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Pourquoi comparer notre taux de diplomation avec celui de l’Ontario est utile et pertinent

Quinze années après l’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, le Québec accuse maintenant un retard de plus de 10 % sur son voisin.
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Back to school and happy time! Apple, pile of books and backpack on the desk at the elementary school.
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Le monde de l'éducation ne travaille pas avec des statistiques, mais avec des humains. Ayant moi-même enseigné pendant 17 ans dans le réseau public, je suis bien au fait de l'importance qu'il faut accorder au « facteur humain ». Cela étant dit, un gouvernement doit pour sa part avoir une vue globale du réseau de l'Éducation, pour porter un jugement sur celui-ci et pour identifier des objectifs à atteindre. C'est là que les statistiques entrent en jeu. Il importe de pouvoir se référer à des données fiables et d'être en mesure de se comparer avec nos voisins.

Quand on se compare... on se désole!

Il y a quinze ans, le Québec avait un taux de diplomation comparable à celui de l'Ontario, soit autour de 70 %. Quinze années après l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, le Québec accuse maintenant un retard de plus de 10 % sur son voisin. Selon les données les plus récentes, le taux de diplomation au Québec est de 75 %, contre 86 % pour l'Ontario. Concrètement, un jeune Québécois sur quatre sortira du secondaire sans diplôme, contre un sur sept en Ontario.

Or, lorsque par ces faits la CAQ illustre l'échec du gouvernement, le ministre de l'Éducation nous accuse de « ne pas comprendre le sujet » et de « comparer des pommes avec des oranges ». Sur quelles bases ne pourrait-on pas comparer les taux de diplomation au secondaire, de part et d'autre de la rivière des Outaouais ?

Analyse

Plusieurs utilisent l'argument de la note de passage, qui en Ontario est de 50 % contre 60 % au Québec. Est-ce que cela signifie que les examens ontariens sont plus faciles à passer ? Évidemment que non. Que la note de passage soit de 50 %, 60 % ou même 70 %, ce sont les apprentissages que l'on évalue qui dictent la réussite ou l'échec d'un élève. Le niveau auquel on place la note de passage est arbitraire et relatif. Cela ne témoigne d'aucune différence profonde entre les évaluations faites au Québec ou en Ontario.

L'argument défendu par le ministre ne tient tout simplement pas la route.

De plus, le « Cahier d'attribution des équivalences pour des acquis scolaires obtenus au Canada » , que l'on peut trouver sur le site Internet du ministère de l'Éducation, suffit à invalider la thèse que les exigences des cours eux-mêmes puissent être moins élevées en Ontario qu'au Québec. On y reconnait explicitement des équivalences entre des cours ontariens et québécois. L'argument défendu par le ministre ne tient tout simplement pas la route.

Il faut également considérer que le taux de diplomation par cohorte au Québec est calculé après 7 ans, contre 5 ans pour l'Ontario, ce qui avantage le Québec dans la comparaison des données. Sans compter non plus que le gouvernement tente constamment d'embellir son bilan en présentant le « taux de diplomation et de qualifications » plutôt que strictement le taux de diplomation. Ce premier taux considère une panoplie de certificats qui n'ont rien à voir avec le diplôme d'études secondaires (DES) ou professionnelles (DEP) et pour lesquels les exigences sont minimes. Plusieurs experts ont dénoncé cette situation.

En somme, les parcours scolaires au Québec et en Ontario sont en effet différents, mais ne permettent pas de discréditer la comparaison de leurs taux de diplomation. En aucun cas, on ne peut prétendre que les exigences ontariennes pour obtenir le diplôme d'études secondaire sont moindres qu'au Québec. Dans les circonstances, comparer le taux de diplomation au Québec et en Ontario, et surtout leur progression respective dans le temps, s'avère non seulement légitime, mais oh combien pertinent.

Prendre des moyens pour atteindre ses objectifs

Il y a un mot pour désigner l'attitude du gouvernement libéral : le déni. Sa tentative de discréditer la comparaison Québec-Ontario vise essentiellement à faire oublier son triste bilan : un jeune sur quatre sort du secondaire sans diplôme. Plutôt que de nier l'évidence, un gouvernement de la CAQ se fixera l'objectif de combler notre retard sur l'Ontario. Pour y arriver, nous allons entre autres, rendre la prématernelle 4 ans accessible partout au Québec, rehausser l'âge de fréquentation scolaire à 18 ans ou diplomation, embaucher des professionnels et augmenter les heures de formation continue pour les enseignant(e)s.

Vous savez quelle autre province a déjà mis en place toutes ces mesures pour le plus grand bénéfice de sa jeunesse? Je vous laisse deviner...

Avril 2018

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