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Le rodéo de Montréal n'est pas plus acceptable que les autres

La ville de Montréal fêtera bientôt ses 375 ans. L'organisation des festivités a prévu de nombreuses activités, dont une qui suscite beaucoup de controverse : le rodéo.
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La ville de Montréal fêtera bientôt ses 375 ans. L'organisation des festivités a prévu de nombreuses activités, dont une qui suscite beaucoup de controverse : le rodéo.

Ce que disent les activistes contre le rodéo

Les images prises par des activistes démontrent clairement la brutalité exercée durant les épreuves de lutte et de domination.

Sur la photographie suivante (rodéo de Saint-Tite 2015), on voit un bouvillon pendant des épreuves de terrassement, se faisant violemment projeter au sol. Le cou de l'animal est soumis à une torsion de 180 degrés, survenue avec force et rapidité.

Il est impossible de garantir qu'aucune lésion cervicale (vertébrale, spinale ou autre) ne peut se produire suite à un tel stress mécanique! Ces animaux sont chanceux d'avoir pu se relever, ce n'est pas toujours le cas, toutefois cela n'exclut pas la présence de douleur cervicale et possiblement de lésions osseuses, ligamentaires, musculaires et nerveuses.

Dans cette vidéo de prises de veaux au lasso (rodéo de Saint-Tite 2015), dès les premières secondes, on constate la violence exercée sur les fragiles animaux juvéniles. Alors que le veau court à pleine vitesse, il est violemment stoppé dans sa course par une strangulation qui le fait lever dans les airs et retomber au sol sur son dos. Cette brutalité est susceptible de causer des lésions laryngées, trachéales, musculaires et vertébrales, et il est arrivé que des veaux ne se relèvent pas, comme le démontre cette vidéo entre les temps 1 minute et 1 minute 20 secondes.

L'usage d'une sangle abdominale et d'éperons a pour but de causer chez l'animal une réponse aversive de fuite, un comportement d'évitement vis-à-vis d'un stimulus désagréable dont il veut se soustraire.

En ce qui concerne les épreuves de monte des chevaux et taureaux dits «sauvages» qui, contrairement aux épreuves précédentes, auront lieu à Montréal, l'usage d'une sangle abdominale et d'éperons a pour but de causer chez l'animal une réponse aversive de fuite, un comportement d'évitement vis-à-vis d'un stimulus désagréable dont il veut se soustraire. Cela n'a pas besoin d'être très douloureux, cela reste inacceptable lorsque c'est infligé aux animaux afin qu'ils se débattent fortement, dans le seul but de divertir. Les sauts et ruades violents représentent un risque de blessures parfois fatales (fractures, choc lors d'une mauvaise chute au sol, collision avec des obstacles : accidents graves lors de la monte de chevaux sauvages, deux accidents fatals récents et rapprochés lors de la monte de chevaux sauvages).

Dans une entrevue, le médecin vétérinaire en chef du rodéo de Saint-Tite a mentionné qu'un cheval sauvage avait souffert d'une fracture à une patte et avait été euthanasié sur le terrain (Des animaux qu'on bichonne, Le Nouvelliste, 11 septembre 2013). Dans une autre entrevue avec le même vétérinaire, on nous dit que «...les bêtes sont au sommet de leur performance. C'est le grand championnat ici. Ce sont de super machines hyper entraînées. Le risque d'accident est là. C'est pour ça qu'on est là avec l'unité d'urgence. Seuls les cas nécessitant une chirurgie sont transférés à l'hôpital vétérinaire de Saint-Hyacinthe...» (Des bêtes traitées aux petits soins, l'Hebdo du Saint-Maurice, 13 septembre 2016).

Ce que disent les médecins vétérinaires canadiens contre le rodéo

Dans son énoncé de Position officielle sur l'usage des animaux dans les activités de divertissement, l'Association Canadienne des Médecins Vétérinaires (ACMV) «...s'oppose aux activités, aux concours et aux épreuves qui présentent une probabilité élevée de blessures, de détresse ou de maladies...». L'ACVM soutient également que «...les animaux ne devraient pas être forcés d'exécuter des actes ou des tâches qui suscitent une détresse ou un malaise physique ou mental...».

Selon l'ACVM, «...les activités qui présentent des actes non caractéristiques à l'espèce ou qui forcent les animaux à exécuter de tels actes devraient être découragées de façon à ne pas blesser l'animal ni à tromper le public quant à la nature réelle de l'animal...» Cela inclut les rodéos. L'ACVM a aussi déclaré que «...puisque les vétérinaires et la médecine vétérinaire s'occupent du bien-être de tous les animaux, il n'est pas possible pour la profession d'appuyer de façon positive les pratiques qui font partie intégrante des rodéos. Le succès des rodéos se fonde inévitablement sur une exploitation des réactions des animaux à la douleur, au bruit et à la peur, ainsi qu'au désir des animaux de fuir... » (Déclaration de l'Association Canadienne des Vétérinaires au sujet des rodéos, Revue Vétérinaire Canadienne, juin 1985).

Ce que dit la loi au Québec contre le rodéo

L'usage des animaux dans les rodéos contrevient clairement à plusieurs dispositions de la loi B-3.1 sur le bien-être et la sécurité de l'animal.

Dans son deuxième chapitre, «Obligation de soins et actes interdits», la loi B-3.1 stipule par son cinquième article que «...Le propriétaire ou la personne ayant la garde d'un animal doit s'assurer que le bien-être ou la sécurité de l'animal n'est pas compromis. Le bien-être ou la sécurité d'un animal est présumé compromis lorsqu'il ne reçoit pas les soins propres à ses impératifs biologiques... »

La loi exige que l'animal «...ne soit soumis à aucun abus ou mauvais traitement pouvant affecter sa santé...»

Le sixième article du même chapitre stipule que «...Nul ne peut, par son acte ou son omission, faire en sorte qu'un animal soit en détresse...»

Les situations causant de la détresse sont ensuite énumérées : «...1° il est soumis à un traitement qui causera sa mort ou lui fera subir des lésions graves, si ce traitement n'est pas immédiatement modifié;

2° il est soumis à un traitement qui lui cause des douleurs aiguës;

3° il est exposé à des conditions qui lui causent une anxiété ou une souffrance excessives...»

Le rodéo n'est pas un hommage à Montréal, mais une insulte à la ville et au Québec

De nombreuses villes dans le monde, dont plusieurs en Amérique du Nord (incluant le Canada, comme Vancouver en Colombie-Britannique et Blainville au Québec), ont banni le rodéo de leur territoire. À une époque où le Québec essaie de changer son image très négative relativement au traitement des animaux parmi les autres provinces canadiennes, autoriser la tenue d'une telle activité violente et méprisant le bien-être animal n'est pas du tout un hommage à Montréal, mais plutôt une insulte à la ville et au Québec.

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