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Incohérences chez les humoristes et pas un sou pour toute la CLASSE!

Quand bien même les remarques de certains membres de la CLASSE seraient excessives ou «déplacées», étiez-vous obligés de priver l'ensemble des étudiants de cette organisation - qui représente soixante-cinq associations étudiantes et rassemble 100 907 étudiant-e-s - d'une part des revenus du spectacle? Réalisez-vous, amis humoristes, que vos pratiques sont exactement les mêmes que celles du gouvernement libéral que vous étiez censés critiquer : condamner l'ensemble des étudiants parce que quelques-uns ont été plus radicaux?
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Prétentieux ces quelques étudiants de la CLASSE qui ont osé critiquer la semaine dernière certains humoristes de la Coalition des humoristes indignés qui, selon eux, ont bâti leur fond de commerce en «véhiculant des propos sexistes, racistes et homophobes»? Est-ce une honte de désirer débattre sur la provenance des dons avant de les accepter? Irrespectueux, hautains, méprisants ou cohérents et radicaux? Et que dire de l'attitude de certains humoristes et des sœurs Luce et Lucie Rozon qui, selon M. Cloutier, directeur de la clinique juridique Juripop, ont fait pression pour que les membres de la CLASSE ne bénéficient pas des fonds amassés avant même que l'organisation ne donne son verdict? Réfléchir est-ce à ce point devenu un pêché de nos jours?

Mais commençons aux origines de ce spectacle d'opinions...

Les Rozon

Comment se fait-il que ce spectacle destiné à soutenir la cause étudiante contre la hausse des frais de scolarité ait été organisé, entre autres, par les sœurs Rozon si proches du Directeur du festival juste pour rire, M. Gilbert Rozon, celui-là même qui soutenait ouvertement dans les médias la Loi 78, qui critiquait avec virulence un des porte-parole de la CLASSE, M. Gabriel Nadeau-Dubois, et qui comparait les étudiants qui manifestaient à des « enfants gâtés irresponsables »? (voir mon billet sur les propos de ce dernier) Y-a-t-il un lien entre le refus de la CLASSE de participer à la réunion organisée par Gilbert Rozon il y a quelque temps et le fait que cet argent ne leur soit pas versé aujourd'hui?

Loin de moi l'idée de faire un procès d'intention aux sœurs Rozon ou de juger leur indépendance par rapport au Directeur du Festival juste pour rire, mais la famille Rozon a-t-elle été touchée par la grâce ou joue-t-elle tout simplement double jeu pour essayer par tous les moyens de préserver leur festival des manifestations étudiantes, ou encore pour redorer leur image? Aux étudiants de choisir... Aux amis humoristes de choisir également avec qui ils veulent travailler, histoire d'être cohérents.

L'arroseur arrosé

M. Guy Nantel, qualifié « d'humoriste de gauche » par certains, mais principal détracteur de la CLASSE dans cette affaire, attaque le mode de fonctionnement de celle-ci : «Dans une structure où il n'y a aucun leadership et seulement des porte-parole, à un moment donné n'importe quel moron se lève et sort n'importe quelle fausseté.» Pour un homme prétendument de gauche en faveur de la liberté d'expression, pourquoi ce type de fonctionnement démocratique le dérange-t-il?

Bref, revenons aux critiques de ces étudiants qui ont considéré les propos de certains humoristes comme « racistes, homophobes et sexistes », qualificatifs à ce point outrageux, selon M.Nantel, que l'ensemble des étudiants de la CLASSE s'est vu privé des revenus du spectacle. M. Nantel, vous a-t-on privé de vos revenus lorsque bon nombre de personnes avaient perçu comme très dérangeantes plusieurs de vos blagues sur l'immigration musulmane au Québec? La liberté d'expression comme la critique, qui vous sont si chères, devraient s'exercer dans les deux sens... si vous voulez être cohérent.

À cheval donné, on ne regarde pas la bride ?

Ces quelques étudiants « ingrats », devaient-ils se contenter de recevoir les bénéfices du spectacle sans rien dire? Devaient-ils oublier ce à quoi ils croient et n'émettre pas le moindre son? Devaient-ils s'interdire de réfléchir ou de débattre sur la portée de certaines blagues sur leurs convictions? Ces étudiants, même si on les trouve excessifs, réfléchissent et ne sont pas des moutons! Ils sont « difficiles », à cheval sur leurs principes? Tant mieux, ça fait changement par les temps qui courent...

Nul n'est censé ignorer que la CLASSE est ouvertement féministe... et lorsque l'on fait un cadeau, en général, on porte attention à celui à qui on l'offre. Dans le même ordre d'idée, n'y aurait-il pas matière à réflexion si on invitait à parler des personnes connues pour leurs blagues homophobes à un mariage gai?...

Amis humoristes

Quand bien même les remarques de certains membres de la CLASSE seraient excessives ou «déplacées», étiez-vous obligés de priver l'ensemble des étudiants de cette organisation - qui représente soixante-cinq associations étudiantes et rassemble 100 907 étudiant-e-s - d'une part des revenus du spectacle? Est-ce parce qu'un de vos enfants n'est pas d'accord avec vous que vous devez condamner l'ensemble de votre progéniture à aller se coucher sans manger? Réalisez-vous ce que vous êtes en train de faire?

Réalisez-vous, amis humoristes, que vos pratiques sont exactement les mêmes que celles du gouvernement libéral que vous étiez censés critiquer : condamner l'ensemble des étudiants parce que quelques-uns ont été plus radicaux?

Que chacun se pardonne ses dérapages pour ne pas nuire au principal objectif de ce spectacle : soutenir la cause des étudiants contre la hausse des frais et la Loi 78, soutenir TOUS les étudiants et ceux qui les supportent. Ne jouez pas le jeu de gouvernement libéral qui n'a de cesse de tirer à boulet rouge sur l'ensemble des étudiants de la CLASSE!

Étudiants, ne gâchez pas le fruit de vos efforts! Artistes, ne gâchez pas le fruit de votre générosité!

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