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Les signes ostentatoires, le heavy métal et les punks

Certaines personnes se définissent par rapport à leur religion, d'autre par leur travail, d'autres par leurs goûts musicaux. Pourquoi est-ce qu'une personne qui se définit comme «punk» ou «métalleux» n'aurait pas les mêmes «droits» vestimentaires qu'une personne qui pratique une religion? Est-il possible que pour certains leur passion musicale soit aussi importante dans leur vie que la passion religieuse d'un autre?
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Depuis le début des débats sur la Charte, un des arguments principaux des personnes portant ces signes religieux ostentatoires est qu'il leur est impossible de retirer ces symboles, car ils représentent leur foi, que leur foi le leur interdit ou que ce symbole est une partie importante de qui ils sont.

Certaines personnes se définissent par rapport à leur religion, d'autre par leur travail, d'autres par leurs goûts musicaux. Pourquoi est-ce qu'une personne qui se définit comme «punk» ou «métalleux» n'aurait pas les mêmes «droits» vestimentaires qu'une personne qui pratique une religion? Est-il possible que pour certains leur passion musicale soit aussi importante dans leur vie que la passion religieuse d'un autre?

Il est évident qu'un signe religieux est habituellement indissociable de la religion qui l'a vu naître. Il est aussi évident que plusieurs adeptes de cette religion vont revendiquer le droit ou le devoir de porter ce symbole, souvent parce que ces adeptes se définissent en premier lieu comme adepte d'une religion et membre d'une collectivité en second lieu. Pour certains d'entre eux, il est plus important de faire partie de leur petite communauté que de faire partie de l'ensemble humain plus grand. Cette manière de se définir est primordiale. Mais cette façon de se marginaliser n'est pas limitée aux personnes croyantes... mais elle est la seule protégée par les droits et libertés.

Parlons pour parler. Imaginez quelqu'un qui passe tout son temps en train d'écouter du heavy métal, qui dépense tout son argent, prend ses vacances pour suivre ses bands préférés (ce qui pourrait très bien ressembler à des pèlerinages), il possède aussi des gilets, des colliers représentant ses groupes favoris, il fait même partie d'un groupe de garage qui reprend leurs meilleurs succès... Bref, il se définit comme un «métalleux» adepte de tel ou tel groupe... C'est la chose la plus importante dans sa vie. Mais pourtant, nous n'avons absolument aucun problème à lui demander de laisser son chandail de Slayer ou Canibal Corpse chez lui lorsqu'il va travailler à la SAQ, au ministère du Revenu ou à la Société des transports de Montréal.

Ce n'est pas pareil vous aller me dire... ce n'est pas une religion. Vous illustrez bien tout le problème. Dès que l'on invoque la sacro-sainte religion, soudainement plusieurs «nouveaux» droits apparaissent comme par magie. «Mais ma religion est importante pour moi, elle définit ma vie!» Et la musique pour lui? Pour lui, elle est aussi importante dans sa vie que la religion l'est pour toi. On ne peut pas savoir si Dieu existe ou s'il n'existe pas. C'est une question de foi. La foi, tout comme la passion de la musique, certains l'ont, d'autre pas. Alors pourquoi la société aurait le droit de dire que la passion pour sa foi et la passion pour un type de musique ce n'est pas comparable. Pour les gens qui ont cette passion, c'est ce qui définit leur vie. Malheureusement, présentement, c'est deux poids, deux mesures. La religion est dans une case à part.

Pour donner un autre exemple, j'ai des amis qui se définissent comme «punks», ils portent leur bummer (manteau court de toile doublé ) qu'ils ont «patché » eux-mêmes depuis les 10 dernières années de dizaines de morceaux de tissus représentant leurs groupes de musiques, leurs idéaux sociaux, tout ça fait à la main. Le matin, ils passent une demi-heure à refaire leur mohawk. Pourtant personne ne broncherait si un superviseur de départements demandait à l'un d'eux de retirer leur bummer ou de «laisser faire le crêpage de cheveux» et de tout simplement de les attacher en couette. Plusieurs d'entre eux savent très bien qu'ils s'excluent eux-mêmes de certains emplois parce qu'ils ne veulent pas changer leur apparence. Mais eux, ils l'assument très bien. Si un «punk» ne veut pas enlever son mohawk pour travailler il est intransigeant, voir-même, irresponsable, alors que de ne pas vouloir enlever son signe religieux serait, par contre, tout à fait normal.

La liberté de religion n'est-elle pas la même chose que la liberté d'expression? Sinon... a-t-elle vraiment préséance sur cette dernière? Comment la société fait-elle pour mettre les balises de ce qui est «essentiel» pour un et facultatif pour d'autres?

Dans les faits, bien peu de choses sont essentielles: manger, respirer, se vêtir, se loger, être aimé ou apprécié (et même là, pour certains, cela ne semble pas essentiel). Le fait de croire en Dieu ou de faire partie d'une religion n'est pas du tout essentiel à l'existence humaine... Certains vous diront que c'est un gros plus, mais il n'en reste pas moins que plusieurs mènent des vies très saines sans croire à Dieu, sans écouter de la musique et cela rendent c'est choses, par conséquent, facultatives à l'existence humaine.

Alors, pourquoi ne pas être égaux pour tous? De laisser ce qui est propre à chacun (religions, convictions politiques, goûts musicaux) à la maison lorsque l'on travaille pour un état neutre. C'est le seul moyen de respecter chacun dans ses croyances, convictions, car sinon, nous ne faisons que hiérarchiser les passions de chacun, et ça, c'est la meilleure façon pour que plusieurs se sentent exclus. Et si certains, à l'instar de mes amis «punk» ne veulent absolument rien changer de leur apparence et de ce dont ils projettent lorsqu'ils sont au boulot... et bien, ça restera leur choix et leur choix c'est leur affaire et non la mienne, mais ils ne peuvent pas non plus l'imposer à tous.

Il est souvent dit qu'afin d'éviter des débats, il est mieux de ne pas parler de politique ou de religions, même en famille. Il est déjà impossible d'afficher son appartenance politique, il ne reste plus qu'à cesser d'afficher son appartenance religieuse.

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