Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Notre terre d'Amérique a été fondée dans la confiance par des hommes et des femmes inspirés, mus par la foi en une terre de bonheur, de rêves et de liberté. Qu'avons-nous fait de cet héritage riche et porteur d'avenir?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Tout un choc dans le monde politique! L'affaire Nathalie Normandeau vient de jeter stupeur et désarroi dans l'arène politique au Québec. Tout un coup de filet de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) qui n'y est pas allée, disons-le franchement, de main morte le 17 mars dernier en portant des accusations formelles de complot, de corruption, de fraude et d'abus de confiance contre sept complices fort connus et reliés au pouvoir politique, principalement au Parti libéral du Québec.

Et ce n'est pas terminé, semble-t-il, puisqu'une quarantaine de personnes risquent de voir leur nom dévoilé au grand jour ultérieurement. Il y a de la nervosité dans l'air!

Mais les arrestations de deux têtes d'affiche bien en vue, l'ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau et l'ex-ministre Pierre-Yvan Côté, ébranlent dramatiquement les colonnes du temple libéral.

Ces révélations en disent long sur les mœurs partisanes dans la province et éclaboussent sans contredit toute la classe politique. Il y avait de quoi éclipser la présentation du budget provincial prévu le même jour.

Que de rebondissements dans ce monde mouvementé et combinard de la politicaillerie québécoise. La vie politique est loin d'être un fleuve tranquille.

Bombardé de questions par les médias, le premier ministre Philippe Couillard, revêtu de son calme légendaire, s'est empressé de se dissocier de tout cela et d'affirmer que le Parti libéral qu'il dirige a changé. Pourtant, lui et plusieurs membres de son gouvernement, ont été de proches collègues de Nathalie Normandeau. Faut-il le croire?

Bien des Québécois demeurent sceptiques devant une telle affirmation, sachant que des doutes même planent toujours sur les prétendues relations d'affaires quelque peu douteuses entre le premier ministre et le défunt Dr Arthur Porter, ainsi que sur des sommes non déclarées au fisc acquises par le premier ministre en Arabie Saoudite.

On ne change pas radicalement la culture d'un parti par une élection ou encore moins par un changement de chef. C'est plus profond que cela, une culture imprégnée par le magouillage et le grenouillage systémiques!

La Commission Charbonneau, dont nous doutions de l'efficacité et de ses suites, vient tout de même de donner des premiers fruits assez retentissants, merci. Toutefois, il ne faut surtout pas applaudir trop rapidement, car cela prendra quelques années avant la tenue effective de réels procès.

Nous n'en sommes point au premier scandale politique et des affaires dans ce Québec des accommodements raisonnables. Nous pourrions dresser assez facilement une longue liste de ces gens qui ont fait face à la justice et à diverses commissions d'enquête. Rappelons-nous les nombreux Vincent Lacroix de ce monde qui, sans regrets, ont floué des milliers de petits investisseurs. Personne parmi ces «experts-en-cravate» et aux millions en banque n'a reconnu la moindre part de responsabilité dans ces affaires les plus louches.

Il faut instaurer des Commissions d'enquête parlementaire pour essayer de faire un peu de lumière dans tout cela. Nous savons fort bien qui paiera la note au bout du compte. Dans ce pays de chartes, de lois et de codes, il semble assez facile pour ceux qui possèdent de passer à côté. Mais où sont les femmes et les hommes d'honneur dans ce pays?

Vous avez sans doute visionné un jour l'excellent film Des hommes d'honneur (A Few Good Men) réalisé en 1992 par Rob Reiner. C'est l'histoire d'un pseudo-meurtre au sein du corps de Marines des États-Unis où un jeune avocat talentueux du nom de Daniel Kaffee a la délicate tâche de prendre la défense des accusés, au risque même de perdre sa réputation. Le jeune avocat, joué admirablement bien par Tom Cruise, doit s'opposer à la puissante hiérarchie militaire, campée ici par l'unique Jack Nicholson dans le rôle du colonel Nathan Jessep. Dans ce monde de demi-vérités où prévalent plus souvent qu'autrement les motifs de sécurité nationale, la vérité triomphera sur un pouvoir corrompu. Le film Des hommes d'honneur montre aussi, malgré leurs fragilités, des militaires qui ont placé en priorité dans leur quotidien le service, la vérité, la droiture et l'honneur. N'est-ce pas les attentes d'un peuple envers ses dirigeants?

Tous ces hauts dirigeants travaillent pour nous avec une rémunération plus que convenable. Nous leur confions nos avoirs, nos institutions, notre pays. Nous sommes très conscients que la gestion d'une institution financière ou d'un gouvernement est fort compliquée et demande du talent à revendre. Mais tout cela n'enlèvera jamais la part de responsabilité et les comptes à rendre de ceux en qui l'on a mis notre confiance.

Depuis la débâcle des milieux d'affaires, les scandales de nombreux politiciens et conseillers financiers, les écarts et les négligences de l'Église catholique de par le monde, les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec, les faramineuses ristournes des dirigeants des grandes banques, la corruption insidieuse dénoncée aux mairies de Montréal, de Laval et tant d'autres, et les audiences de la commission Charbonneau, rien ne nous étonne plus dans ce monde de la collusion éhontée et de la fraude sans retenue. Nos institutions publiques et démocratiques ont perdu indéniablement de la crédibilité.

Nous assistons impuissants à un certain effondrement des valeurs morales, d'intégrité et de solidarité qui tissaient notre vivre ensemble il y a à peine quelques décennies. Depuis la Révolution tranquille, rien n'a remplacé ces valeurs à la fois humaines et morales qui alimentaient notre vivre en société et qui étaient porteuses d'un certain climat de confiance. Avec toutes ces malversations mises au grand jour et qui font la une et le bonheur des médias, il y a de quoi susciter un climat de morosité, de méfiance et de suspicion. Comment bâtir une société juste et responsable sans un minimum de confiance?

Les crises successives que nous vivons bouleversent évidemment nos repères et minent notre capacité de nous développer harmonieusement. Pour sortir le Québec de sa morosité, il apparaît essentiel de restaurer un climat de confiance. La confiance est l'un des piliers de notre société, que ce soit dans nos relations intimes et personnelles ou dans les sphères publiques et professionnelles.

Un climat de confiance, nous le savons bien, cela se construit au fil des jours par des relations sincères et une honnêteté sans faille. Oui, dissiper ce nuage de suspicion et de méfiance pour redonner confiance en soi et aux générations montantes, en ceux qui nous guident et dirigent notre destinée collective.

En jetant un regard rétrospectif sur notre histoire commune, il est bon de nous rappeler que notre terre d'Amérique a été fondée dans la confiance par des hommes et des femmes inspirés, mus par la foi en une terre de bonheur, de rêves et de liberté. Qu'avons-nous fait de cet héritage riche et porteur d'avenir?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.