la fiction. Il serait logique d'affirmer que l'être humain moyen a plus de relations sexuelles dans une vie qu'il ne commet de méfaits violents (vol, meurtre, torture, etc.) alors comment se fait-il qu'au pays de l'once Sam, on soit si prude à ce sujet? Qu'on se souvienne de la décevante série The Client List (Lifetime, (2012- )) dans laquelle une mère de famille célibataire acceptait de donner des massages sexuels pour faire vivre sa famille. Les créateurs eux-mêmes semblaient si mal à l'aise avec le concept principal qu'on n'a jamais su en quoi consistait ce type de massage ni jusqu'où ça allait! Dans Hard, il n'y a pas de violence, de sang ou de combats. Le seul obstacle à un auditoire plus vaste est la sexualité. Par contre, la nudité dans la série n'est pas gratuite et se justifie dans le contexte, tout comme le langage très cru. C'est justement cette franchise qu'on apprécie et qui rend celle-ci plus réaliste.

Le fait qu'elle soit disponible sur le web change aussi la donne. Cette série a été mise en 2012 sur le site Tou.tv, lancé il y a quelques années par Radio-Canada, une télévision d'État. À la suite de certaines critiques, le ministre fédéral conservateur de la culture de l'époque, James Moore, s'était insurgé qu'on retrouve un tel contenu et avait fait pression pour qu'elle soit retirée des ondes. Pendant un temps, Hard n'a été disponible qu'entre minuit et 4 h du matin, pour ensuite disparaitre rapidement du portail. Cet acte de censure à l'égard d'une série qui a beaucoup de potentiel avait quelque chose d'assez choquant. Son (deuxième) retour sur le site de Canal+ est une bonne nouvelle puisque d'une part, le site n'est pas propriété de la Couronne, donc à l'abri des pressions d'un gouvernement en place et d'autre part, est libre de toute contrainte associée au CRTC , puisque ce dernier n'a pas pour mandat de réglementer le Web. En ce sens, l'arrivée d'un nouveau joueur dans la vidéo sur demande francophone est une bonne nouvelle pour les Canadiens, notamment pour la liberté d'expression dont elle jouit.

Un nouveau joueur

Depuis plusieurs mois, Canal+ avait annoncé sa décision de s'implanter au Canada et espérer séduire un public francophone. Le concept est comme Netflix. Pour un abonnement de moins de 10$ par mois, on a accès à des séries, films, documentaires et téléjournaux divers. On a aussi la possibilité, moyennant quelques $ de plus, de visionner des films plus récents. Le contenu est intéressant puisqu'il est en français évidemment, mais européen; nous offrant une alternative aux grands blockbusters américains. Cependant, on déplore qu'il faille payer à la carte pour avoir accès à des nouveautés qui n'en sont pas toutes (par exemple, il y a Populaire, Une affaire royale, De rouille et d'os, Amour : tous des films excellents, mais qui ont été sur les écrans au Québec il y au moins un an). Ce qu'on déplore le plus, c'est l'offre quant aux séries télévisées. Il y en a seulement dix pour le moment et pas très récentes. Comme mentionné, Hard date de 2008 et la série Les revenants est aussi disponible sur Tou.tv et sera diffusée cet hiver sur Artv. Il faudra assurément en faire plus pour nous séduire.

L'arrivée de Canal+ au Canada est peut-être le début d'une nouvelle ère pour le Canada francophone. En s'implantant tout en français sur notre territoire, la compagnie d'outre-Atlantique pourrait forcer Netflix à davantage offrir de contenu francophone (ou en français), ce qui ferait monter la compétition d'un cran, toujours saine pour le téléspectateur. Par contre, dans les deux cas, il faut bonifier un catalogue qui n'est pas assez étoffé.

Bien que pas récente, on perd rapidement le fil du temps en regardant Hard tellement la série est bien écrite. En 2011, une deuxième saison de 12 épisodes a été diffusée en France et une troisième a été annoncée par la chaîne en 2012. Espérons qu'elles seront vite disponibles sur nos écrans!

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