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Et maintenant, qui sera le prochain vice-président? Le cas Trump

Donald Trump doit restaurer son image auprès des principales communautés qu'il a pu blesser: les femmes, les Mexicains et les musulmans.
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On l'imaginait difficilement et certains pensaient même qu'il serait balayé par une convention ouverte ou une autre manœuvre quelconque fomentée par les plus rebelles à sa candidature au sein du Parti: Donald Trump est pourtant aujourd'hui en position de recevoir l'investiture du parti républicain et il réfléchit désormais à celui ou celle qui sera élu/e pour entrer -peut-être- en même temps que lui à la Maison-Blanche, en tant que vice-président/e.

Ne jamais croire à l'évidence

Les candidats auxquels tout le monde pense sont ceux qui n'ont pas tardés pour soutenir un candidat sulfureux et qui faisait l'unanimité contre lui. Les anciens concurrents Ben Carson et Chris Christie sont bien entendu en haut de la liste. Le premier a cependant repoussé l'hypothèse et il se trouve maintenant à la direction du comité qui va suggérer un nom au candidat: difficile d'imaginer qu'il se choisisse lui-même. Le second a l'étoffe de la fonction, mais son ralliement-surprise ne peut gommer le fait qu'il est originaire du même secteur géographique que Donald Trump et qu'il ne lui apporterait pas grand-chose dans cette campagne.

Les autres ralliés de la campagne, qui ont fait preuve de courage et attendent d'être récompensés sont Sarah Palin, qui a déjà l'expérience de cette aventure, Mary Fallin, Rick Scott, Jeff Sessions, Newt Gingrich. Toutefois, aucun de tous ceux-là ne sont en mesure de restaurer l'image de Donald Trump auprès des principales communautés qu'il a pu blesser: les femmes, les Mexicains et les musulmans. C'est pourtant bien la mission que devra réussir ce candidat à la vice-présidence.

L'Ohio et la Floride, États convoités

Le vote musulman n'est pas très important à l'échelle nationale, à peine un peu plus de deux millions d'individus, qui ne sont pas très impliqués en politique. La reconquête de cette population ne sera donc pas un enjeu majeur. En revanche, leur stigmatisation permet à Donald Trump de contenter les évangélistes protestants, voire certains groupes catholiques. Il ne faut pas négliger que le vote religieux pèse très fortement dans une campagne; il a permis à George W. Bush d'accéder à la Maison-Blanche. Dans le sud, Donald Trump sait qu'il a un avantage sur la candidate démocrate parce que le Parti républicain y est mieux implanté. Il lui faut cependant sécuriser certains États, comme la Virginie, la Caroline du Nord et la Floride. La démographie y a changé dernièrement, avec une montée significative de la proportion d'Hispaniques.

Donald Trump ferait un coup double en Floride et dans la région s'il choisit Marco Rubio comme vice-président. Son ancien opposant n'est pas seulement Hispanique: il est aussi catholique et très pratiquant. Il est apprécié et achève son mandat de sénateur. Il peut donc apporter à l'homme d'affaires la connaissance de Washington dont celui-ci manque cruellement. Pour Marco Rubio, l'opération serait une aubaine: sans mandat à partir de novembre, il verrait sa carrière repartir, avec une perspective extraordinaire sur l'avenir. Car il serait perçu comme le grand rassembleur du parti et pèserait donc très lourd politiquement. Sa jeunesse, enfin, est un véritable atout. Ce choix devrait être largement plébiscité: en sécurisant le vote catholique, il assure la victoire dans plusieurs États. En partant à la reconquête des Hispaniques, il assure le futur du Parti républicain et, dans l'immédiat, la réélection de nombreux députés et sénateurs qui devront également passer par l'épreuve des urnes en novembre.

Plus au nord, dans les anciennes terres ouvrières, Donald Trump a surpris lors des primaires en attirant à lui le vote ouvrier. Plusieurs États vont être stratégiques pour la victoire finale. Rob Portman, le sénateur de l'Ohio, ou même le gouverneur en personne, John Kasich -son ancien concurrent- pourraient permettre d'empêcher la candidate démocrate de prendre le dessus dans cette région et donc de la mettre en difficulté. On avait déjà pensé à Portman lors de la dernière élection. Ce pourrait donc être son heure, même s'il se défend d'être intéressé. John Kasich a un rôle évident à jouer un sein de parti; il est le dernier candidat de l'establishment qui est resté en lice et est donc idéalement placé pour parler aux uns et aux autres et remettre le parti en ordre de marche. Son expérience du pouvoir, mais aussi sa grande connaissance de l'international sont des atouts indéniables.

Sa faiblesse: les femmes

L'autre problème à régler pour Donald Trump est celui des femmes. Sa réputation de misogyne, brutal et outrancier pourrait lui coûter la Maison-Blanche: 54% du corps électoral est féminin. Il a lancé une attaque de grande ampleur pour tenter de freiner l'effet symbolique de la candidature Hillary Clinton, première femme candidate. De «on ne vote pas avec son vagin», on est passé à «C'est une incapable, si elle n'était pas une femme elle ne ferait pas 5%». Pas sûr que cela soit suffisant, cependant, surtout lorsque la convention démocrate va consacrer la candidate. La ferveur pourrait bien devenir énorme et le seul moyen d'arrêter cela serait de se réconcilier avec cet électorat. Pour cela il n'y a qu'une voie: choisir une femme.

Trois possibilités de poids s'offrent à lui: Joni Ersnt, Susana Martinez et Nikki Haley. Joni Ernst, la sénatrice de l'Iowa, est un bon choix pour sécuriser le nord, mais elle n'apporte aucune autre valeur ajoutée. Susana Martinez faisait partie des candidats potentiels à la présidence. Elle n'est pas seulement hispanique: elle est d'origine mexicaine et gouverneur du Nouveau-Mexique, qui compte une des plus fortes populations hispaniques. Son avantage est donc de combiner des solutions à de multiples problèmes auxquels le candidat Trump se trouve désormais confronté. Avec elle à ses côtés, il pourrait espérer conserver l'Arizona, le Colorado et même gagner la Floride, car elle est extrêmement populaire. Mais celle qui est ultra-favorite reste Nikki Haley, la coqueluche actuelle du Parti républicain. Gouverneure de Caroline du Sud, elle a formidablement réussi dans ce poste. Elle reste très conservatrice, mais jamais dogmatique. C'est elle qui a mené la charge contre le drapeau confédéré l'été dernier, inscrivant son comportement politique dans une logique d'avenir, ce qui n'est pas étonnant, car elle est issue de la minorité qui se développe le plus rapidement dans le pays: les Asiatiques (ses parents sont nés en Inde).

Quels que soient les candidats pressentis, aucun ne dira qu'il est totalement intéressé. Tous vont expliquer qu'ils ont mieux à faire, que le local les intéresse davantage: c'est le politiquement correct américain, un jeu que l'on retrouve à chaque fois, jusqu'à la convention du Parti. Aucune chance non plus que le nom ne soit dévoilé avant ce grand rassemblement, du moins officiellement. Cette annonce est réservée aux délégués, qui sont les représentants de tous les Américains qui ont participé aux primaires et aux Caucus. Le retour à l'unité est au prix d'un rituel qui donne aux partis leur importance et leur raison d'être. Les candidats le savent, tout comme ils savent qu'ils ont besoin du parti. On peut donc raisonnablement s'attendre à ce que, dans le cas de Donald Trump, il ne fasse donc plus rien désormais pour l'abimer davantage. Si c'est encore possible.

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Jean-Eric Branaa: Qui veut la peau du Parti républicain? L'incroyable Donald Trump, éditions de Passy, 2016.

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