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Hillary Clinton, Madame POTUS? Pour qui, pourquoi?

Pour tous ceux qui ont suivi de près la campagne d'Hillary Clinton, ils mesurent à quel point ses paroles sont bien choisies et surtout, combien elles correspondent à la femme qu'Hillary est devenue. Cela nous en dit très long sur la présidente qu'elle compte être.
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"To every little girl who dreams big: Yes, you can be anything you want--even president. Tonight is for you. -H" (à chaque petite fille qui fait des rêves merveilleux: Oui, tu peux les réaliser - même si c'est devenir présidente. Cette soirée est pour toi. -H."

Quelques minutes avant de monter sur la scène, à New York, pour délivrer à ses partisans un discours historique, Hillary Clinton a adressé un tweet aux petites filles des États-Unis. Le propos se voulait gentil et tendre, comme le message d'une grand-mère à une petite-fille. Presque intime. Pour tous ceux qui ont suivi de près la campagne d'Hillary Clinton, ils mesurent à quel point ses paroles sont bien choisies et surtout, combien elles correspondent à la femme qu'Hillary est devenue. Cela nous en dit très long sur la présidente qu'elle compte être.

L'histoire en marche

Certes, on retient de cette journée la dimension historique: Hillary Clinton est la première femme qui reçoit l'investiture d'un des deux grands partis politique avec, il faut le souligner, une chance réelle d'accéder à la Maison-Blanche. Son discours a porté sur cet aspect des choses, car c'est ce qu'attendaient tous ceux -et toutes celles- qui ont fait de cette victoire un achèvement collectif: "La victoire de ce soir n'est pas celle d'une personne, elle appartient à une génération de femmes et d'hommes qui se sont battus et se sont sacrifiés et ont rendu possible ce moment", a affirmé la candidate. Pour renforcer cette certitude, un petit film a été projeté, à la gloire de la lutte des femmes dans ce pays, de la conquête de leurs droits, un par un, depuis le droit de vote, puis à la recherche d'une égalité de traitement et, enfin, pour gagner le respect et la reconnaissance légitimes qu'elles revendiquent à juste titre.

Hillary s'est tenue au milieu de la scène pour égrener un discours à la gloire de sa mère -une autre femme, la plus importante pour elle, comme une mère l'est pour nous tous- et pour élargir désormais son combat en y associant toutes les femmes du pays. Quelle était donc curieuse cette image d'une dame, si petite par la taille, au milieu d'une salle immense et devant une foule inhabituelle dans cette campagne, pour ce qui la concerne en tout cas. Mesurait-elle le poids de l'instant sur ces épaules ? Si tel était le cas, elle n'en a rien montré et son sourire, radieux, a effacé les signes de la longue et difficile campagne des primaires qu'elle vient de remporter.

Une lutte féroce

Lorsqu'elle s'est lancée dans la course, au mois d'avril dernier, il était communément admis qu'elle aurait une campagne facile: elle était promise à cette destinée et personne n'avait regardé dans le rétroviseur, où on aurait pourtant pu déjà apercevoir tous les éléments qui ont permis à Bernie Sanders de faire largement plus que de la figuration. S'il faut reconnaître que cette compétition avec le sénateur du Vermont a bien servi la cause de l'ancienne Secrétaire d'État, il n'était pas prévu qu'elle soit aussi rude: elle lui a assurément bien servi, car la campagne aurait été bien terne si Hillary Clinton avait été la seule à concourir pendant ces longs mois, alors que les républicains se livraient à un véritable show médiatique avec les outrances de Donald Trump en vedette américaine. Mais il lui a également donné beaucoup de fils à retordre: du côté démocrate, Bernie Sanders a joué un rôle très similaire à celui de Donald Trump, celui de trublion, celui qui refuse le système et prétend apporter à la vie politique un souffle nouveau, tout en libérant la parole de ceux que l'on n'écoute jamais. Elle aurait pu s'accommoder facilement de cela s'il n'y avait pas eu un grain de sable qui a failli tout gripper: au fil des mois, elle perdait le vote des femmes.

La panique a presque gagné les rangs de ses fidèles lorsque les premiers résultats ont mis en évidence qu'elle ne pouvait pas compter -automatiquement- sur ce vote-là: Madeleine Albright a un peu perdu ses nerfs, et une bonne occasion de se taire, car son intervention malheureuse n'a servi qu'à creuser encore davantage le fossé entre les jeunes Américaines et la grand-mère candidate. Les petites blagues du genre "je serai la plus jeune femme candidate à la présidence des États-Unis de tous les temps" ne passaient plus et il était urgent de changer de stratégie. Tracy Sefl, un de ses conseillères pour la question "femme" a concédé un flottement et une hésitation à assumer la question du genre: Hillary avait une autre stratégie et voulait être la présidente de tous ceux qui souffrent, hommes comme femmes. Toutefois, l'impopularité d'Hillary Clinton auprès des femmes est devenue un problème réel, au point que 54 % des femmes ont préféré le vieux sénateur dans la plupart des scrutins et... 82 % des femmes de moins de 30 ans

Reconciliées

Ceux qui gardent la tête froide ont cependant souligné que les enquêtes d'opinion révèlent qu'il n'y a que 7 % des électeurs qui ont déjà décidé à ce jour pour qui ils voteront en novembre, soit 9 millions sur les 235 millions qui ont le droit de vote. Si les mêmes études indiquaient que 62 % des électeurs indécis sont des femmes, il faut également relever que l'opinion défavorable d'Hillary Clinton, qui serait montée jusqu'à 80% des femmes en âge de voter, ne reposait finalement que sur un contexte de crise passagère. Il reste un peu plus de cinq mois avant l'élection et déjà la réconciliation semble se faire, et même avec une rapidité inattendue.

La victoire écrasante de la candidate dans les derniers scrutins, et en particulier en Californie, pourrait être le signe que les femmes ont rangé leur fâcherie et, considérant que la compétition était terminée, exprimant désormais un choix raisonné en faveur de celle qui a fait, comme on va s'en apercevoir, une très bonne campagne, comme on va s'en apercevoir dans les prochains mois: loin des vociférations, des effets de tribune ou des emportements, Hillary Clinton a réalisé la campagne qu'elle avait annoncé lorsqu'elle est partie, à bord de son bus surnommé Scoubidou, pour rencontrer de vrais Américains, à la recherche de témoignages de leur vie, de rencontres authentiques, loin des super-meetings à 30000 personnes. Elle a semé une bonne graine, celle de l'écoute et de la proximité. Cette façon de faire campagne est certes moins médiatique, mais elle permet de renforcer son discours sur la durée et de se préparer à l'action en tenant compte de la réalité, telle qu'elle est vécue par des millions de compatriotes.

Charlotte et les petites filles

L'aspiration que les hommes et femmes politiques ajoutent dans leurs habitudes une humanité que l'on voit disparaître dans nos sociétés modernes a été le point fort de cette campagne. N'était-ce pas le parti pris d'Hillary Clinton dès le lancement de sa campagne lorsqu'elle s'effaçait dans son clip de lancement au profit de tous ceux dont elle voulait être la championne ? La boucle est presque bouclée si on se souvient également des aspirations qu'elle affichait: elle voulait pouvoir agir pour changer le futur de sa petite fille, Charlotte, la fille de Chelsea. C'est là qu'elle aurait puisé la force de repartir pour un nouveau combat, alors qu'elle aurait tout aussi bien pu faire le choix d'épouser ce nouveau rôle de grand-mère et de profiter de sa petite-fille au quotidien. La femme politique qu'elle a été toute sa vie, façonnée par les conseils de Dorothea, qui a accompagné Bill, tenant des rôles exposés, première dame d'Arkansas, puis des États-Unis, avant de se lancer à son tour dans l'arène politique, comme sénateur de New York et ministre des Affaires étrangères des États-Unis, cette femme-là ne pouvait pas rester inactive. Elle savait que son destin serait de participer.

Alors, comme je le concluais dans mon livre "Hillary, une présidente des États-Unis", les petits filles américaines d'aujourd'hui, telle Charlotte, pourront ajouter -certainement bientôt- dans la liste de leur projet d'avenir, celui qui fut pendant longtemps le domaine réservé des petits garçons américains et déclarer comme eux: "Quand je serai grande, je serai présidente des États-Unis."

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Jean-Eric Branaa: Hillary, une Présidente des États-Unis?, éditions Eyrolles, 2015.

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