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Le 1er mai, la convergence des luttes contre l'austérité

Même si la campagne électorale du PLQ ne laissait pas entrevoir le plan de démolition de l'État social du Québec qui s'opère méthodiquement depuis septembre dernier, les patrons, eux, l'attendaient : leur allié entrait au Parlement. Et pas qu'un peu.
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Il y a très exactement un an, je signais un billet dans ces pages ne laissant aucun doute quant aux intentions des patrons du Québec qui salivaient déjà avec l'arrivée au pouvoir des libéraux de Philippe Couillard. Les vautours se posaient sur les branches autour de l'Assemblée nationale, n'attendant que les premiers morceaux législatifs pour fondre sur le buffet.

Même si la campagne électorale du PLQ ne laissait pas entrevoir le plan de démolition de l'État social du Québec qui s'opère méthodiquement depuis septembre dernier, les patrons, eux, l'attendaient : leur allié entrait au Parlement. Et pas qu'un peu. Avec une majorité de députés, le premier ministre Couillard trônera durant quatre années à l'Assemblée nationale où, comme il le démontre depuis quelques mois, il tente de transformer radicalement le Québec, dans la foulée des efforts de ses prédécesseurs Charest et Bourassa.

Un même but, ratatiner l'État

De l'État Provigo de ce dernier, en 1985, en passant par la réingénierie de Jean Charest, en 2003, l'action des libéraux s'inspire des politiques des Thatcher et Reagan en poursuivant cet objectif de revoir fondamentalement les missions sociales de l'État par la privatisation et la tarification des services publics et des programmes sociaux, par la diminution du fardeau fiscal des plus riches, des entreprises et des banques, et en dénaturant les lois du travail.

Une transformation du Québec qui s'opère sur le dos des classes laborieuses et populaires. Malgré des avancées constantes depuis 30 ans, qui ne sont pas dues qu'aux politiques des libéraux, car le PQ y a aussi contribué, les Bourassa et Charest n'ont pas atteint tous leurs objectifs. Une large mobilisation les a stoppés à chaque fois. Il faut tirer des leçons de ces périodes.

S'appuyant sur deux commissions qu'ils ont instituées avec un mandat taillé pour arriver à leurs fins, par la révision de la fiscalité et des programmes gouvernementaux, les libéraux de Couillard ont développé un argumentaire assujetti aux préceptes patronaux. Avec leurs alliés, ils pilonnent une opinion publique déjà soumise à cette logique d'équilibre budgétaire.

Soutenues par une propagande orchestrée, les mesures d'austérité apparaissaient aux yeux de plusieurs comme un concept flou. Les choses ont changé depuis.

Eux et nous

Les libéraux déploient tout un arsenal pour nous faire avaler leurs politiques austères et, au bout du compte, pour les appliquer. D'autant que le calendrier leur est nettement favorable : un long mandat de quatre ans.

Mais devant eux se dresse un mouvement grandissant de contestation sociale. Depuis la bataille des employés-es municipaux et des sociétés de transport pour maintenir leurs régimes de retraite, en septembre dernier, aux grèves étudiantes, il y a, à travers une diversité de moyens, une ferme détermination de les arrêter.

Depuis des mois, les organisations populaires, féministes, environnementales, étudiantes, et syndicales, aux côtés de qui marchent un nombre grandissant de citoyennes et de citoyens, sont mobilisées pour défendre ce Québec social en lente construction depuis plus de cinquante ans.

Cette lutte contre le démantèlement de l'État québécois est menée avec intensité dans les établissements de santé et de services sociaux, d'éducation, dans les CPE, dans les villes et les régions, car toutes et tous y perdent au change. Sauf les patrons et les amis du régime qui attendent que le fruit tombe pour s'en emparer. Qu'on jette un œil sur la revue de presse pour considérer l'envergure de la mobilisation.

La dernière fin de semaine a vu aussi la mobilisation ouvrir un autre front avec la retentissante manifestation appelée par Action climat qui a réuni plus de 25 000 personnes à Québec.

Nous n'avons pas vu encore tous les effets du premier budget Leitao, qu'il vient de nous en présenter un autre qui enfoncera davantage le Québec dans un déficit social sous le faux prétexte de juguler un déficit économique. Car, en définitive, ce n'est pas le réel but poursuivi et la situation du Québec en cette matière n'est pas aussi dramatique qu'on nous le martèle. Il pourrait d'ailleurs compter sur des surplus de quelque 13 milliards de dollars d'ici 2020, des sommes considérables puisées à même les efforts et les privations des employé-es de l'État, des groupes communautaires, de Monsieur et Madame Tout le monde...

Le 1er mai, ensemble, refusons l'austérité

Les moyens de s'opposer à l'austérité et de se porter à la défense de l'État social québécois sont multiples et ils s'inscrivent dans un rapport de force qui tient compte aussi du facteur temps. Le mandat libéral sera long.

Aux manifestations locales dans la santé, dans les cégeps, dans les universités, dans les commissions scolaires, dans les régions et même sur le plan national depuis septembre, s'est greffé un mouvement de grèves sociales pour la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, le 1er mai. D'ailleurs, certains syndicats du secteur public de la CSN consultent actuellement leurs membres sur un tel mandat.

Nous saluons leur détermination et leur engagement dans cette mobilisation qui s'inscrit en ligne directe avec le vent de colère qui se lève en ce moment dans les milieux de travail. Nous réitérons que la CSN les appuiera inconditionnellement, comme nous l'avons toujours fait à l'égard de nos syndicats en lutte.

La mobilisation contre l'austérité ne se terminera pas ce printemps. Cet automne, la mobilisation du Front commun pour soutenir les revendications des employé-es de l'État sur l'emploi, sur la qualité des conditions de travail et des services, sur les revenus adéquats, montera d'un cran. Dans ce secteur, la question de la grève est dorénavant à l'ordre du jour, depuis la rencontre du 31 mars qui a lancé ce débat dans les syndicats du secteur public.

Mais la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, le vendredi 1er mai, est une extraordinaire occasion de faire converger les luttes vers cet objectif commun de refuser l'austérité et de montrer à la face du Québec notre attachement aux valeurs de solidarité et de redistribution de la richesse qui sous-tendent le rôle que nous attendons de l'État.

Le 1er mai, les membres de la CSN seront de ce rendez-vous.

Dans les régions, nous participerons à cette mobilisation dans des actions de perturbation avec nos camarades des autres organisations populaires, étudiantes et syndicales. Nous dresserons aussi des piquets de grève ou symboliques, le cas échéant en intersyndicale, pour que s'affiche clairement cette opposition devant des milliers de lieux de travail dans toutes les municipalités du Québec.

Puis, nous continuerons à dénoncer l'austérité des libéraux et à montrer ses effets. Nous le ferons avec cette idée de continuer à mener cette mobilisation dans un large front social le plus uni possible, sans jamais exclure aucun moyen pour parvenir à cet objectif commun : la défense de l'État social québécois.

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