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Ces films que nous ne verrons pas en salles...

L'objet de ce texte est simplement de rappeler un fait important au lecteur cinéphile: quel que soit le nombre de festivals que vous fréquentez, quel que soit le nombre de films que vous visionnez en salle, n'oubliez pas de jeter un regard attentif sur les sorties DVD / VOD...
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Comme tout bon cinéphile qui se respecte, je considère qu'un film doit être vu au cinéma. Bien évidemment, les modes de diffusion alternatifs sont essentiels. Ils permettent aux étudiants ou aux chercheurs d'analyser en profondeur les films qu'ils étudient, donnent la possibilité aux jeunes cinéphiles de découvrir facilement les chefs-d'oeuvre d'hier, permettent aux personnes habitant dans certaines régions ou souffrant de handicaps de suivre l'évolution du cinéma mondial... Je ne cracherai donc ici ni sur la VOD ni sur les DVD ou Blu-ray, mais je dois avouer craindre que ces moyens alternatifs de diffusion ne deviennent de plus en plus la norme pour des films qui auraient mérité d'être découverts dans nos salles.

L'objet de ce texte n'est pas d'essayer de lire dans ma boule de cristal pour dire comment les choses vont évoluer, mais simplement de rappeler un fait important au lecteur cinéphile: quel que soit le nombre de festivals que vous fréquentez, quel que soit le nombre de films que vous visionnez en salle, n'oubliez pas de jeter un regard attentif sur les sorties DVD / VOD (souvent simultanées... mais il ne semble pas y avoir encore de règle clairement établie). Notre circuit de diffusion étant ce qu'il est, de trop nombreux films se voient attribuer l'étiquette «directement en DVD»... parfois sans même être passés par la case «festival montréalais» (qui proposent pourtant un nombre extravagant de films).

Avant de citer quelques films auxquels il serait bon de porter un intérêt particulier même s'ils n'ont pas été honorés par une sortie en salle (et donc, n'ont pas bénéficié de la couverture médiatique et du suivi critique qu'ils auraient mérités), je tiens tout de même à souligner l'attitude de certains distributeurs à l'égard des amoureux des salles obscures. De nombreux films se voient attribuer une date de sortie avant de disparaître des radars pour réapparaître quelques semaines plus tard directement en DVD dans l'indifférence générale. Ce fut par exemple le cas pour Blood Ties (VVS), le film de Guillaume Canet en compétition lors du dernier festival de Cannes, que l'on aurait dû découvrir il y a quelques semaines, mais qui sortira finalement au Québec directement en DVD au mois de juin. Joe (Séville), de David Gordon Green, est également de ceux-là. S'il est beaucoup question de ce dernier film et de son acteur principal Nicolas Cage en ce moment dans les médias français (le film est sorti en France fin avril et a bénéficié d'une critique globalement positive), Joe a également disparu mystérieusement du calendrier des sorties québécoises pour être intégré à celui des sorties DVD. Dans les deux cas, nous n'avons même pas eu droit à une projection festivalière à Montréal: pour eux, ça sera un petit écran ou rien!

Lorsqu'on voit que des films réalisés par des metteurs en scène reconnus, sélectionnés dans des grand festivals (Joe était en compétition à Venise) et jouissant d'un casting impressionnant (Clive Owen, Marion Cotillard, Mila Kunis et Zoe Saldana, pour ne citer qu'eux , figurent au générique de Blood Tie) se voient interdits de salles, on comprend que d'autres n'aient aucune chance.

Parmi les films ayant connu ce sort cette année, j'ai envie de vous conseiller très fortement le visionnement de trois films dont il n'a probablement pas été assez question dans les médias: Blue Caprice (Métropole) d'Alexandre Moors, Ain't Them Bodies Saints (VVS) de David Lowery et The Selfish Giant (Métropole) de Clio Barnard. Si ces trois films, qui auraient pourtant tous pu prétendre à une place dans les palmarès de fin d'année, ont le tort d'être réalisés par des cinéastes peu connus, d'autres handicaps semblent être tout aussi problématiques.

We are what we are (Séville), de Jim Mickle, avait celui d'être à la fois un film de genre et un film d'auteur. Le réalisateur fait pourtant partie de ceux qui pourraient permettre au cinéma de genre de sortir de son ghetto... mais ce n'est pas avec des sorties DVD ou VOD que cela va se produire (nous pourrions faire la même remarque pour Blue Ruin (Séville) de Jeremy Saulnier, projeté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes l'an dernier et lauréat du Prix de la FIPRESCI, initialement prévu en salle en mai et depuis disparu du calendrier des sorties...)

Pour sa part, How I live Now (Séville), de Kevin Macdonald, avait peut-être le handicap d'être perçu par les uns comme un film pour ados et par les autres comme un film sur les ados! Quand on ne sait pas comment vendre un film, on le sort en DVD... pratique!

Cette liste ne concerne que les quatre premiers mois de l'année et elle risque de s'allonger avant décembre prochain. Elle est le reflet d'un triste constat: alors qu'on entend parfois dire qu'il y a trop de films en salles, il est tout aussi vrai que de nombreuses œuvres de qualité manquent à l'appel! Bien sûr, il faut faire des choix, mais lorsque l'on voit dans le même temps apparaître dans nos salles certains films aussi insignifiants aux yeux des cinéphiles que du grand public, nous nous interrogeons sur la pertinence de certains de ces choix.

Il faudra pourtant faire avec... L'importation de DVD a de beaux jours devant elle! Pire: le piratage également. Qu'un cinéphile attende un an pour voir un film en salle au Québec alors qu'il est disponible gratuitement et illégalement un peu partout sur le web, cela peut se concevoir, car, répétons-le, rien ne vaut une salle de cinéma pour découvrir un film. Demander à ce même cinéphile d'attendre autant de temps pour lui proposer finalement une sortie DVD / VOD, cela commence à ressembler à un pousse-au-crime... mais il s'agit d'un autre débat!

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