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Le secteur manufacturier dans la tourmente électorale

Pour le secteur manufacturier canadien, seuls deux partis présentent une politique cohérente.
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Le secteur manufacturier produit 16% de la richesse du Québec et compte pour 88% de ses exportations internationales*. C'est dire que ce secteur est au cœur de la prospérité québécoise et, en particulier, de l'entrée de devises dans l'économie. Qu'en disent les partis politiques fédéraux qui se disputent les suffrages des électeurs?

La politique PME du gouvernement

Le Parti conservateur au pouvoir présente le Plan d'action économique mis en œuvre par le gouvernement qui s'appuie sur cinq piliers:

• La réduction du fardeau fiscal des entreprises canadiennes. Dans son budget déposé en avril dernier, le gouvernement fédéral a annoncé que le taux d'imposition de ces entreprises, actuellement de 11%, sera réduit progressivement au cours des quatre prochaines années pour passer à 9%.

• La conclusion d'accords de libre-échange avec 39 pays, notamment l'Union européenne et la Corée du Sud.

• Un soutien aux Canadiens qui terminent leur formation en apprentissage, et la création de la Subvention canadienne pour l'emploi.

• Le lancement du nouveau Plan Chantier Canada pour financer la modernisation des infrastructures, dont l'appui à la Stratégie maritime du gouvernement du Québec.

• Un soutien aux entreprises pour qu'elles investissent dans de nouvelles technologies et dans la recherche et le développement, par un allégement fiscal ciblé et le financement de partenariats avec des universités et des collèges canadiens.

Toutes ces dispositions s'appliquent aux PME en général, et certaines ont des effets indirects seulement pour le secteur manufacturier (nouveau Plan Chantier Canada). Seul le cinquième point s'attaque à l'enjeu majeur du secteur manufacturier qui est l'automatisation. La pièce maîtresse du Parti conservateur pour relever le défi de l'automatisation est la déduction pour amortissement (DPA) accéléré à un taux de 50% pour des actifs admissibles acquis à compter de 2015.

La stratégie manufacturière du NPD et le silence des autres

Le NPD a une politique ciblée sur le secteur manufacturier plutôt que sur la PME en général. Pour le chef Thomas Mulcair «le secteur manufacturier a bâti la classe moyenne du Canada». La base de l'appui du NPD à la modernisation de ce secteur est un crédit d'impôt à l'innovation qui permettra aux entreprises admissibles d'investir dans la R-D et dans l'automatisation de l'outil de production. Le NPD appuie l'amortissement accéléré de l'équipement au taux de 50% en place - qu'il prétend avoir poussé le gouvernement à adopter. Pour le reste, comme le Parti conservateur, le NPD s'engage à faire passer le taux d'imposition des PME de 11% à 9%, mais il le fera en trois ans au lieu de quatre.

La Parti libéral préconise lui aussi une stratégie manufacturière pour le Canada, mais il se montre avare de détails, sinon pour mentionner en passant les «avantages fantastiques» de l'industrie automobile. Toute la politique économique du Parti libéral semble reposer sur l'environnement, les changements climatiques et les parcs nationaux. Quand le mot «infrastructure» apparaît, c'est pour parler d'infrastructure verte ou d'infrastructure de transports collectifs. On cherche en vain une mesure concrète qui s'adresse à l'industrie manufacturière.

On ne parlera pas du Bloc québécois, qui semble avoir un site web inchangé depuis des années: on y trouve encore une diatribe enflammée contre le scandale des commandites du Parti libéral... Rien qui ressemble à une politique économique, sinon quelques lignes vantant l'hydro-électricité et vitupérant contre l'exploitation des sables bitumineux.

Un choix entre conservateurs et néo-démocrates

Pour le secteur manufacturier canadien, seuls deux partis présentent une politique cohérente de développement - le Parti conservateur et le NPD. Ce rapprochement est d'autant plus paradoxal que les mesures préconisées par ces deux partis sont très voisines. En effet, il y a peu de chances que le NPD remette en question les accords de libre-échange conclus par le gouvernement actuel. Par contre, les deux partis sont d'accord sur l'allègement fiscal aux PME (plus rapide chez les néo-démocrates que chez les conservateurs) et l'amortissement accéléré de l'investissement dans l'innovation.

On dénote peut-être une sensibilité plus proche du secteur manufacturier et de ses enjeux du côté du NPD que chez le Parti conservateur et c'est normal. L'ancrage du Parti conservateur dans l'Ouest canadien l'a longtemps poussé à privilégier les ressources naturelles et le pétrole en particulier.

La politique de crédit d'impôts à l'innovation des néo-démocrates semble être en avance par rapport à la situation actuelle.

Si on est persuadé que la prospérité du Canada passe par un renouveau du secteur manufacturier, par l'introduction massive de robots et de processus automatisés dans l'outil de production, pour pouvoir exporter plus et renforcer le pouvoir d'achat des Canadiens, il faut voter conservateur ou néo-démocrate, avec sans doute un léger avantage pour les seconds.

* Le point sur le Québec manufacturier, Deloitte, 2012

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