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Donald Trump, la tentation de l'isolationnisme

La campagne présidentielle américaine verra donc s'affronter Hillary Clinton et Donald Trump. Deux visions de l'Amérique, et du monde, qui nous concernent au premier chef.
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La campagne présidentielle américaine verra donc s'affronter Hillary Clinton et Donald Trump. Deux visions de l'Amérique, et du monde, qui nous concernent au premier chef.

Jugeant la politique étrangère de Barack Obama trop prudente, Hillary Clinton veut renouer avec l'interventionnisme américain qui avait marqué les décennies précédentes. Soutien inconditionnel d'Israël, elle avait approuvé la guerre d'Irak (2003) et, dans ses mémoires publiés sous le titre Hard Choices (Le Temps des décisions: 2008-2013, Fayard), se prononçait pour un engagement plus important en faveur de la rébellion syrienne.

"Les grandes nations ont besoin de principes organisateurs, et 'Ne pas faire n'importe quoi' [Don't do stupid shit] n'est pas un principe organisateur", a notamment déclaré l'ancienne secrétaire d'État dans une interview au mensuel The Atlantic (10/08/2014), épinglant un slogan que Barack Obama avait utilisé pour expliquer sa doctrine en politique étrangère.

Pour Clinton, notre époque est comparable à celle de la guerre froide. Les États-Unis font face à un mouvement mondial motivé par une idéologie hostile et doivent s'appuyer sur une stratégie globale pour l'affronter.

Il n'est pas surprenant qu'elle ait récemment ciblé ses attaques contre son adversaire républicain, Donald Trump, sur ce terrain, étrillant ses "positions dangereusement incohérentes".

Trump, une politique étrangère iconoclaste ?

Si la vision géopolitique d'Hillary Clinton ne surprend pas, celle de Trump mérite explication. Son slogan de campagne, "Make America Great Again !", résonne dans l'inconscient américain comme une référence aux années jugées fastes de l'époque Reagan.

Libéral en économie, quoique soucieux du sort des "cols bleus" victimes de l'ouverture des frontières et constituant le socle de son électorat, Donal Trump défend un État fort dans les domaines de la défense, de l'immigration et de la politique étrangère.

Nombre de ses déclarations tonitruantes ont légitimement choqué. Mais, au-delà de la provocation qui caractérise sa stratégie de communication électorale, pour Hadrien Desuin (Conflits n°9, 2e trimestre 2016), "Trump prône une realpolitik assez originale pour un candidat à la présidence":"Il veut renouer avec la puissance américaine, mais pas avec l'impérialisme humanitaire. Il ne veut pas changer les régimes du Moyen-Orient" et s'interroge sur l'utilité de l'OTAN.

Ce qui le distingue de la dynastie Bush sous influence des néoconservateurs, et le fait apprécier notamment de Vladimir Poutine.

Une convergence que les élites américaines lui pardonnent sans doute moins que ses outrances médiatiques.

L'Amérique et nous

Le phénomène Trump, quelle que soit l'issue du scrutin, est paradoxal. S'appuyant sur la tentation isolationniste des États-Unis, il prouve surtout que l'opinion américaine partage des réactions dites "populistes", c'est-à-dire en réalité libéralo-critiques, avec les pays de la vieille Europe.

Il serait ainsi davantage un point de convergence qu'un facteur de division de part et d'autre de l'Atlantique, quand bien même les solutions à apporter à cette crise de la représentation démocratique qui affecte peu ou prou tous les pays développés seraient évidemment différentes.

Dans les faits, isolationnisme et interventionnisme se succèdent moins qu'ils ne se complètent dans la tradition géopolitique américaine.

De même que le "réalisme" et l'"idéalisme" en matière de politique étrangère, comme le démontre John Spykman, dont les idées viennent de faire l'objet de la première thèse publiée en français (Nicholas John Spykman, l'invention de la géopolitique américaine, par Olivier Zajec, PUPS).

À la lecture de cette thèse et à rebours des analyses parfois simplistes, Trump renouerait peut-être davantage avec les fondamentaux de la géopolitique qu'une Hillary Clinton restant attachée au messianisme qui caractérise, pour le coup, une dérive "extrémiste" de la politique internationale de Washington.

Reste la seule question qui vaille en la matière: pour les intérêts de la France et de l'Europe, quelle serait la meilleure administration américaine? Ou la moins néfaste?

Il n'est pas dit que la réponse soit celle qui se présente comme la plus respectable.

Pour aller plus loin: "Spykman, inventeur de la géopolitique américaine?", note d'analyse géopolitique CLES de Grenoble Ecole de Management n° 189, 09/06/2016 - à lire sur http://notes-geopolitiques.com

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