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États-Unis: salaire minimum, l'heure de la redistribution?

Si chaque État américain fixe son salaire minimum, aucun ne doit cependant être inférieur au salaire fédéral fixé par Washington, et non ajusté de l'inflation. Le projet de Barack Obama vise à nettement revaloriser le seuil actuel de 7,25$ pour atteindre 9$ en 2015, puis de l'indexer sur l'inflation. Le président américain a notamment mis l'accent sur la faiblesse absolue du niveau actuel, qui ne permet pas à une famille moyenne (2 enfants) de dépasser le seuil de pauvreté.
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In this Feb. 13, 2013 photo, President Barack Obama speaks to workers and guests at the Linamar Corporation plant in Arden, N.C. Obama says raising the minimum wage to $9 an hour and tying future increases to inflation will raise the incomes of millions living in poverty and spur job growth. Business groups are not so sure. They complain that boosting the federal rate from $7.25 an hour would discourage employers from hiring new workers, hurting the very people Obama aims to help. (AP Photo/Chuck Burton)
AP
In this Feb. 13, 2013 photo, President Barack Obama speaks to workers and guests at the Linamar Corporation plant in Arden, N.C. Obama says raising the minimum wage to $9 an hour and tying future increases to inflation will raise the incomes of millions living in poverty and spur job growth. Business groups are not so sure. They complain that boosting the federal rate from $7.25 an hour would discourage employers from hiring new workers, hurting the very people Obama aims to help. (AP Photo/Chuck Burton)

Principale surprise du "State Of The Union speech" de Barack Obama le 13 février, l'évocation d'une hausse progressive du salaire horaire fédéral minimum de 7,25 dollars à 9 dollars (+24%) provoque d'ores-et-déjà un vif débat outre-Atlantique.

Pour rappel, si chaque État américain fixe son salaire minimum, aucun ne doit cependant être inférieur au salaire fédéral fixé par Washington et non ajusté de l'inflation.

Actuellement la plupart des États ont des niveaux proches du seuil fédéral de 7,25$ US.

Graphique 1: Salaire minimum par Etat - source Washington Post

Le projet de Barack Obama vise à nettement revaloriser le seuil actuel de 7,25$ pour atteindre 9$ en 2015, puis de l'indexer sur l'inflation. Le président américain a notamment mis l'accent sur la faiblesse absolue du niveau actuel, qui ne permet pas à une famille moyenne (2 enfants) de dépasser le seuil de pauvreté. Si le salaire minimum a légèrement progressé sur la décennie écoulée, il reste effectivement très bas historiquement et d'autant plus en relatif avec les revenus des ménages les plus aisés.

Graphique 2: évolution du salaire fédéral minimum - nominal et corrigé de l'inflation

Les premières réactions du patronat et du camp républicain, majoritaire au Congrès, sont évidemment très hostiles. Elles évoquent notamment l'impact potentiellement négatif sur le niveau d'emploi (notamment des jeunes sans diplômes) et sur le niveau de compétitivité des entreprises.

Ces critiques, classiques sur ce thème, semblent néanmoins plus difficilement audibles dans le cas des États-Unis.

Tout d'abord, la hausse du salaire minimum impacterait aujourd'hui principalement des emplois de services peu-qualifiés et surtout non-délocalisables (restauration, logistique, nettoyage...).

Ensuite, il faut remettre une telle mesure dans un contexte économique plus large. D'une part les écarts de revenus n'ont cessé d'augmenter depuis 30 ans pour atteindre des extrêmes injustifiables (cf les travaux des économistes Thomas Piketty et Emmanuel Saez).

Graphique 3: évolution de la part des 1% les plus riches dans le total des revenus - source : The Economist

Graphique 4: coefficient de GINI (0=égalité parfaite / 1 inégalitié totale - source : The Economist)

D'autre part, la répartition de la valeur ajoutée entre entreprises et salariés s'est elle aussi constamment déformée au détriment des derniers nommés.

Graphique 5: évolution de la productivité et du salaire moyen aux Etats-Unis - source NYT

La suggestion de Barack Obama apparaît donc comme une juste tentative de rééquilibrage des richesses au profit des salariés de la classe moyenne. Elle arrive en outre à un moment où les grandes entreprises américaines peuvent assumer cette redistribution.

Elles bénéficient actuellement de niveaux de marges records, des réserves de cash colossales et de coûts énergétiques en baisse durable (boom gazier et pétrolier). Les grands groupes privés de service employant beaucoup de travailleurs peu qualifiés (McDonalds, Starbucks,...) ont donc les moyens d'encaisser une telle hausse sans mettre en péril leur rentabilité. Tout juste auraient-elles un tout petit moins de cash à consacrer à des politiques de rachats d'actions qui se multiplient ces derniers mois, à défaut d'investissements...

Si le cas des petites PME prête sans doute à plus de discussions et d'aménagements, redonner du pouvoir d'achat aux salariés les moins favorisés pourrait en outre s'avérer une excellente nouvelle pour soutenir une consommation qui représente toujours plus de deux-tiers du PIB américain.

Le discours d'Obama sur l'état de l'Union

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