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Bientôt mort le Bitcoin? 

Si j’étais vous, j’éviterais de prédire la mort du Bitcoin, car selon «Bitcoin Obituaries» la dangereuse cryptomonnaie a déjà été déclarée morte 245 fois depuis son apparition en 2009.
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Récapitulons... Selon Simon Poirier, un candidat au Doctorat en Sciences politiques à Queen's University, le Bitcoin serait un instrument pyramidal, purement spéculatif, sans valeur fondamentale, représenterait une plaie pour l'environnement et servirait essentiellement au crime organisé. Son billet d'opinion paru récemment dans Le Devoirexpose tristement les stéréotypes accolés à ce phénomène technologique émergent.

Un système pyramidal?

Il faut comprendre que le Bitcoin est tout le contraire d'un système pyramidal. C'est une infrastructure informatique décentralisée et ouverte fonctionnant sur un ensemble de règles cryptographiques. Tel un courriel, il est désormais possible d'échanger des actifs d'une personne à l'autre sans tierce partie, dans un réseau libre, neutre, inviolable et résistant à la censure des États autoritaires. À terme, le Bitcoin et ses pairs seront au secteur bancaire et financier ce que le MP3, Napster et BitTorrent (réseau pair à pair d'échange de fichiers) ont été à l'industrie de la musique. Christine Lagarde du FMI a d'ailleurs prévenu les dirigeants du grand potentiel de rupture que représentent les cryptomonnaies lors d'une conférence à la Banque d'Angleterre en septembre 2017.

Un actif purement spéculatif?

Précisons que le Bitcoin est l'arbre qui cache la forêt. En effet, il existe près de 1500 actifs cryptographiques représentant une capitalisation totale de 567 milliards (USD) Le volume d'échange quotidien de Bitcoin, principal point d'entrée de l'écosystème, se maintient présentement autour de 8 milliards de dollars (USD). Une grande partie de ces mouvements de capitaux sont des investissements de particuliers dans des projets innovants basés sur la chaîne de blocs (blockchain). Nous assistons à une démocratisation de l'investissement en capital de risque (Venture Capitalist) dont le petit investisseur était traditionnellement écarté.

Nous assistons à une démocratisation de l'investissement en capital de risque (Venture Capitalist) dont le petit investisseur était traditionnellement écarté.

Pas de valeur fondamentale?

Si l'on souhaite se projeter dans une économie post-industrielle, un changement de conception du monde est nécessaire. La valeur fondamentale d'une technologie ou d'un réseau s'exprime autrement que pour les actifs matériels. Pour mieux saisir l'idée, pensons à une œuvre d'art, à des connaissances ou aux lignes de code informatique qui valent bien davantage que les supports physiques qui les portent. Il est encore difficile d'estimer toute la valeur de la nouvelle classe d'actifs que représente le Bitcoin. Pour nous aider, Robert Metcalfe, l'homme à l'origine du protocole Ethernet, a établi une loi théorique et empirique qui dit que la valeur d'un réseau est proportionnelle au nombre de ses utilisateurs. La quantité grandissante d'adhérents confère donc au Bitcoin une partie de sa valeur. Aussi, par sa rareté et sa sécurité totale une partie du monde de la finance voit déjà le Bitcoin comme une valeur refuge idéale en cas de turbulences économiques, une sorte d'or 2.0.

L'outil idéal pour le crime organisé?

Les activités moralement discutables n'ont certainement pas pris naissance avec l'avènement du Bitcoin. Actuellement, la vente d'armements s'effectue avec les monnaies nationales, tandis que les institutions financières bien établies alimentent les paradis fiscaux sans utiliser la cryptomonnaie. À vrai dire, il faut être sot pour recourir au Bitcoin lors de transactions illégales, car la nature du protocole fait en sorte que toutes les transactions sont signées et inscrites dans un registre public infalsifiable, immuable et accessible par tous en trois clics de souris. Affirmer que «son utilisation n'a jamais pris racine en dehors des cercles du crime organisé du Web profond» est soit intellectuellement malhonnête, soit soutenu par un manque d'information.

Affirmer que «son utilisation n'a jamais pris racine en dehors des cercles du crime organisé du Web profond» est soit intellectuellement malhonnête, soit soutenu par un manque d'information.

Un danger pour l'environnement?

Une nouvelle technologie semble énergivore jusqu'à ce qu'on se rende compte des activités encore plus énergivores qu'elle tente de remplacer à long terme. Grâce au potentiel des cryptomonnaies, la création et le transport des monnaies fiduciaires, les guichets automatiques, les réseaux transactionnels des banques, et les centres de détection de fraude pourraient disparaître plus vite qu'on le croit. Ce qui au final, laisserait un bilan énergétique positif.

Également, il faut savoir que les cryptomonnaies de nouvelle génération s'orientent vers une autre méthode de validation des transactions nommée «preuve d'enjeu» (ou «Proof-of-Stake») qui est beaucoup plus efficiente que le minage («Proof of work»). Bitcoin pourrait potentiellement suivre une telle voie. L'aspect énergivore est donc un passage transitoire.

Bientôt mort le Bitcoin?

Il n'y a pas si longtemps, des experts plutôt conservateurs déclaraient que les ordinateurs personnels n'avaient aucun avenir et qu'Internet serait trop chaotique pour être utile. Or, l'histoire nous a appris que l'adoption des technologies peut évoluer à une vitesse exponentielle. Aussi, si j'étais vous, j'éviterais de prédire la mort du Bitcoin, car selon «Bitcoin Obituaries» la dangereuse cryptomonnaie a déjà été déclarée morte 245 fois depuis son apparition en 2009.

Avril 2018

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