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«007 Spectre»: la grande déception!

Assurément le plus mauvais film de la série interprétée par Daniel Craig et certainement l'un des plus mauvais.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir exprimé son opinion.

Assurément le plus mauvais film de la série interprétée par Daniel Craig et certainement l'un des plus mauvais James Bond! Et je pèse mes mots!

Le Spectre s'annonçait comme l'une des histoires les plus complexes des James Bond et devait réunir les multiples aventures de Bond, résoudre les énigmes laissées ici et là dans les films précédents avec Daniel Craig - Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall. Il n'en est rien! J'ai rarement vu un scénario aussi pauvre! Les seuls clins d'œil faits aux précédentes histoires se résument en une série de petites photos des personnages rencontrés par James (ses ennemis, ses patrons, ses amours...) accrochées sur le mur d'un sombre tunnel dans lequel il se retrouvera avec son ultime ennemi Franz Oberhauser, chef de la plus dangereuse organisation criminelle au monde et incarné par un Christoph Waltz sous anesthésie. James n'aura pas à reconstruire lui-même le grand puzzle de l'histoire de sa vie, les luttes qu'il a dû mener en tant que plus grand espion de tous les temps: le chef du Spectre le fera à sa place en lui expliquant tranquillement et simplement pourquoi il est la raison de tous ses maux. Ce qui fait que le film n'a aucune profondeur, aucune épaisseur... Quelques minutes vous suffiront pour déterminer le dernier traître à dénicher... Pas de surprise!

Les tensions narrative (le suspense) et psychologique entre les personnages du film sont aussi élevées que le pouls d'un paresseux en fin de vie auquel on aurait injecté une très forte dose de Valium!

Des personnages sans charisme

En choisissant Daniel Craig qui fait montre de peu de sex-appeal, les producteurs avaient fait le pari de miser sur la psychologie de James Bond, sur l'accumulation de ses traumatismes, ses motivations ambiguës, ses désirs contradictoires que l'on pouvait deviner derrière le mur de ses yeux bleus translucides ou de ses muscles. Ici, avec si peu de matière, notre James est littéralement désincarné... Daniel Craig parait léviter au-dessus de son personnage pendant près de 2 heures 30!

Fini également les personnages haut en couleur, affreusement sadiques, délicieusement pervers, cruellement sexy: les méchants, les gentils et les James Bond girls sont sans saveur, pâles, presque ridicules à voir.

L'actrice française Léa Seydoux - la principale James Bond Girl - doit vivement regretter d'avoir eu à interpréter le personnage qui est le sien. Les dialoguistes lui ont mis dans la bouche des répliques d'une rare bêtise... Ce que l'actrice désigne gentiment comme un personnage ayant un «sale caractère» s'apparente davantage à un flacon vide brisé d'où émane une vertigineuse vacuité! Les incohérences dans la construction de ce personnage sont à ce point nombreuses qu'il n'est aucunement crédible. Ajoutons à cela qu'il n'y a absolument aucune chimie entre elle et James... ce qui pose forcément problème dans un film et, a fortiori, dans un James Bond...

De l'action comme sur un long fleuve tranquille !

Les décors sont plutôt ordinaires, les cascades répétitives, et il y a peu d'inventions dans la mise en scène des courses-poursuites si nombreuses dans ce genre de film.

Bien sûr, nous avons droit à quelques touches d'humour qui feront sourire les plus jeunes. Mais, là encore, nous sommes très loin de la qualité des «blagues de gars» ou de l'ironie d'un Guy Ritchie que l'on pouvait retrouver dans The Man From U.N.C.L.E. (voir ma critique), un film de la même catégorie que les James Bond.

Seule la magnifique scène d'ouverture du film de plus d'une dizaine de minutes mérite d'être saluée, incluant une incroyable bataille dans un hélicoptère au-dessus d'une place pleine de monde à Mexico et une impressionnante explosion d'un building.

Je suis allé voir ce film à 18h30. À 19h30, je commençais à m'endormir... J'ai lutté fort... très fort... Je remercie les bruits d'impact de balles et de voitures qui ont su me faire garder les yeux mi-clos tout au long de ce très long film...

Et je n'ose pas vous parler de la scène finale qui verse dans le plus épais des romantismes et qui nous laisse penser que Daniel Craig nous tire sa révérence en tant que James Bond...

Ceci explique peut-être cela: un tournage sous les coups de la malchance

Tout au long du film, le réalisateur semble se demander quoi faire avec son histoire (quatre scénaristes pour écrire quatre lignes de scénario...), ses acteurs, sa mise en scène et la réalisation à proprement parler des scènes d'actions.

Qu'est-il arrivé à Sam Mendes, lui qui avait brillamment réalisé le précédent James Bond (Skyfall), très apprécié autant par la critique que par les spectateurs et qui avait porté ce dernier au sommet du box-office international et remis James Bond au centre de la carte des plus prestigieux espions de ce monde?

Commençons par dire que, durant le tournage, le président de la MGM a fait pression pour réduire de 1/6ème le budget du film (soit 50 M$). Par la suite, Sony Pictures s'est fait pirater et voler le scénario du film qui a été révélé dans les médias par les hackers. Deux évènements qui ont certainement dû entrainer un remaniement du scénario à la dernière minute.

Au tout début du tournage, la production a subi un vol de matériel en Allemagne de près d'un million de dollars et Sam Mendes s'est vu refuser de nombreux sites de tournage qu'il espérait pour son film.

Pour finir, l'assistant réalisateur Terry Madden s'est gravement blessé durant le tournage et Daniel Craig s'est blessé le genou durant une scène de combat.

Une somme d'évènements imprévus, de refus et d'incidents qui semblent avoir laminé, édulcoré le contenu de ce vingt-quatrième opus des aventures de James Bond.

Je sais pertinemment que les fans - comme moi - de James Bond et autres amoureux d'histoires d'espions iront voir le film même après avoir lu ma critique... c'est ce que je ferais à leur place! Mais, je les aurai prévenu: à la fin du film, vous sortirez (si vous ne vous êtes pas endormis...) frustrés et déçus, j'en mets ma main au feu! Vous repenserez alors au Skyfall ou au Casino Royale avec Daniel Craig et cela vous fera encore plus de mal d'avoir perdu James!

Ma note : 4* sur 10.

* J'ai ajouté un point au film pour nous avoir enfin donné à voir une James Bond Girl de plus de 50 ans - incarnée par une somptueuse Monica Belluci - et plus âgée que James... Comme dirait Justin Trudeau: «parce que nous sommes en 2015!»

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