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Les diasporas ailleurs dans le monde

De par le monde, la diaspora c'est du sérieux. Mais pas ici. Nous, on l'a jetée avec l'eau du bain de la Révolution tranquille.
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Israël n'existerait pas sans sa puissante et richissime diaspora juive qui alimente sans cesse la Terre promise, et ce depuis les premiers kibboutz arrachés au désert.

Chaque année, les Irlandais de Montréal et de Boston défilent fièrement dans les rues à la mi-mars, en s'abreuvant de bières vertes. De beaucoup de bières vertes. Cent quatre-vingt-quatorzième version cette année sur la Catherine. Mulroney et Reagan ont même osé faire un sommet tout vert à... Québec! Dans la Capitale nationale! Green Power.

La Chine va dominer le 21e siècle. Pas seulement à cause de son économie et de sa démographie, mais aussi à cause de son immense diaspora, de New York à Jakarta, en passant par Toronto, Frisco, Paname et Panama. Les Chinois sont partout. Partout. Même dans le Sahara. Yellow Power.

Les Italiens ont une gigantesque diaspora, à saveur de pizza et de mafia, chromée de Gucci et de Ferrari, sans parler de l'hystérie totale autour du ballon rond. Tous les quatre ans, on est fièrement italiens, tutti derrière la Squadra Azzura, dans les rues de la Boca, du Bronx, de Little Italy, de Saint-Léonard. Rital Power.

De par le monde, la diaspora c'est du sérieux. Mais pas ici. Nous, on l'a jetée avec l'eau du bain de la Révolution tranquille.

De par le monde, la diaspora c'est du sérieux. Mais pas ici. Nous, on l'a jetée avec l'eau du bain de la Révolution tranquille.

Quatre siècles de présence en Amérique ont façonné une importante diaspora éparpillée de Chéticamp à la Nouvelle-Orléans, de Maillardville à Manchester, de St-Louis à St-Boniface, de Caraquet à Kaskaskia.

La montée du nationalisme québécois, dans les années 60, a entraîné un repli défensif le long du St-Laurent, une coupure brutale avec une diaspora jugée trop catho, trop rétro, trop assimilée. Le joual minimaliste du grand Jack Kerouac au Sel de la semaine ne cadrait tout simplement plus avec le Temps nouveau de Renée Claude. Exit le vieux Jack et sa Mémère. Désolé M. Séguin.

On a flushé la diaspora dans les Bayous, on l'a abandonnée aux tornades des Grandes Prairies, pour faire place à une nouvelle identité basée sur le territoire plutôt que sur le terroir. «Est québécois qui vit au Québec», qu'on dira dorénavant fièrement à tous les nouveaux arrivants, car «les humains sont de ma race » chante le poète à la voix rauque.

De l'autre côté, l'absence d'un foyer national et d'une culture forte, bien affirmée, bien identifiable sur la scène internationale, a laissé un grand vide dans la diaspora. « That horrible homelessness of all French Canadians abroad in America », disait douloureusement le même Kerouac. En anglais.

Pas d'humour à transmettre aux enfants comme chez les Juifs, ni de drame comme l'Holocauste à commémorer. Pas de grandes causes non plus à épouser comme le sionisme. Pas de Guinness pour s'enivrer comme chez les Irlandais, ni de Grande Famine à se rappeler. Pas d'Irlande du Nord à libérer. Pas de pâtes pour s'empiffrer comme chez les Italiens, ni de mafia à regarder au cinéma. Pas de Squadra Azzura à applaudir. Juste le grand vide référentiel. L'«horrible homelessness».

It takes two to tango. Et depuis les années 60, il n'y plus personne sur la piste. Même pas pour un bon vieux set carré. Surtout pas pour un set carré!

«Une des choses les plus bouleversantes que j'ai vues», disait Zachary Richard au Devoir (2013) , «ça a été de voir Antonine Maillet et Gaston Miron s'obstiner. L'une reprochait à l'autre d'être indifférent au sort des minorités francophones à l'extérieur du Québec et l'autre reprochait aux minorités francophones de ne pas assez soutenir le rêve d'indépendance ».

« Notre isolement est plus fort que notre fraternité.»

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Mai 2017

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