La mort du dirigeant vénézuélien Hugo Chavez va être profondément déplorée par le gouvernement chinois.
Officiellement, pour des raisons de proximité idéologique, et d'alliance contre l'"impérialisme" des États-Unis. Plus concrètement, parce que Beijing a lourdement investi dans le Venezuela comme fournisseur pétrolier; et va s'inquiéter de l'avenir de ce placement stratégique.
Les réactions d'affliction officielle chinoise ne pourront pas manquer après la mort d'Hugo Chavez. Le dirigeant "frère" socialiste, aussi bien que l'allié contre l'impérialisme "yankee" au cœur même de sa zone d'influence traditionnelle, seront regrettés. Mais ce qui est en jeu pour la Chine au Venezuela de l'après-Chavez, ce sont des intérêts beaucoup plus concrets et considérables.
Prêts contre pétrole
Le Venezuela est, avec la Russie, le principal pays où la Chine a engagé une stratégie "prêts contre pétrole". La China Development Bank (CDB), principale banque "politique" du pays, a cumulé plus de 20 milliards de dollars de crédits à destination de la société nationale pétrolière PDVSA (Petroleos de Venezuela SA). La caractéristique de ces prêts étant leur remboursement en pétrole, par des livraisons de PDVSA à PetroChina, le principal pétrolier chinois.
Ces accords ont permis ces dernières années à la Chine -dont la sécurisation de son approvisionnement pétrolier est une priorité stratégique absolue- de s'assurer 10 millions de tonnes de livraison annuelle de brut vénézuélien (ou, plus souvent, de pétrole échangé sur les marchés internationaux contre du brut vénézuélien). Et les objectifs à terme sont nettement plus ambitieux. Dans les plans chinois, le Venezuela pourrait en effet fournir à l'horizon 2020 entre 20 et 50 millions de tonnes de pétrole brut par an à la Chine.
Certains grands projets de raffineries de PetroChina en Chine sont d'ailleurs directement liés à ces approvisionnements vénézuéliens.
Une évolution qui sera suivie avec attention
L'évolution du pays après la mort d'Hugo Chavez sera dès lors suivie avec attention par les dirigeants chinois. Ils savent que l'emprise acquise par la Chine sur l'économie vénézuélienne -les groupes de construction, télécommunications, automobiles... ont suivi PetroChina, et l'encours des crédits de la CDB liés à ce pays dépasserait 40 milliards de dollars- pourrait être un argument utilisé par une opposition aux héritiers du leader charismatique.
Une renégociation des dettes contractées par le pays auprès de la China Development Bank mettrait la Chine dans une position de débiteur "classique", comme d'autres financiers vis-à-vis du Venezuela par le passé.
Ce qui n'est pas du tout ce que la Chine escompte d'un pays "frère" susceptible de couvrir à terme 10% de ses besoins annuels en pétrole brut.
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