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Égalité homme-femme : « parce qu’on est en 2015 ! »

L'égalité est une valeur seconde par rapport à la liberté, car on est libre avant d'être égal.
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Quels sont les motifs philosophiques derrière ce débat de société ? L'Égalité, encore une fois, est à pointer du doigt.
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Quels sont les motifs philosophiques derrière ce débat de société ? L'Égalité, encore une fois, est à pointer du doigt.

Lors de son assermentation en novembre 2015, le nouveau premier ministre Justin Trudeau avait alors répondu aux questions des journalistes, dont celle d'une journaliste touchant l'importance pour lui d'avoir une représentation hommes-femmes égale dans son cabinet. Le premier ministre avait simplement répondu : « Parce qu'on est en 2015 ! »

Le choix de Julie Payette, par le premier ministre, comme gouverneure générale du Canada, s'inscrit-il dans la formule « parce qu'on est en 2017 » ? Pour nos mentalités baignant dans l'égalité homme-femme, sans doute. En fait, par sa formule lapidaire de 2015, le premier ministre voulait signifier, non pas tant que ses décisions politiques suivent la mode, mais qu'elles doivent se conformer à la sacro-sainte égalité homme-femme.

Dans un précédent billet, j'ai abordé succinctement le statut proéminent de l'égalité dans notre échelle sociétale des valeurs où elle trône sans contrepartie. À l'exception, de la liberté. Car, comme je le soutenais, la liberté bouleverse toujours l'égalité. Et je dirais, dans le cas de Julie Payette, ses qualités, voire ses qualifications exemplaires, s'imposent d'elles-mêmes. En nommant Julie Payette au poste de gouverneure générale, le premier ministre ne veut pas tant porter aux nues l'excellence de cette femme d'exception, mais conforter la sacro-sainte égalité homme-femme.

Toutefois, l'égalité est une valeur seconde par rapport à la liberté, car on est libre avant d'être égal. Le politique corrige ensuite l'inégalité. Julie Payette n'a pas excellé pour assurer l'égalité homme-femme. Naturellement, elle excelle. C'est une surdouée. Elle surclasse bon nombre, même les hommes. Cette excellence doit cependant s'inscrire dans nos normes égalitaristes. Donc, le premier ministre nomme Julie Payette gouverneure générale du Canada afin de montrer aux Canadiens que les femmes aussi peuvent accéder aux plus hauts postes.

La valeur de l'égalité est si prégnante aujourd'hui que le respect des différences commande des redressements importants, conduisant entre autres à la désolante émasculation des hommes.

La valeur de l'égalité est si prégnante aujourd'hui que le respect des différences commande des redressements importants, conduisant entre autres à la désolante émasculation des hommes. L'image d'Épinal que chérissent les conservateurs, celle de l'homme blanc viril, celle du père de famille, celui du chef, du leader, etc., en prend aujourd'hui pour son rhume. Non pas parce que nous sommes en 2017, mais parce qu'encore une fois la sacro-sainte valeur de l'égalité homme-femme domine la pensée libérale. Évidemment, le mouvement féministe fut un facteur non négligeable expliquant cette tendance égalitariste.

Le lobby des groupes LGBT explique en bonne partie l'émasculation de l'homme. Le projet de loi fédérale C-16 répond à la croisade des LGBT contre la liberté d'expression et les distinctions linguistiques immémoriales. C-16 propose de modifier la Loi canadienne sur les droits de la personne afin d'interdire la discrimination envers les personnes transgenres au pays.

Parlez-en au professeur de psychologie à l'Université de Toronto, Jordan Peterson. Il milite contre le projet de loi fédérale. Il a reçu un avertissement de la direction de son université de se soumettre aux diktats du lobby LBGT.

Quels sont les motifs philosophiques derrière ce débat de société ? L'Égalité, encore une fois, est à pointer du doigt. C'est elle qui commande le respect des différences d'une poignée de la population.

Considérons le cas de la légalisation du mariage de conjoints de même sexe. La question qui fut débattue et qui mena à la légalisation n'était pas celle de la finalité du mariage (la protection de la famille), mais celle de savoir si les droits des personnes sont lésés. En interdisant le mariage entre conjoints de même sexe, l'État semble exercer arbitrairement de la discrimination envers certains citoyens sur la base de leur orientation sexuelle.

Le mariage entre un homme et une femme est une institution millénaire.

Le mariage entre un homme et une femme est une institution millénaire. Il repose sur la loi naturelle : le mariage permet de protéger l'union de l'homme et de la femme, voire de leur progéniture. La morale de la « loi naturelle » fut contestée à partir du siècle des Lumières où les droits naturels de l'homme virent le jour. Les sociétés modernes préfèrent s'en remettre aux droits de l'homme. L'une des objections adressées à la morale naturelle est le flou apparent entourant ce qui est naturel et ce qui ne l'est pas. Dans l'Antiquité, par exemple, l'esclave était tenu comme naturel ainsi que l'infériorité de la femme par rapport à l'homme. La « nature » semble donc dépendante de la culture.

Mais le recours aux droits de la personne ne légitime pas pour autant le mariage gai. Si l'on soutient, par ailleurs, que le mariage peut être envisagé en vue d'un engagement de fidélité amoureuse entre deux partenaires de même sexe, comme chez les hétérosexuels, on vient de donner la même finalité au mariage - gai ou non -, à savoir assurer la relation amoureuse dans un couple. Le bien à protéger dès lors que vise le mariage est celui de l'amour. Il n'y a aucun droit de l'homme qui stipule un droit à l'amour. L'institution du mariage, toutefois, assure et protège ce bien qu'est l'amour. Or, l'institution du mariage vient conforter la loi naturelle : tous les hommes, par nature, cherchent l'amour. On est donc ramené à la loi naturelle.

Dans un couple hétérosexuel, l'homme est par nature doué d'une certaine nature; même chose pour la femme. L'égalitariste rejette ces différences, et parle d'égalité stricte homme-femme. Le corps de l'homme ainsi que celui de la femme présentent des différences importantes, ce que nie l'égalitariste.

À bien y penser, l'égalitarisme des genres assume une position dualiste âme-corps, ou personne-corps. Pour un égalitarisme des genres, l'identité d'une personne se trouve au-delà du corps qui est le sien. Un transgenre avoue en effet que j'ai beau avoir un corps d'homme (ou de femme), j'ai « le sentiment » que je suis une femme (ou un homme) (voire ni l'un ni l'autre dans le cas des « queers », en questionnement, bispirituels, asexuels et alliés, nommez-les).

«Qui suis-je?» est et demeure une question philosophique. Les dualistes, Platon en tête, soutenaient que je suis autre que mon corps (et que je dois même mépriser ce corps (soma) qui est un tombeau (sèma) pour l'âme). Au contraire, Aristote, l'élève de Platon, était moniste et soutenait que mon corps, c'est aussi et en même temps ma psyché. Demandons-nous : suis-je dualiste ou moniste et, surtout, pourquoi ? Pour ma part, je suis moniste aristotélicien de sorte que je considère l'émasculation actuelle comme une perte de l'âme.

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