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Donald Trump avait prévenu, il gère les États-Unis comme on gère une entreprise

On a pu voir qu’il ne plaisantait pas. Et on peut dire que ça bouge à la Maison-Blanche.
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Donald Trump avait prévenu, il gère les Etats-Unis comme on gère une entreprise.
Leah Millis / Reuters
Donald Trump avait prévenu, il gère les Etats-Unis comme on gère une entreprise.

Sally Yates, Gerry Lansing, Michael Flynn, Craig Deare, Katie Walsh, K.T. McFarland, Angela Reid, James Comey, Mike Dubke, Walter Shaub, Mark Corallo, Sean Spicer, Derek Harvey, Reince Priebus, Anthony Scaramucci, Steve Bannon, Sebastian Gorka, Keith Schiller, Tom Price, Dina Powell, Omarosa Manigault, Andrew Mccabe, Rob Porter, Hope Hicks, Gary Cohn.

Tous ont en commun d'avoir été dans l'entourage immédiat du Président, comme conseiller, haut fonctionnaire, ou ministre. Comme Rex Tillerson, qui s'ajoute désormais à cette liste, tous aussi partagent une réalité: ils ne sont plus à ses côtés aujourd'hui. Ils ont démissionné, été démissionnés ou plus sèchement renvoyés.

Le président des Etats-Unis a averti en arrivant: il allait gouverner comme on dirige une entreprise. Seule compterait l'efficacité et le pdg de l'entreprise Etats-Unis n'allait donc pas hésiter à se séparer de ses directeurs ou chefs de services lorsqu'ils ne donneraient plus satisfaction. On a pu voir qu'il ne plaisantait pas.

Nettoyer le bourbier

Car Donald Trump a fait campagne aussi sur une idée très populaire chez ses électeurs: celle de nettoyer le bourbier de Washington. Pour "sa base", il est important d'incarner l'homme d'affaires efficace qu'il a prétendu être pendant cette campagne très intense et très compliquée. Il a crié avec la foule pour dénoncer ceux qui se détournent de leurs promesses une fois qu'ils sont élus. Aujourd'hui qu'il est reparti en campagne (pour 2020), il entend montrer à ceux qui lui ont fait confiance qu'il ne faiblit pas, voire qu'il intensifie ses efforts. La valse des noms sur les différents postes a beaucoup plu aux Américains qui considèrent que les élus leur doivent tout et qu'il faut s'en débarrasser lorsque cela ne va plus. Et ils sont très nombreux à penser ainsi.

Dans le Sud des Etats-Unis, on appelle RINO ceux qui trahissent leurs promesses. Cet acronyme ne désigne pas le pachyderme mais signifie "qui n'a de républicain que le nom". Trop souvent, pense-t-on dans les campagnes bien loin de Washington, les élus ne pensent qu'à se servir et à s'engraisser. La confiance n'y est plus et l'élection de Donald Trump a été l'aboutissement de cette rupture. Le 45 président le sait bien puisqu'il s'est appuyé sur cette idée pendant sa campagne. Il lui faut cependant se méfier et ne pas faire les frais à son tour de ce rejet. Il se sert donc de ceux qui l'entourent comme d'autant de fusibles qui lui permettent de se relancer à chaque fois.

Qui sera le prochain?

Il ne faut donc pas s'attendre à une stabilisation du côté de la Maison-Blanche dans les prochains mois. Bien au contraire, le grand jeu de Washington est maintenant de parier sur le nom du prochain sortant. Et ils sont très nombreux dans cette catégorie, également.

Selon le précédent "Tom Price", le malheureux ministre éphémère de la santé, qui a été raccompagné vers la sortie pour avoir utilisé des avions privés aux frais du contribuable, on peut penser que tous ceux qui sont mêlés à un scandale financier devraient très vite subir le même sort: David Shulkin est en tête de liste. Le ministre des anciens combattants a eu le tort de faire de nombreux voyages en Europe, plus pour des raisons privées que pour défendre les intérêts de ceux dont s'occupe son ministère. Cela a grandement irrité le locataire de la Maison-Blanche qui devrait le lui faire savoir très prochainement. Son poste est d'autant plus menacé que Sarah Sanders, la porte parole de Donald Trump, vient de dire de lui qu'il fait un "Great job", ce qui presque toujours été la parole magique annonçant un changement au poste ainsi qualifié.

Dans la même catégorie, il a une belle concurrence avec Ryan Zinke, le ministre des territoires, également concerné par des dépenses de voyages exubérantes et une facture pour refaire la porte de son bureau qui s'élève tout de même à 139.000 dollars. Autrement dit, cela doit au moins être les portes du paradis, où Donald Trump, fatigué d'en entendre parler dans les journaux, devrait l'envoyer très prochainement. Scott Pruitt est très proche du président et son bras armé contre l'environnement. Le directeur de l'EPA a pourtant le tort d'aimer lui aussi les voyages, qu'il fait financer par les contribuables. Or il aime surtout les jets privés et les hôtels cinq étoiles et n'a pas tiré la leçon de l'éviction de Tom Price. Même la caution "minoritaire" du président, son ex-challenger de la présidentielle, Ben Carson, a de grandes chances de ne plus être à son poste avant l'été: il est en charge du logement et des affaires sociales, et des dépenses pour refaire sa salle à manger qui se montent à 31.000 dollars semblent tout de même un peu exagérées. Ce n'est donc pas la peine d'apprendre leur nom car ils ne devraient plus être là très bientôt.

Du côté des poids-lourds

Mais la liste ne s'arrête pas là. Il y a aussi en ligne de mire des poids lourds du gouvernement. John Kelly est de ceux-là. Le général avait "toute la confiance du président", au point de devenir le secrétaire général de la Maison-Blanche en remplacement de Reince Priebus. Vous vous souvenez? C'était la panique dans cette maison avant son arrivée et on ne parlait que de chaos, de scandales et de gens qui se faisaient renvoyer. Vous avez vu une différence depuis? Voilà pourquoi il y a de grandes chances qu'un nouvel ajustement intervienne prochainement.

Betsy DeVos est dans le collimateur à son tour. La ministre de l'éducation n'a jamais été acceptée par l'opposition et encore moins par les professeurs et les syndicats du secteur. Lui ont été reprochées son incompétence et sa totale ignorance des dossiers. On aurait pu penser qu'elle aurait mis à profit la première année dans le poste pour combler ses lacunes ; mais une émission de télévision la semaine dernière a surpris tous les téléspectateurs: non seulement elle était incapable de répondre aux questions les plus simples, mais elle a admis n'avoir fait "aucune visite d'école en difficulté" depuis sa nomination. Les parents n'ont pas apprécié. Le président non plus, certainement.

John Mattis n'est pas davantage à l'abri. Tellement pas qu'il pourrait bien figurer au nombre des tout prochains partants. Son tort? Savoir dire au président ce qu'il pense, ou plutôt le dire un peu trop fort. Il n'y a pas eu réellement de clash entre les deux hommes depuis qu'il est ministre de la défense, mais Mattis se laisse parfois emporter dans ses commentaires, même en présence de journalistes. Inconcevable de la part d'un militaire, dans l'esprit de Donald Trump.

Il reste enfin à se pencher sur le cas de H.R. MacMaster, puissant conseiller à la sécurité nationale, qui a remplacé Michael Flynn et devait prouver au monde que Donald Trump s'entend avec des hommes qu'il ne maîtrise pas. Ce temps-là est aujourd'hui révolu et le président ne veut plus rien prouver. Désormais il demande de la loyauté totale, de la cohésion et du silence dans les rangs. McMaster doit déjà être en train de finir ses paquets.

Et Jeff Sessions?

Beaucoup d'observateurs ajoutent Jeff sessions dans leurs listes. Je ne le fais pas: Jeff Sessions a été donné 500 fois partant, et il est toujours là. Certes, le président lui en veut de s'être récusé dans l'enquête russe. Cela lui aurait bien servi d'avoir au plus près de lui quelqu'un qui pouvait tout faire sauter en cas de danger. Mais ce temps-là aussi est passé. Le rôle de Jeff sessions est bien plus stratégique désormais: il s'est engagé dans le lutte contre la Californie et tous les Etats rebelles à cette présidence et qui ne veulent plus appliquer les lois fédérales: le dossier de l'Etat (la Californie) et des villes sanctuaires demande un suivi très fort, que Sessions peut mener parce qu'il est convaincu lui-même qu'il faut le faire. Les convictions de Jeff Sessions l'emmèneront aussi à s'attaquer à la libéralisation du cannabis dans le pays, avant de regarder de plus près comment réduire encore le droit à l'avortement. Le vice-président l'y aidera, car ils sont en communion d'idées sur tous ces sujets.

La tendance des prochains jours n'est donc pas à une stabilisation ni à l'apaisement d'un climat orageux derrière les murs majestueux de cette maison qui abrite l'exécutif américain. Il ne vous reste plus qu'à faire vos paris sur le nom du prochain qui sortira en tête de liste...

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