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Non, à ces dieux vengeurs!

C'est le maintien dans l'ignorance qui est réducteur et qui tue au fond de soi ce qu'il y a de meilleur en l'être humain.
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Le monde est bouleversé encore une fois depuis les attentats belges du 22 mars dernier. Une journée très noire dans cette Europe déjà fragilisée par tant de défis sociaux et économiques. Une scène d'horreur invraisemblable!

Aux prises avec un flot incessant d'immigrants venant, en grande partie, d'une Syrie ensanglantée et martyrisée, les populations d'Europe occidentale vivent quotidiennement dans une insécurité croissante et dans une peur fort légitime.

La menace est plus que réelle. Font face à la mort régulièrement des centaines d'innocentes victimes. Depuis les attentats du World Center à New York en 2001, qui avaient fait 2 977 victimes, les scènes d'atrocités et d'horreurs se succèdent périodiquement et s'intensifient même sur la planète.

À peine remis des attentats de Paris, survenus le 13 novembre dernier, voilà que le cœur de la capitale européenne est frappée dramatiquement. La récente tragédie s'est produite dans deux lieux stratégiques de la superbe capitale belge. Les attentats ont fait pas moins de 28 victimes et 340 blessés, dont 101 étaient encore hospitalisés : 62 dans l'unité de soins intensifs et 32 dans un centre pour grand brûlés.

Tous ces terroristes conquérant et glorieux scandent sans cesse et sans scrupule le même refrain : «Allahu Akbar! Nous avons vengé le Prophète!»

Mais quel prophète? Quel dieu souhaite vraiment de tels carnages et de telles atrocités en ce 21e siècle?

En l'espace de quelques minutes, des dizaines de milliers de personnes se sont dites : «Mais qu'est-ce qui vient de nous arriver?» Cela dépasse évidemment l'entendement dans un monde que l'on dit civilisé, démocratique et savant. Entre vous et moi, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur cette planète dépassant les 7 milliards d'humains confrontés à tant de disparités, d'effarantes inégalités et en quête de bonheur extrême. Quel dieu, en quelque part, consentirait à ce que de tels actes puissent être posés en son nom? C'est du délire, ma foi!

Dans notre monde tourmenté, des hommes et des femmes victimes de l'obscurantisme, souvent ostracisés, tombent sous le joug de gourous exaltés, d'ayatollahs échevelés et de dictateurs écervelés.

À l'ère de la mondialisation effrénée et des frontières de plus en plus perméables, nous assistons inévitablement au croisement de civilisations autres, de cultures différentes et de visions tellement opposées.

Nous vivons dans un contexte puissamment explosif s'il n'y a pas les éléments fondamentaux de dialogue et de compréhension mutuelle. Ce n'est pas une affaire de religion, loin de là, mais vraiment de face-à-face, voire d'affrontement de composantes de civilisations.

Comment un musulman modéré et radical, un chrétien à la page et conservateur, un athée indifférent et laïcisant, ou tout simplement un libre penseur, peuvent-ils vivre harmonieusement ensemble dans une démocratie du monde libre dans le plus grand respect mutuel?

Comment peut-on s'épanouir dans une culture où règne tant soit peu la violence ou la guerre?

Nous ne sommes pas faits pour la guerre et pour la violence, un point c'est tout! Si nous sommes vraiment créés à l'image de Dieu, selon l'Écriture sainte, j'aimerais que ce soit des visages de bonté, d'accueil, d'ouverture, de compréhension, de compassion, d'entraide, qui soient reflétées dans nos communautés humaines.

Nous ne le savons que trop bien, la religion est un instrument facile, voire privilégié, pour certains vils manipulateurs d'âmes et de consciences innocentes. Les intérêts mercantiles et despotiques de ces saccageurs de la paix sociale ne font pas de doute. C'est le maintien dans l'ignorance qui est réducteur et qui tue au fond de soi ce qu'il y a de meilleur en l'être humain!

Il en faudra du temps pour absorber ces événements tragiques. La Belgique ne sera plus la même après de tels actes, le monde non plus. Comment reprendre le chemin de la vie coutumière après un tel choc brutal? Des sentiments de révolte, de vengeance, de rejet surgiront sans nul doute dans le cœur de milliers de personnes. L'histoire du monde en est témoin, il en va de soi, mais combattre la violence par la violence ne réglera jamais rien! Certes, il y a toujours la justice pénale qui s'appliquera pour les perturbateurs de tout acabit qui parcourent nos cités et nos pays. Il revient à chacun de nous de développer dans nos espaces citoyens des solidarités qui édifient, des carrefours réels de dialogue et d'éducation civique qui créent des liens durables et bénéfiques.

Nous sommes tous tributaires à bien des égards de notre éducation familiale et sociale. Tout au long de notre itinéraire humain et spirituel, ils sont parfois nombreux ces dieux raisonneurs de la vérité, du savoir-faire et du «quoi penser», qui ont modelé notre manière d'être au monde. Il n'est pas facile de sortir des routes apprises et hors des sentiers battus. Nous sommes marqués à jamais par tant de choses apprises machinalement que nous en oublions parfois le sens même. C'est un défi constant et exigeant que de vivre dans des sociétés cosmopolites où les accommodements dits raisonnables n'ont pas encore réussi à faire le moindre consensus ; à trouver preneur quoi.

Il ne faut donc pas s'étonner de l'émergence de l'intégrisme provocateur dans certains milieux et de gestes radicaux plus fréquents. Il faut dire non à ces dieux de l'intransigeance, de l'arrogance et de la violence qui fanfaronnent sur tous les tons leurs diktats au nom de certaines philosophies abrutissantes à bien des égards. Luc de Larochellière chante si merveilleusement bien dans La vie est si fragile :

«On est seulement ce que l'on peut

On est rarement ce que l'on croit

Et sitôt on se pense un Dieu

Sitôt on reçoit une croix

Et la vie est si fragile

Car le temps est là

Toujours la seule justice ici-bas

On est si fragile.»

Puisse le temps nous apprendre à vivre ensemble de mieux en mieux dans le dialogue et le respect!

Les attentats terroristes en Belgique et ailleurs dans le monde nous renvoient immanquablement au sens profond de notre identité, à nos fragilités, à nos références essentielles et à notre capacité de vivre harmonieusement dans un monde différent où la liberté, celle entre autres de l'expression, est un principe intangible.

Là encore, la mesure de celle-ci a ses limites qu'il faut savamment apprivoiser selon les grands fondements de la liberté d'expression dans le monde. La violence et la vengeance seront toujours le refuge de l'incompréhension, de l'ignorance et de l'incompétence. Oui, faites ce que vous voulez, comme vous le voulez, quand vous le voulez, mais ne faites rien de ce que vous voulez au détriment des autres.

Non et non aux dieux vengeurs qui surgissent trop souvent encore dans nos rues et dans nos cités! L'harmonie et la paix ont bien meilleur goût!

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