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Décidément, la STM écarte la réalité effroyable, pourtant belle dans son horreur, à laquelle l'humanité est confrontée depuis la nuit des temps.
Les Grands Ballets
Décidément, la STM écarte la réalité effroyable, pourtant belle dans son horreur, à laquelle l'humanité est confrontée depuis la nuit des temps.

Une affiche publicitaire pour la campagne de promotion du Stabat Mater (Marie au pied de la croix souffrant de l'agonie de son fils Jésus) de Pergolèse, pour le premier ballet de la saison des Grands Ballets, a été bannie des corridors de la Société de transport de Montréal (STM). On y voit la danseuse étoile Vanesa Garcia-Ribala Montoya, vêtue d'un linceul maculé de sang, son pied nu perforé par une longue aiguille noire, symbole des malheurs, des souffrances et du deuil de la mère de Jésus.

Décidément, la STM écarte la réalité effroyable, pourtant belle dans son horreur, à laquelle l'humanité est confrontée depuis la nuit des temps.

Un tableau du peintre allemand Otto Dix (1891-1969), tel Le Christ outragé, choquerait vivement les consciences doucereuses et dégoulinantes d'aujourd'hui qui, à tout prix, désirent évincer l'horreur de la violence. Or, Le Christ outragé exhibe ce qu'il y a de beau dans l'horreur. Sorte d'oxymore. Le Christ, visage tuméfié, sanguinolent, est invectivé de très proche par un couple d'allemand des années 30, sorte de fauves entourant leur proie, sans doute des sympathisants nazis. La dame tire la langue par mépris pour le roi des Juifs. Jamais n'a-t-on représenté cette scène de la Passion de manière aussi puissamment sordide et vicieuse.

En tout cas, jamais ne verra-t-on ce tableau accroché dans les corridors de la STM!

Il ne faut toutefois pas en rester à la surface du tableau d'Otto Dix. Ce dernier fut peintre de l'expressionnisme tardif, plus précisément du mouvement qualifié de la « Nouvelle Objectivité » visant à représenter la vérité dans l'art. Il faut franchement avoir du culot pour se désigner de la sorte. Une « vérité » dans l'art, surtout celui de l'expressionnisme allemand ? C'est d'un ridicule !

Pourtant, ce fut bel et bien l'intention de Dix de peindre la « réalité », la « vérité », où, pour reprendre l'expression du peintre lui-même, la beauté de l'horreur.

Pour comprendre l'intention de vérité dans la peinture, il faut se référer à une formule due au plus grand penseur de l'Église catholique, saint Thomas d'Aquin, qui définit la vérité comme Adequatio rei ad intellectum : conformité de la chose ou de l'être au concept dans l'intelligence.

Otto Dix excella dans la représentation inégalée de la dévastation.

Qu'est-ce à dire ? Il s'agit dans le cas d'Otto Dix d'exprimer la beauté de l'horreur. C'est-à-dire d'exprimer parfaitement l'horreur. Dans Le Christ outragé, cela est parfaitement réussi : Jésus Christ, Fils de Dieu, est violenté par l'humanité, représentée par le couple allemand, Adam et Ève en somme. L'horreur atteint des proportions ultimes, suprêmes. Otto Dix excella dans la représentation inégalée de la dévastation. À preuve, ces nombreuses œuvres dépeignant l'horreur de la guerre, suscitant l'épouvante. Jamais n'a-t-on réussi à peindre l'innommable atrocité de la guerre du point de vue allemand.

L'intention d'Otto Dix par son art n'était pas du tout de susciter la violence. Plutôt, visait-il, par la vérité criante d'horreur de ses œuvres, de dégoûter l'humanité de l'hideuse violence.

Il faut donc apprendre à « lire » au second degré une œuvre d'art. La STM ne lit qu'au premier degré. Elle n'aide pas le public à découvrir la vérité en art. Elle nous confine à la barbarie.

Avril 2018

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