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Casse-tête chinois: ces aventures qui se poursuivent outre-mer

Faire plusieurs suites à un film n'est pas toujours gage de succès, mais ce troisième opus de Klapisch nous permet de renouer avec des personnages auxquels on s'était beaucoup attaché, sans pour autant nous décevoir.
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Casse-tête chinois est le nouveau film de Cédric Klapisch en salles depuis le 25 avril au Québec. Après L'Auberge espagnole (2002) et Les poupées russes (2005), ce film vient clore la trilogie des aventures de Xavier (Romain Duris) alors que 20 ans ses sont écoulés depuis qu'il est allé à Barcelone pour participer au programme Erasmus. Le tout commence à Paris alors que le protagoniste et sa femme Wendy (Kelly Reilly) se séparent. Celle-ci décide d'aller refaire sa vie à New York avec leurs deux enfants et Xavier part les rejoindre. Arrivé dans un nouveau continent où tout est à recommencer, il n'est pas complètement seul puisque sa meilleure amie belge Isabelle (Cécile de France) s'y est aussi installée depuis peu avec sa nouvelle petite amie. Des aventures aussi cocasses que périlleuses attendent toute la bande dans l'une des plus imposantes villes du monde.

Faire plusieurs suites à un film n'est pas toujours gage de succès, mais ce troisième opus de Klapisch nous permet de renouer avec des personnages auxquels on s'était beaucoup attaché, sans pour autant nous décevoir. Ce qu'on apprécie avec Casse-tête chinois (comme les précédents d'ailleurs), c'est le point de vue de Xavier sur une nouvelle culture qui se veut non pas une critique, mais un constat d'un monde et d'une société sans cesse en évolution.

Tourner en rond

Xavier a enfin fait sa place dans le monde de la littérature et ses romans remportent un succès digne de mention. À la maison, c'est un père aimant, mais on ne sent plus la passion entre lui et Wendy. Toujours en contact avec Isabelle, cette dernière désire avoir un enfant et il accepte de lui faire un don de sperme. Lorsque sa femme l'apprend, c'est la goutte qui fait déborder le vase, la rupture s'ensuit et c'est le départ à New York. Bien que ce soit définitivement fini entre eux, il ne peut se passer de ses enfants et décide d'aller les rejoindre. S'il n'est pas complètement sans repères puisqu'Isabelle et sa copine Ju (Sandrine Holt) y vivent aussi, il ne peut travailler sans avoir la citoyenneté américaine et contracte un mariage blanc avec Nancy (Li Jun Li), une Sino-Américaine qui lui devait cette faveur après que Xavier ait secouru de la mort un membre de sa famille dans des circonstances mirobolantes. Entre-temps, c'est Martine (Audrey Tautou), son ex (du premier film...) qui s'invite chez lui à l'improviste avec ses deux enfants. Les anciens amants se rendent compte que tout n'est pas fini entre eux, mais ils vivent dans des pays différents et leurs vies respectives sont tout sauf simples. Mais dans les films de Klapisch, est-ce que ça a déjà été un obstacle valable?

Habituellement dans les trilogies, peu d'années séparent les films si bien qu'on se demande avant d'aller voir Casse-tête chinois si l'intérêt y est encore puisque 11 ans séparent L'Auberge Espagnole de celui-ci. Puis, à mesure que les minutes passent, des scènes des films précédents nous reviennent en tête et on renoue avec le charme des personnages. En même temps, les acteurs, tout comme les protagonistes, ont vieilli, ce qui apporte un point de vue original et réaliste. Finie l'insouciance de leur 20 ans; ils ont une famille et surtout des responsabilités dont ils ne peuvent faire abstraction. Cette fois-ci, Xavier ne va pas à la découverte d'un autre pays; il s'y rend plutôt parce qu'il s'en voit forcé.

Mais a-t-on renouvelé la formule de la trilogie pour autant? Pas vraiment. On est d'abord déçu qu'après seulement quelques minutes du début, ce soit fini entre lui et Wendy. Tout le déroulement dans Les poupées russes concourrait à la consécration de ce couple, si bien que le spectateur a dans un premier temps l'impression de s'être fait avoir et pas besoin d'être très perspicace pour deviner que Klapisch va nous servir le même plat réchauffé, mais avec une (autre) ancienne flamme. Au fond, on ne s'en plaint pas justement parce qu'on aime la recette. Vers le milieu du film, Ju et Isabelle engagent une jeune gardienne (Flora Bonaventura) fraîchement arrivée de Belgique. Isabelle et elle deviennent des amantes avec la complicité de Xavier.

Alors qu'elles sont en plein ébat dans l'appartement de Xavier, ce dernier reçoit un appel des services de l'immigration qui effectue une visite surprise chez eux. C'est Ju, propriétaire de l'immeuble, qui doit leur ouvrir la porte. Alors qu'elle s'y rend, on a droit à une course à la montre puisque Nancy et Xavier doivent s'y trouver pour que la demande de visa soit acceptée et sur les entrefaites, Martine arrive à l'improviste avec l'enfant du couple lesbien qu'elle avait accepté de garder pendant la journée. C'est du déjà vu puisqu'une scène semblable s'était produite dans L'Auberge espagnole entre Wendy, son amant et son petit ami qui était arrivé à l'improviste. Qu'importe; dans les deux cas on a droit à des numéros de slapstick comedy aussi épuisants que mémorables. En plus, ce qu'on adore et retrouve dans tous les films de la trilogie, ce sont ces villes du monde vues à travers les yeux d'étrangers.

Pourquoi pas la Chine?

Après l'Espagne, puis la Russie, les personnages principaux se retrouvent aux États-Unis. De toutes ces destinations, on peut y voir un certain propos social de la part du réalisateur. Dans le premier film, on a droit à un choc des cultures entre étudiants qui personnifiaient dans leur caractère et manière de se comporter leur pays d'origine, soit, issue de l'Europe de l'Ouest (Italie, Allemagne, Angleterre, France, Danemark, Espagne). Dans le deuxième film, on réduit ce nombre à principalement deux personnes (Wendy et Xavier), mais on se promène dans une Europe plus large, ce qui est à l'image de l'Union Européenne qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Avec la Chine qui s'impose jour après jour, il aurait été logique que l'action du dernier film s'y situe non seulement parce que ce pays pourrait devenir la prochaine puissance mondiale, mais aussi parce qu'on aurait eu droit à un vrai dépaysement qui aurait donné mille et une situations cocasses. Pourtant Klapisch en a décidé autrement et se justifie ainsi : «La destination s'est décidée pendant l'écriture du scénario. J'avais un peu dit le titre de Casse-tête chinois en blague, puis il m'a mis sur la piste que ce troisième film ne pourrait pas se situer en Europe. On était obligé d'aller ailleurs pour continuer vraiment le chemin, après le premier film qui parlait de l'Europe et le deuxième des frontières de cette Europe. »

En poussant la réflexion un peu plus loin, il tout à fait logique d'avoir situé l'action aux États-Unis, et encore plus à New York. Durant les 11 années qui séparent le premier film de l'actuel, beaucoup de choses ont changé notamment avec l'évolution sans cesse croissante de l'informatique qui a bon gré mal gré poussé le concept de mondialisation à un taux exponentiel. On a beau prédire que la Chine c'est l'avenir, l'existence même des États-Unis depuis sa naissance est fondée sur l'immigration. New York est le microcosme par excellence de cet état de fait avec ses divers quartiers où se rassemblent les groupes d'immigrants. Ici, les protagonistes vivent en toute liberté en côtoyant plusieurs cultures. Il y a de la place pour les particularismes et chacun peut vivre sa vie comme il l'entend, justement à l'image de cette mondialisation. Pour le moment, la Chine est loin de fournir ce genre de modèle.

En plus des nombreux prix dont 5 Césars, L'Auberge espagnole avait cumulé 3 millions d'entrées au box-office en France et 2,8 millions pour Les poupées russes. Pour sa part, Casse-tête chinois a enregistré 1 million d'entrées après seulement 3 semaines d'exploitation en France. C'est donc dire que la trilogie aura été un succès du début à la fin. Le réalisateur a affirmé avoir bouclé la boucle, mais ne ferme pas définitivement la porte à un quatrième opus. En attendant, c'est au tour du Québec d'assurer une deuxième vie au film, en espérant qu'il soit autant prisé qu'à l'Hexagone.

«Casse-tête chinois», un film de Cédric Klapisch

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