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Je suis féministe. Totalement, et je l'assume. Pour moi, pourtant, Me Anne-France Goldwater, qui se pose comme un emblème du féminisme, représente exactement ce qui ne va pas dans le mouvement.
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Jusqu'à cette semaine, j'étais d'avis qu'on pourrait difficilement trouver plus incompétent que Denis Coderre comme maire de Montréal. Entre ses coups de gueule irréfléchis, son one-man show continuel, ses selfies et ses décisions stupides, je me disais qu'on ne serait guère plus mal lotis si je ramassais le premier quidam venu pour le mettre à sa place.

La sortie de Me Anne-France Goldwater, cette semaine, m'a fait changer d'avis.

Sur le fond, Goldwater n'a pas tout à fait tort, sauf lorsqu'elle soutient que c'est un motif de démission. La photo avec le maire de Téhéran était sans doute malhabile d'un point de vue politique, mais la chose était difficile à éviter, puisqu'il s'agissait de l'homme qui les recevait. Ceci dit, comme dans la plupart de ses sorties, Me Goldwater n'a pas tardé à revenir à ses vieilles habitudes et à déraper complètement.

Goldwater est une femme intelligente. Peu sympathique, et pas spécialement éclairée sur nombre de sujets à mon avis, mais intelligente. Son problème, c'est qu'une fois lancée, elle n'a plus le moindre filtre. D'annoncer qu'elle réfléchissait avant de parler était déjà une nouvelle en soi, mais la mairie de Montréal? Soyons sérieux...

Pour te lancer en politique, déjà, ça aide d'avoir une expérience quelconque de la chose, mais bon... Si Mélanie Joly peut être ministre de la Culture, je ne vois pas ce qui empêcherait l'avocate de s'essayer. D'ailleurs, elle a coupé nombre de fois la parole à la seule femme de pouvoir qui se trouvait sur place, alors que comme féministe, elle aurait dû la mettre en valeur. De plus, si Goldwater se lançait, ça aurait au moins le mérite d'éliminer une très mauvaise émission de télévision des ondes, qui vacille entre la comédie et le ridicule le plus pur.

Je la regardais aller, à Tout le monde en parle, et je pensais à Donald Trump, qui a passé sa campagne à rattraper les déclarations désastreuses sorties depuis des années de la fosse septique qui lui sert de bouche. Est-ce que Me Goldwater s'imagine réellement que ses opposants, et les médias, ne lui réserveraient pas le même sort?

Parce que des conneries, elle en sort, la dame, et des gratinées.

Je suis féministe. Totalement, et je l'assume. Pour moi, pourtant, cette femme, qui se pose comme un emblème du féminisme, représente exactement ce qui ne va pas dans le mouvement. De l'entendre dire, très sérieusement, que les hommes servaient à une chose, mais pas à grand-chose, à TLMP, m'a renversé. Sans parler de faire vivre les femmes ensemble pour laisser les hommes aller se faire massacrer dans la jungle...

Pour cette femme, l'homme n'est pas un égal. Il est inférieur. Nombre de ses déclarations, au fil des ans, l'ont laissé entendre.

Cette femme n'est pas féministe. Elle est sexiste. Pour moi, c'est l'équivalent du gros mononcle cochon qui fait des blagues vaseuses sur les femmes, dans vos partys de famille. Pourquoi on lui donne quelque visibilité que ce soit, en premier lieu, est un mystère pour moi. Elle est avocate, comme des milliers d'autres en ville, et ne présente strictement rien qui justifie de passer à la télévision, et encore moins de lui donner une émission. Même la Cour des petites créances, qui passait jadis à la télé, était cent fois plus crédible que l'Arbitre...

Le niveau du journalisme, au Québec, n'ayant cessé de dégringoler depuis des années, on lui offre pourtant des pages couverture à la pelletée, comme c'était le cas du JDM samedi, sans autre raison que de faire la promotion de sa biographie.

Une biographie, d'ailleurs? Mais pourquoi? Quel intérêt? Me Goldwater n'est pas une vedette. Elle n'a rien accompli, dans sa vie, qui sorte de l'ordinaire au point d'en faire un livre. Est-ce que j'ai réellement besoin de me l'imaginer, à treize ans, en train de se taper un prof qui faisait le double de son âge? Seigneur non! J'ai repensé, en apprenant qu'elle en sortait une, aux cruches de téléréalités qui ont fait de même... D'ailleurs, ce n'est pas aux enflés qui croient leurs vies si intéressantes qu'il faut s'en prendre, dans ce cas, mais aux éditeurs prêts à publier n'importe quel fond de poubelle pour faire du fric...

Ce n'est pas qu'elle pense se lancer en politique, qui me choque. Elle ne le fera pas. C'est une basse campagne pour faire de la pub à son bouquin. C'est clairement sa personnalité qui me dérange. Sa suffisance incroyable. Pour cette femme, l'homme n'est pas un égal. Il est inférieur. Nombre de ses déclarations, au fil des ans, l'ont laissé entendre. Et vous essaierez de remporter la mairie sans le vote des hommes, chez qui elle ne doit pas compter trop de supporters...

Me Goldwater est loin d'être idiote. Elle sait très bien qu'elle n'aurait pas la moindre chance d'être élue.

Bref, tout ça ressemble fort à un stunt bas de gamme pour vendre de la copie. Bien bas et bien minable...

Je vais néanmoins profiter de cette tribune pour apprendre à la dame que certains hommes respectent les femmes. Grandement. Que malgré sa suffisance et ses commentaires sexistes, nous ne pensons pas que toutes les féministes soient des chieuses finies prêtes à s'emparer de la première tribune pour cracher leur venin sur le sexe opposé. Qu'il existe des hommes, à vingt-cinq ans, qui ne portent plus de couches, sont responsables, et bien plus matures que quelqu'un capable d'aller avancer une telle idiotie devant plus d'un million de personnes. Il existe également des hommes délicats, sensibles, et cohérents. La cohérence, vous savez? Comme de ne pas aller donner raison à une femme à l'émission la plus écoutée avant d'aller finalement défendre son mari en cour? Ne vous en déplaise, madame, il existe des foyers égalitaires, et où les hommes font la moitié de la tâche. Peut-être devriez-vous cesser ces généralisations grossières et vous contenter de pérorer devant un juge (un vrai, là, pas une imitation télévisuelle...) Peut-être devriez-vous laisser les médias aux gens qui ont réellement quelque chose à dire.

Bref, ces hommes, dont je fais partie, existent, et grâce à vous, nous avons au moins un point en commun avec les caricatures d'hommes qui, comme vous tentez de nous le faire croire, peuplent notre société:

Nous en avons vraiment plein le dos de vous voir nous cracher dessus.

À bon entendeur...

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