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Ottawa et la Réforme Drainville

La session qui vient de se terminer à l'Assemblée nationale nous a démontré de façon éloquente -trop éloquente à mon goût, pour tout dire- les différences d'approche entre le gouvernement Harper et le gouvernement du Québec en ce qui a trait à la démocratie et, en particulier, au financement des partis politiques.
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La session qui vient de se terminer à l'Assemblée nationale nous a démontré de façon éloquente -trop éloquente à mon goût, pour tout dire- les différences d'approche entre le gouvernement Harper et le gouvernement du Québec en ce qui a trait à la démocratie et, en particulier, au financement des partis politiques.

Afin d'affaiblir les partis d'opposition, le gouvernement conservateur a utilisé sa majorité pour mettre un terme au financement public des partis politiques. Ce mode de financement est, de loin, le plus démocratique qui soit puisque le financement est accordé en fonction des voix obtenues lors des élections. C'est ce type de financement qui a permis, par exemple, au Parti vert de pouvoir faire campagne à l'échelle nationale, ce qui a abouti à l'élection d'Élizabeth May.

Il est difficile de concevoir un financement plus désintéressé que le financement public : pas d'enveloppes brunes, pas de collecteurs de fonds qui ont des accès privilégiés au ministre, pas de cocktails avec des lobbyistes qui utilisent ces activités de financement pour faire valoir leurs intérêts en échange d'un mille dollars bien investi. Non, le financement public est la transposition des voix populaires en soutien financier aux partis. Et l'électeur qui vote dans une circonscription qu'il croit perdante peut se consoler au moins en sachant que son vote sert sa cause.

Mais justement, l'idée que des fonds publics aillent dans les coffres des partis d'opposition déplaisait grandement au gouvernement conservateur. En coupant le financement public, on s'attaquait aux libéraux en pleine course à la chefferie, au NPD qui cherche à former le gouvernement, au Bloc qui veut briser le Canada. On me répondra que les conservateurs sont, eux aussi, victimes de cette coupe. On dira même qu'ils en sont les principales victimes puisqu'ils ont eu le plus de voix. Rien qu'une campagne de financement couplée d'un projet de loi contre l'avortement ne saurait régler. La base idéologique de droite des conservateurs se sait bien servie par le gouvernement Harper qui a un excellent sens du timing.

Un sondage rendu public la semaine dernière nous apprenait que la population canadienne a de moins en moins confiance dans le fonctionnement de la démocratie canadienne. Rien de surprenant avec les lois omnibus qui relèvent plus des dinosaures que des mammouths et le mépris marqué du gouvernement fédéral à l'égard de toute forme d'opposition, on se rappellera de l'abolition du programme de contestation judiciaire, du traitement des comités parlementaires par les conservateurs alors minoritaires, des coupes ciblées vers les femmes, les artistes, les environnementalistes et tout autre groupe suspect.

À bien des égards, la démocratie des conservateurs est, pour reprendre l'expression de Manon Cornellier, une démocratie de façade. Tout le contraire de ce qui se passe au Québec. Tout le contraire de ce que réclament, excédés, les Québécois.

La commission Charbonneau, dont les travaux ont le tour de nous déprimer sur la santé de notre démocratie au Québec, est un exemple de la façon de faire Québécoise, comme l'était la Commission Bouchard-Taylor. Il y a un problème majeur qui doit être réglé : on en parle sans cachette, on l'affronte, on crève l'abcès. Il y a de la corruption au Québec ? On va régler ça. On va se dire les vraies affaires et on va tout faire pour mettre un terme au problème.

Pour ce qui est du financement des partis politiques, l'écart entre Québec et Ottawa est encore plus grand. Le gouvernement du Québec a adopté à l'unanimité, 116 voix contre 0, ce qu'il est convenu désormais d'appeler la Réforme Drainville : la limitation des contributions aux partis politiques à 100 dollars, le plafond des dépenses et l'augmentation du financement public.

Le contraire d'Ottawa. Le ministre Drainville a écouté l'Opposition, a fait des compromis et est arrivé avec un projet de loi qui contribue à assainir les mœurs politiques. Il l'a fait dans un souci de démocratie, ouvert aux idées des autres partis. L'Assemblée nationale s'est comportée de façon responsable et a contribué à améliorer la démocratie québécoise. Un geste d'intégrité qui fait du bien dans une époque de cynisme et de méfiance à l'égard des institutions.

Le gouvernement Harper s'est servi du financement des partis politiques pour affaiblir ses adversaires, tout le contraire.

C'est à mes yeux une raison de plus pour croire qu'il est plus que temps d'avoir notre propre pays. On n'a simplement pas la même conception de la démocratie.

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