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Le Québec devrait considérer d'autres protocoles de financement pour ses hôpitaux

Nombre de personnes sont prêtes à payer davantage pour obtenir des produits de qualité supérieure. Par exemple, si vous achetez un téléviseur, vous aurez la certitude qu'il fonctionnera bien lorsqu'il sera dans votre salon. Si ce n'est pas le cas, l'appareil sera remplacé sans frais. Mais cette règle ne s'applique pas aux hôpitaux québécois, où argent ne rime pas avec qualité des soins.
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Ce blogue a été co-écrit par Jason M. Sutherland et Nadya Repin coordonnatrice de recherche au sine du Centre for Health Services and Policy Research de l'Université de la Colombie-Britannique.

Nombre de personnes sont prêtes à payer davantage pour obtenir des produits de qualité supérieure. Par exemple, si vous achetez un téléviseur, vous aurez la certitude qu'il fonctionnera bien lorsqu'il sera dans votre salon. Si ce n'est pas le cas, l'appareil sera remplacé sans frais.

Mais cette règle ne s'applique pas aux hôpitaux canadiens, où argent ne rime pas avec qualité des soins.

Évidemment, la chirurgie et les téléviseurs sont deux choses tout à fait différentes. Vous n'êtes pas obligé de remplacer votre télé, alors qu'un remplacement de reins, c'est autre chose. Mais bien que les entreprises aient intérêt, sur le plan financier, à offrir de bons produits aux consommateurs, les hôpitaux eux, reçoivent les mêmes sommes pour traiter les patients, peu importe la qualité des soins dispensés.

La qualité des soins n'est pas une question banale. Nombreux sont ceux qui ont un parent ou un ami dont l'état s'est aggravé pendant une hospitalisation, après avoir contracté une infection nosocomiale ou reçu le mauvais type ou la mauvaise dose de médicaments. Bien que les taux d'incidents et d'erreurs médicales diminuent depuis 2000, les patients et les professionnels de la santé demeurent sceptiques quant à la sécurité des hôpitaux. Plus de la moitié des Canadiennes et des Canadiens sont convaincus qu'ils seront victimes d'une grave erreur médicale lors d'un séjour à l'hôpital, et 75 % des infirmières sont aussi de cet avis.

En général, les hôpitaux au Québec, tout comme c'est le cas dans les autres provinces canadiennes, reçoivent annuellement un montant forfaitaire pour fournir des soins à leurs patients. Cette somme demeure la même peu importe si le patient décède, retourne à la maison en bonne santé ou s'il vit des complications et se retrouve une fois de plus à l'hôpital ou chez son médecin. Les investissements pour contrôler les infections, réaménager les espaces hospitaliers ou acheter de nouveaux équipements pour réduire les risques d'accident sont vus comme un mal nécessaire dans un budget fixe, et non des occasions pour améliorer les soins.

Récemment, la Colombie-Britannique et l'Ontario ont modifié leur façon de financer les hôpitaux, et le Québec observe leurs démarches.

Selon les nouvelles politiques en Ontario et en C.-B., les hôpitaux sont payés selon la quantité et le type de soins dispensés. Toutefois, les actuels et nouveaux protocoles de financement des hôpitaux ne comportent aucun incitatif pour améliorer les soins.

Bien que l'injection de fonds supplémentaires n'améliore pas les résultats sur le plan de la santé, certains pays pénalisent maintenant les hôpitaux qui fournissent des soins de piètre qualité. Par exemple, les réhospitalisations attribuables à des erreurs évitables ne sont pas remboursées au Royaume-Uni. Il en va de même pour Medicare (le plus important assureur de personnes âgées aux États-Unis). En Allemagne, les frais de réhospitalisation pour un même problème de santé dans les 30 jours suivant un congé ne sont pas remboursés.

Idéalement, nous voulons récompenser les hôpitaux qui ne donnent un congé que si le patient est guéri. Par ailleurs, le Québec et le Canada doivent-ils suivre les tendances internationales et arrimer financement des hôpitaux avec qualité des soins? La qualité et les dépenses des hôpitaux font l'objet de rapports publics, lesquels pourraient alimenter l'élaboration de ces politiques. L'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) publie régulièrement de telles statistiques.

Au Québec, le taux de réhospitalisation de 30 jours au Centre de santé et de services sociaux de Gatineau est de 7,03 pour 100 hospitalisations. Le taux au CSSS de Chicoutimi est de 8,3, ou une réhospitalisation de plus pour 100 patients.

Au Royaume-Uni ou en Allemagne, la réhospitalisation de patients et les coûts occasionnés entraîneraient pour le CSSS de Chicoutimi la perte d'une part de son financement.

Les chiffres démontrent que de tels ajustements comportent certaines difficultés. Le CSSS de Chicoutimi consacre 4 089 $ pour chaque hospitalisation, alors que le CSSS de Gatineau en consacre 3 972 $ (chaque chiffre est ajusté selon l'âge du patient et la charge que représente la maladie). Or, quel montant faudrait-il soustraire des 4 089 $ pour cause de soins déficients? Il n'existe aucune donnée probante qui indiquerait le montant à soustraire pour dissuader les hôpitaux de dispenser des soins médiocres.

Si le montant est modeste, la pénalité sera trop légère et l'établissement ne modifiera pas ses façons de faire. S'il est trop élevé, la qualité des soins risque de dépérir davantage. Tant que nous ne disposerons pas de données probantes sur le lien entre les sanctions pécuniaires et la qualité des soins, ces statistiques n'offriront qu'un aperçu de ce qui peut être fait pour améliorer les soins.

Les soins de santé relèvent d'un tout autre domaine que l'achat de biens de consommation. Vous pouvez rapporter votre télé mais vous ne pouvez pas rapporter une chirurgie mal faite. Les réformes exécutées en C.-B. et en Ontario démontrent la présence d'une volonté de changer la manière de financer les hôpitaux. Cependant, si nous voulons récompenser les établissements qui prodiguent de bons soins, il faut répondre à la question clé: comment devons-nous procéder?

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