Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Affaire Snowden: le silence stratégique de Beijing

Le silence officiel des autorités chinoises depuis le début de l'affaire Snowden ne relève en aucun cas d'un embarras diplomatique. Mais d'une excellente maîtrise de la communication d'influence.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le silence officiel des autorités chinoises depuis le début de l'affaire Snowden ne relève en aucun cas d'un embarras diplomatique. Mais d'une excellente maîtrise de la communication d'influence.

Les révélations d'Edward Snowden, ancien sous-traitant sous contrat pour la NSA (National Security Agency), sur l'ampleur de l'espionnage américain des réseaux informatiques à l'étranger comme aux États-Unis, sont tombées à un moment on ne peut plus opportun pour Beijing.

Le principal argument dans la lutte d'influence que Washington menait depuis plusieurs mois contre la Chine, pointée du doigt comme un foyer de cyber-espionnage, au point de susciter un sommet exceptionnel entre les Présidents des deux grandes puissances (au moment même où éclatait l'affaire), est désormais difficilement utilisable.

Maîtrise de l'image

Bien qu'Edward Snowden se soit réfugié à Hongkong, sur le territoire chinois, pour faire ses révélations, Beijing s'est abstenu de tout commentaire officiel depuis le début de l'affaire. Interprétée comme un signe d'embarras diplomatique du gouvernement chinois, cette attitude relève pourtant d'une tout autre réalité. Loin des clichés datés, le pouvoir chinois a acquis depuis plusieurs années une excellente connaissance de ses adversaires dans la lutte d'influences globale; et une maîtrise de la stratégie à déployer dans cette lutte. Les dirigeants chinois aujourd'hui savent que l'image très porteuse, dans la société occidentale, d'un individu qui s'est dressé contre le système, au péril de sa vie et de sa liberté, serait sérieusement écornée s'il était soutenu par un gouvernement à la tête d'un État policier, émanation d'un système de parti unique.

Le billet se poursuit après la galerie

Terre du pas si libre

Les détournements de l'affaire PRISM

Edward Snowden dit aujourd'hui ce que la Chine a intérêt à faire savoir - que le piratage informatique, dont les États-Unis l'accusaient avec insistance, est pratiqué à grande échelle par ces mêmes États-Unis. Et il le fait avec tout le capital de sympathie dont jouit, dans l'opinion occidentale, un individu face au système. Lui apporter un soutien officiel reviendrait, pour Beijing, à entamer ce capital de sympathie -ou pire, à susciter des interrogations sur les motivations profondes de ses révélations.

Jeu sur les niveaux de discours

Pour se convaincre de cette stratégie, il suffit de constater que, après quelques jours de silence, la presse chinoise s'est mise à proclamer ce que le gouvernement chinois ne veut pas dire pas officiellement: que les révélations d'Edward Snowden démontrent l'hypocrisie américaineface à la Chine.

La première réaction officielle finalement venue, dix jours après l'éclatement de l'affaire, par le biais de la porte -parole du ministère des Affaires étrangères, n'a d'ailleurs pas été faite au nom de la Chine; mais de la "communauté internationale", à laquelle Beijing invite Washington à donner des explications. Le jeu sur un double niveau de discours - avec, face au silence officiel, une presse qui se montre plus exigeante, comme si elle était plus libre de ses mouvements -témoigne là encore d'une maîtrise de la communication d'influence. À voir le contraste entre les deux, on pourrait en effet presque en oublier que le directeur de l'Administration Générale de la Presse chinoise, qui contrôle son contenu, est membre du Comité central du Parti communiste chinois, dont le gouvernement est une émanation...

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Avoir un mot de passe "fort"

8 astuces pour sécuriser sa vie privée en ligne

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.