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Le grand méchant Google?

Google est bien plus sous pression qu'il n'y parait. Amazon est le premier choix pour une recherche de produits de grande consommation. De fait, une grande partie du trafic mondial est en train de migrer sur le mobile, où il se déroule en grande partie au sein des appplications
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Pour qui se souvient de l'ère pré-Google, le repoussoir ultime, la "méchante" entreprise, s'appelait Microsoft. Avec son patron milliardaire, sa position ultra-dominante et ses produits pas toujours satisfaisants, Microsoft était dans le viseur des autorités anti-concurrentielles un peu partout dans le monde (et dans celui de ses utilisateurs partout sur le web, comme en témoignent encore des milliers de sites dédiés à des blagues anti-Microsoft). Une image qui permettait à Apple, dans une de ses publicités, de se présenter comme un Jedi luttant contre les forces de l'Empire.

Google (le "géant de Mountain View", comme aime à dire la presse) incarne aujourd'hui pour certains le côté obscur de la Force. Sa position hégémonique en tant que moteur de recherche, son modèle publicitaire, son art de gagner de l'argent en offrant un contenu qu'il ne se donne pas la peine de produire, ses règles changeantes et qui semblent parfois "à la tête du client" : tout concourt à lui valoir une hostilité grandissante.

Les éditeurs de contenu, notamment, considèrent que Google représente un problème dans leur recherche du modèle digital à venir. Les récentes annonces en matière de "rich snippet" accréditent cette thèse : en offrant de plus en plus de réponses directement dans la page de résultat, le moteur de recherche ne capte-t-il pas indument un trafic qui aurait pu, sans lui, se diriger vers les sites ?

Dans son ouvrage Pour tout résoudre cliquez ici (récemment traduit en français), l'essayiste et chercheur biélorusse Evgeni Morozov approfondit cette critique, en lui donnant une assise politique. Reprenant la lecture critique classique du web (capitalisme, share economy, libéralisme, société de la surveillance ...), Morozov attire avec justesse l'attention sur l'écueil de l'"internet-centrisme" et du "solutionnisme" (cette idéologie qui veut voir dans l'Internet la solution à tous nos maux). Regrettons simplement qu'il ne parvienne pas, lui, à éviter celui du manichéisme.

Pourtant, comme l'a rappelé justement Eric Schmidt (le Président de Google) lors d'une conférence à Berlin la semaine dernière, Google n'est pas réellement en situation de monopole au sens où on entend le terme en théorie économique. Les utilisateurs sont en effet libres d'utiliser Google ou non, et les concurrents ont des atouts non négligeables. Il suffit d'essayer la recherche d'image sur Bing pour prendre conscience du niveau concurrentiel intense en matière de moteur de recherche.

De plus, les moteurs de recherche sont tendanciellement de moins en moins la porte d'entrée sur le web. Les arguments donnés par Eric Schmidt à Berlin doivent d'ailleurs nous interpeller : certains sites de presse ne reçoivent que quelques pourcents de leur trafic via Google (ils sont en favoris, ou alors les utilisateurs tapent leur url directement). Le reste provient de ces nouvelles rampes d'accès à l'info que sont les médias sociaux. A tel point que certains ont pu prédire "la mort de Google" et du search, au profit du share et du discover, formes d'accès plus en phase avec les nouveaux comportements.

Google est donc bien plus sous pression qu'il n'y parait. De fait, Amazon est le premier choix pour une recherche de produits de grande consommation. De fait, une grande partie du trafic mondial est en train de migrer sur le mobile, où il se déroule en grande partie au sein des apps... Et les derniers résultats publiés par Google témoignent bien d'un ralentissement sans précédent de son activité, même si les profits restent solides.

En mettant l'accent sur ses compétiteurs pour éviter des poursuites, Eric Schmidt a peut-être dévoilé imprudemment la fragilité réelle de son modèle. Un modèle condamné à proposer toujours plus d'innovation, sous peine de rejoindre Myspace et Second Life, au cimetière des anciennes gloires...

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