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Cher Journal: Ma mère me l'avait dit !

Cher journal,Pendant quelques années, quand on me demandait pourquoi je ne me présentais pas en politique, je répondais: « Ma mère ne veut pas ». Et c'était vrai. Et elle avait un argument massue: « tu vas te faire critiquer, tu ne le supporteras pas ».Je savais que j'allais me faire critiquer. C'est pour ainsi dire une condition d'embauche, en politique, comme pour tous ceux qui occupent une fonction publique, culturelle, économique ou autre.
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Cher journal,

Pendant quelques années, quand on me demandait pourquoi je ne me présentais pas en politique, je répondais: « Ma mère ne veut pas ». Et c'était vrai. Et elle avait un argument massue: « tu vas te faire critiquer, tu ne le supporteras pas ».

Je savais que j'allais me faire critiquer. C'est pour ainsi dire une condition d'embauche, en politique, comme pour tous ceux qui occupent une fonction publique, culturelle, économique ou autre. Je l'ai déjà dit: ceux qui ne veulent pas se faire critiquer publiquement devraient se limiter à rénover leurs sous-sols.

Allais-je le supporter ? J'avais de l'entraînement. Jacques Parizeau avait critiqué mon « idéalisme charmant » lors de la sortie de Dans l'oeil de l'aigle, en 1990 (parce que je dénonçais les écoutes électroniques américaines sur René Lévesque, une pratique que Parizeau jugeait inévitable). Robert Bourassa avait publiquement affirmé que les documents confidentiels que j'avais publiés pendant la campagne référendaire de 1992 étaient « des faux » (un mensonge éhonté).

Daniel Johnson était allé plus loin, pendant la campagne référendaire de 1995, en m'accusant devant une assemblée partisane d'avoir écrit un faux: le programme constitutionnel confidentiel du PLQ, qui proposait de faire du Québec une province officiellement bilingue. L'ombudsman de Radio-Canada allait démontrer que le document était un vrai, écrit par un vrai comité du PLQ, dont Johnson était le chef. (Je suis toujours disposé à accepter les excuses de M. Johnson, si jamais il veut en faire).

Journaliste, je fus également critiqué en privé. Un Bernard Landry outré m'a réveillé un matin parce que j'avais écrit que Bourassa avait eu un rôle important à jouer dans la création du Bloc québécois. Je ne prétends pas ici à l'originalité: beaucoup de membres de la tribu des scribes ont eu droit à ces appels, qui ne manquaient ni de verve, ni de vocabulaire châtié. (Répondant que j'allais détailler le rôle du PQ, et de Landry, dans la création du Bloc dans un livre à venir, je l'entendis me dire que ce serait ainsi, « à la cloche de bois ». Jolie expression qui signifie que personne ne l'entendra.)

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