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L'erreur stratégique évitable de Netanyahu

Le premier ministre israélien Netanyahu a annoncé il y a quelques jours que des territoires situés en Cisjordanie devenaient propriété d'État, ouvrant ainsi la porte à une colonisation accrue. Je regrette profondément cette décision.
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Le premier ministre israélien Netanyahu a annoncé il y a quelques jours que des territoires situés en Cisjordanie devenaient propriété d'État, ouvrant ainsi la porte à une colonisation accrue. Je regrette profondément cette décision.

Au début de l'été, j'ai appuyé sans réserve l'opération militaire « Bordure protectrice » que le gouvernement israélien lançait contre le Hamas. La sécurité des citoyens israéliens exigeait cette intervention. Les intentions du Hamas étaient (et sont toujours) claires : éradiquer l'État d'Israël et participer à un mouvement antisémite génocidaire à l'échelle planétaire. Ne rien faire devant l'agression aurait été suicidaire. Je déplore profondément tous les drames que cette intervention a provoqués, mais le Hamas l'avait rendu inévitable.

Cette opération s'est conclue par une pause sécuritaire fragile, mais certainement pas par l'élimination de la menace qui pèse sur le monde, juif ou non, en Israël ou ailleurs. J'espérais que le gouvernement israélien profite de cette pause pour prendre un certain recul et analyser froidement la situation. Je suis déçu de constater qu'au contraire, probablement pour ce que je crois être des considérations politiques partisanes, le premier ministre Netanyahu s'est précipité dans une autre annonce de colonisation en Cisjordanie. Cette annonce est contre-productive.

Certes, depuis quelques années déjà, Palestiniens et Israéliens s'étaient entendus sur le principe d'un échange de territoires (dont cette implantation devait faire partie). Cette entente de principe ne s'est cependant jamais concrétisée, notamment à cause de divergences sur la partie israélienne à céder en échange des implantations en Cisjordanie. Si bien qu'Israël prend une partie de ce qu'il souhaitait obtenir, mais les Palestiniens n'ont pas leur contrepartie. On peut donc s'interroger sur le bien-fondé ou la légitimité de cette annexion. Mais surtout, l'annonce faite par le premier ministre Netanyahu ne pouvait pas plus mal tomber.

Pourquoi cette annonce est-elle contre-productive?

Contre-productive, d'abord, parce qu'elle fragilise encore davantage l'autorité du président palestinien Abbas, lui qui, pourtant, avait dénoncé le Hamas et ses méthodes. D'autre part, pour la première fois depuis la création d'Israël en 1948, plusieurs pays arabes, dont l'Égypte, appuyaient en sous-main l'initiative israélienne de neutralisation du Hamas. Israël aurait eu tout intérêt à renforcer ces « partenariats objectifs ». L'annonce du PM Netanyahu produit l'effet contraire.

Contre-productive, ensuite, parce qu'elle alimente les allégations de visées hégémoniques d'Israël. Elle contredit la position énoncée par le premier ministre israélien Levi Eshkol après la Guerre des Six Jours, à savoir que les territoires seraient occupés temporairement et seraient restitués en échange de la paix. Israël a respecté ce principe quand il a signé la paix avec l'Égypte en 1979, dans le cadre des Accords de Camp David, qui prévoyaient le retrait israélien du Sinaï et la restitution de ce dernier à l'Égypte.

Contre-productive, encore, parce qu'elle invite à des amalgames regrettables dans l'opinion publique mondiale. Comment mettre sur un même pied les revendications identitaires légitimes (et, quant à moi, fondamentales) d'Israël à l'égard de Jérusalem, par exemple -- les deux temples juifs ont précédé de plusieurs siècles l'existence même du christianisme et de l'islam --, et des revendications purement territoriales (ou pire, une annexion pour « venger » le meurtre horrible et inqualifiable des trois adolescents juifs un peu avant le conflit de cet été)?

Contre-productive enfin, parce que si les sociétés démocratiques et progressistes mondiales doivent s'allier pour juguler ce qu'il faut considérer comme la menace fondamentale du XXIe siècle - l'islamisme politique radical et ses vecteurs terroristes ou étatiques - Israël doit s'attacher à renforcer ces alliances au lieu de les aliéner. Israël ne peut pas à la fois déplorer son isolement et le provoquer.

Plusieurs dirigeants et ministres israéliens et de larges pans de l'opinion publique israélienne ont fermement signifié leur opposition à cette annonce. Cette expression forte de la démocratie israélienne est encourageante. Souhaitons qu'elle prévale.

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