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Être nationaliste ne signifie pas nécessairement être indépendantiste.
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Aucun parti politique au Québec ne peut aspirer à diriger le gouvernement sans incarner le nationalisme québécois. Être nationaliste ne signifie pas nécessairement être indépendantiste. La très grande majorité des Québécois francophones sont d'ailleurs nationalistes. Ils ont été nationalistes bien avant l'émergence, au cours des années 1960, du mouvement indépendantiste. Toutefois, un indépendantiste est nécessairement un nationaliste, et il aimerait, sans doute, que tout nationaliste soit indépendantiste.

Mais qu'est-ce que le nationalisme québécois?

Le politologue Léon Dion a analysé cette question, au milieu des années 1980, à partir des contributions de nombreux auteurs et de ses propres réflexions dans «Québec, 1945-2000, Tome 1, À la recherche du Québec»*. Il retient «dignité blessée», mots empruntés à André Laurendeau, comme «...la composante majeure de tous les nationalismes que le Québec a connus : la représentation de l'autre non seulement comme le plus fort, mais surtout comme s'appliquant par plaisir à humilier le plus faible, voilà l'ingrédient qui constitue le principal ferment du nationalisme québécois.» (pages 113 et 114). Cette «dignité» a particulièrement été «blessée», selon moi, lorsqu'il est devenu évident que l'Accord du lac Meech ne serait pas ratifié, ce qui a contribué à ce qu'une majorité de francophones votent «Oui» au référendum de 1995.

Le professeur Dion signale que le nationalisme québécois ne se limite pas à la langue et à la culture «...il s'étend à toutes les instances sociales. La démographie, les classes sociales et la politique agissent de façon plus ou moins directe sur notre sentiment national. On peut dire du nationalisme qu'il se nourrit de la société entière.» (page 112). Quoi de surprenant alors à ce que ces années-ci l'affirmation nationale prenne la forme d'un débat large et maintes fois controversé sur les valeurs québécoises et la nécessité ou non de les enchâsser dans une charte.

À ceux qui s'inquiètent de la disparition du nationalisme d'ici, Monsieur Dion offre ceci : « Parfois, on le dirait en déclin, mourant de mort lente ou presque, mais ce n'est là qu'une ruse de l'histoire; on le croirait à l'agonie et soudainement un événement survient qui le ranime.» (page 112)

Ce politologue s'est aussi interrogé sur l'avenir du nationalisme : « Le nationalisme québécois n'est pas mort. Il est en pleine mutation : une mutation due en partie au fait que le Québec est maintenant ouvert sur le plan international et en partie au fait que ses assises se diversifient au point où les gens d'affaires, cette nouvelle classe montante, pourraient bien dans les années prochaines devenir les hérauts d'une toute nouvelle conception de la société et, par conséquent, du patriotisme québécois.» (page 128). Ce passage avait quelque chose de prémonitoire puisque, aujourd'hui, un homme d'affaires est le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) et l'éventuel sauveur du Parti québécois (PQ), et de son option indépendantiste, pourrait bien, lui aussi, provenir du monde des affaires.

En conclusion, cette analyse du nationalisme, bien qu'elle fut rédigée il y a près de 30 ans, demeure utile et éclairante au moment où les partis politiques au Québec cherchent encore à présenter aux citoyens ce qui les démarque l'un de l'autre dans leurs programmes respectifs pour répondre aux aspirations nationales des Québécois. Sa lecture permet d'aller au-delà de l'actualité et de l'éphémère, et de mieux comprendre d'où l'on vient pour mieux envisager où l'on souhaite aller.

*DION, Léon. «Québec 1945-2000, Tome 1, À la recherche du Québec». Les presses de l'Université Laval, 1987. Pages 109 à 129.

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