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Je voterai pour François Fillon même si je ne l'aime pas

Le choix entre Macron et Fillon est un pari. Comme, dans tout pari, il convient d'évaluer sereinement les probabilités.
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À quelques jours de l'élection présidentielle, il est temps de faire enfin preuve de cette rationalité qui a tant fait défaut depuis le début de la campagne.

Deux candidats se présentent avec des programmes susceptibles de faire évoluer le pays, à des degrés divers, dans ce qui semble être le bon sens: François Fillon et Emmanuel Macron. Je serais tenté de voter pour le candidat le plus sympathique des deux, Emmanuel Macron, même si son programme est moins ambitieux. Et pourtant je vais voter pour François Fillon, sans hésiter. Pourquoi?

Pour pouvoir appliquer son programme, le futur président a besoin d'une majorité à l'Assemblée nationale. Or, la probabilité pour que François Fillon dispose d'une telle majorité est très nettement supérieure à celle de la majorité dont pourra bénéficier Emmanuel Macron. En effet, le parti Les Républicains est bien implanté localement, comme l'ont montré les dernières élections territoriales, et il est très vraisemblable que si Fillon est élu, les députés Républicains et leurs alliés de l'UDI seront majoritaires à l'Assemblée nationale: le pays est majoritairement à droite et les «affaires» n'atteignent guère les députés.

En revanche, on voit mal de quelle majorité stable pourra disposer Emmanuel Macron s'il est élu. Il est très peu probable que de tout nouveaux députés d'En marche! soient élus en nombre suffisant pour constituer à eux seuls une majorité: qu'on le regrette ou qu'on s'en réjouisse, les députés actuels sont bien implantés localement et il ne sera pas facile à de nouveaux arrivants de convaincre un électorat qui ne les connaît pas, à l'exception peut-être de certains électeurs de gauche déçus par le Parti Socialiste.

Du coup, au pire (pour Macron) la droite et le centre seront majoritaires et nous aurons un gouvernement de cohabitation, ce qui n'est guère favorable pour réaliser des réformes. Au mieux (pour Macron), il n'y aura pas de majorité stable et il devra tenter de composer une majorité de coalition entre les nouveaux députés d'En Marche! et quelques autres, de la gauche au centre droit. Non seulement il sera difficile de définir des réformes (comme celle du Code du travail) avec une telle majorité, mais cette majorité sera instable et susceptible de se dissoudre aux premiers signes de crise, en particulier quand les réformes feront descendre les mécontents dans la rue, ce qui ne manquera pas d'arriver d'autant que les opposants aux réformes seront conscients d'avoir en face d'eux un gouvernement qui dispose d'une majorité fragile.

Dans ces conditions, voter pour Emmanuel Macron constituerait un pari avec une forte probabilité qu'il ne se passe rien d'important pendant cinq ans.

Dans ces conditions, voter pour Emmanuel Macron constituerait un pari avec une forte probabilité qu'il ne se passe rien d'important pendant cinq ans. Quelle que soit l'absence d'empathie que l'on peut éprouver envers la personne de François Fillon, quelles que soient les craintes que l'on peut formuler sur sa capacité à mettre en œuvre son programme de réformes, la probabilité de voir les choses avancer s'il est élu me semble importante, d'autant que son programme est plus ambitieux que celui d'Emmanuel Macron et qu'il disposera donc de marges de manœuvre appréciables pour en mettre en œuvre une partie au moins - ce qui ne sera pas le cas d'Emmanuel Macron.

On peut penser aussi que François Fillon aura de la difficulté à faire accepter des réformes douloureuses alors que sa propre autorité morale est entamée. Ce n'est pas faux. Mais Emmanuel Macron, avec son image de banquier mondialiste, n'est guère avantagé non plus à cet égard. L'argument de l'autorité morale ne permet pas de séparer les deux candidats.

Au total, le choix entre Macron et Fillon est un pari. Comme, dans tout pari, il convient d'évaluer sereinement les probabilités. En faisant fi de tout élément émotionnel et subjectif, il me semble que la seule raison conduit un électeur soucieux de voir la France se réformer à voter, sans hésiter, pour François Fillon.

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