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Il est temps d'ajuster nos lunettes et de ne plus prendre les religions comme solution, mais de les voir plutôt comme un problème. Elles sont indubitablement un frein au Progrès humain, une dérive culturelle millénaire, souvent démente. Elles creusent en fait notre abime sur terre en causant du Ciel dont personne n'est jamais revenu.
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Pour le Progrès humain et pour sauver des millions de vies, les religions doivent-elles disparaître?

L'idée de Progrès semblait entrainer d'elle-même la disparition de la religion, comme si une pensée primitive désuète devait céder naturellement la place à une pensée progressiste, tel le cheval et le bœuf s'effaçant devant l'auto et le tracteur.

«Progrès» avec une majuscule, expression de la confiance que ceux qui l'ont initiée du temps des Lumières au 18e siècle. Ce progrès existe en technologie, en sciences de la nature, en sciences humaines et dans les comportements humains. La surmédiatisation des tragédies occurrentes nous donne l'impression contraire; c'est aussi l'éternel retour dont dispose chaque génération pour elle-même, où heurs et malheurs alternent.

Toutefois il faut considérer le temps long, celui d'une civilisation pour constater que ce Progrès est à la fois réel et lent, trop lent pour que tous le reconnaissent indubitablement, surtout en éthique où il est pourtant réel.

Les religions, quand elles ne le nient pas à cause du «péché originel» prétendent même, pique-assiettes, en être à la fois les initiatrices et le moteur. La fièvre intégriste toute récente réactive cette prétention par une désinformation historique parce que son discours a la contorsion facile.

Bien au contraire. Les religions entravent ce Progrès par des dogmes éthiques et culturels sur presque tous les aspects de la vie. Les raisons sont multiples à leur résistance à la modernité qui les a, en Occident, évincé du pouvoir. La modernité les discrédite et les fera à terme disparaître. Leur mort est si lente qu'elles donnent l'impression qu'elles résistent victorieusement.

Diverses causes expliquent que les religions ne tombent pas d'un seul coup, telle l'URSS en 1989. L'insuffisance de l'éducation populaire... La mainmise partielle des Églises et des clergés sur les écoles... L'immense capital immobilier et financier des institutions religieuses... La convergence d'intérêt entre le grand capitalisme et les religions contre une gauche égalitariste (cf. la visite respectueuse des deux Bush au pape)... L'immense prestige historique des religions dans les histoires nationales... L'amalgame entre la morale religieuse et la morale naturelle (sociale ou civique)... La grande habileté politique des dirigeants religieux... L'intimidation et la répression séculaires et réussies des contestataires athées ou agnostiques... Le poids énorme ou la force d'inertie que constituent 2000 ans d'histoire pour le christianisme, 1500 pour l'Islam et 3000 pour le judaïsme... Le soutien populaire, voire universitaire, à un credo et à des institutions paternalistes et sécurisantes... L'identification par amalgame de la religion avec l'identité nationale et historique (cf. Pologne, Irlande, Arabie saoudite, Liban communautariste)... L'identification aussi avec la respectabilité sociale, avec le gage de bonnes moeurs (cf. la vitrine publicitaire des présidents américains)... Les restes théocratiques incrustés dans les constitutions («la suprématie de Dieu» dans la canadienne; le «In God we trust» américain; le chef de l'État britannique est aussi le chef de l'Église anglicane, etc.).

Et que d'autres causes à inventorier et à pondérer relativement les unes par rapport aux autres. Un exercice académique qui ferait la joie d'un doctorant en sciences humaines!

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Les religions au Québec

De quelles religions sont les Québécois?

Les religions participeraient-elles au maintien des travers de nos sociétés?

L'immoralité économique, la prédation sexuelle des mineurs, les inégalités, les sévères conflits et pathologies dans les familles qui demeurent quasiment tous cachés par leur nature privée; ou encore la compétition politique et économique aux effets conflictuels largement pervers et parfaitement légalisée; voire une criminalité récurrente. Bien d'autres maux peuvent être attribués à la permanence des religions dans nos sociétés. En effet, elles ont dévié l'intelligence des hommes de l'analyse scientifique correcte des maux humains. Elles ont proposé les remèdes pitoyables de sorciers qui s'ignorent et de la pensée magique à effet placebo. Les classes populaires défavorisées y sont les premières victimes. Les religions ont dévié des centaines de milliards d'euros ou de dollars vers elles, et qui auraient été mieux utilisés par les sciences aux solutions durables.

John Money (cf «Lovemaps») révélait que des universités américaines qui favorisaient les recherches en sexologie voyaient leurs fonds de recherche coupés par de puissants lobbys religieux et financiers. Les religions ne veulent pas que ces recherches démontrent la pathologie des textes sacrés en matière sexuelle ou autres. Des universités, avec des fonds publics, financent des facultés de théologie (cf. l'Université Laval et sa Chaire en théologie) qui sont aux antipodes des principes et des critères scientifiques. Ce sont, en fait, des officines de propagande religieuse sophistiquée et dissimulée dans la recherche historique du fait religieux. Entendu à Canal Savoir : «Dieu qui nous aime a dit dans le texte sacré que...»; un professeur de sciences religieuses d'un Cegep répond à son étudiant: «Ma foi me dit que...». Un professeur de théologie de l'Université Laval intitula son cours «Génétique de la religion»: Plus racoleur que ça, tu me meurs ! Tous des faits authentiques et vérifiables.

En fait, outre une déviation des fonds publics vers une croyance privée, c'est un affaiblissement budgétaire des sciences humaines qui devraient en bénéficier à leur place. Pour quelle raison, à leur place?

Les religions entravent le progrès des sciences et de l'éducation parce qu'elles proposent presque tout ce que les sciences (de la nature et les sciences humaines) nient ou ont démontré comme fausses (la Création, les miracles, prodiges et presque tous les faits relatés dans les textes sacrés). Presque tout dans les textes sacrés est fiction, pensée primitive, anthropologie surannée et code de vie pathologique et mortifère. Que d'auteurs nous l'ont dit et démontré (l'Abbé Meslier, Michel Onfray, André Comte-Sponville et autres).

Le sous-financement des sciences humaines, par les fonds publics détournés vers les enseignements religieux, entraînent leur piétinement. Les sciences humaines gloseraient plus souvent qu'elles ne guérissent, disent leurs détracteurs condescendants. On les dit «molles». Molles parce que leur financement est mou.

Ce sous-financement, dû au gaspillage de fonds au service des religions parasitaires, entrave leur efficacité pour résoudre les problèmes humains. Pire, les êtres humains, inféodés à des telles sectes multimillénaires, sont piégés dans leur détresse puisqu'il faut les sortir d'un opium culturel supplémentaire.

La pathologie sexuelle (hypophilie, homophobie, misogynie patriarcale, sexophobie) génèrent souffrance et haine. Les religions n'ont pas compris le message profond «Faites l'amour, pas la guerre», et l'ont rejeté. Plus qu'un mot d'ordre, il procédait d'une analyse pénétrante de la perversion religieuse: l'amour religieux est conçu comme sacrifice. Est symptomatique le crucifix, image pornographique sadique, qui n'a jamais été vu pour ce qu'il est. L'Assemblée nationale, risée de toute personne cultivée, l'exhibe sur ses murs comme le ferait un célébrant qui ne rit jamais. De même l'imagerie incroyablement sanguinaire sikhe que j'ai vue à leur temple d'Amritsar en Inde.

La pensée magique des religions

Mais le plus désastreux, c'est la permanence de la pensée magique (paresseuse et consolante) des religions. Héritée des primitifs, elle occupe la place que devrait plutôt occuper une philosophie moderne, rationaliste et raisonnable, porteuse d'un hédonisme éclairé, pacifique, amoureux des femmes et bienfaisant.

Le propos religieux est à l'opposé: l'amour des autres et la protection du peuple de Dieu sont leurs deux plates-formes. Or, dans le christianisme, c'est n'est pas l'amour de l'autre mais l'amour de Dieu, la quête du Salut et l'idée de sacrifice qui sont constamment martelés dans les prêches. «Jésus est amour»... narcissique de lui-même. Et ce personnage de fiction, dans le sous-genre fantastique et nécrophile, ne s'est même pas aimé sainement en allant volontairement et stupidement au supplice.

Dans d'autres religions c'est le martyr qui est le mot d'ordre: la lutte contre les Croisés et l'étiquetage d'appropriation exclusive des femmes par des signes vestimentaires. En clair, tout vise le contrôle sur autrui, la bonne façade de la religion, sa protection et propagation.

Naguère, des voies de fait sur des enfants, sûrement connus des prélats par la confession... et les confidences des enfants, demeurèrent non seulement impunis, mais ne cessèrent jamais. La soumission intégrale des femmes et la violence maritale sur elles est textuelle dans le Coran; leur infériorité ontologique est noir sur blanc dans les textes de Saint-Paul, et Moïse donna des fillettes comme esclaves sexuelles à ses soldats génocidaires de leur village.

Quant aux simples croyants, ne les surchargeons pas outre mesure: ce ne sont nullement des «fous de Dieu». Ce sont de bons et braves citoyens dont l'instruction est insuffisante. Le Progrès est donc possible...

Aristote, dans la «Métaphysique» disait que «la fable (religieuse) ne mérite pas qu'on s'en occupe». Dès lors, elle ne pouvait s'imposer que par violence; derrière toute prêche la trique n'était pas très loin. Aristote ne pouvait soupçonner, des siècles après lui, le fabuleux destin historique des religions révélées, et leur toute-puissance désastreuse toujours niée.

Les moyens et tactiques des religions sont diversifiés: la désinformation historique, le négationnisme des crimes et méfaits. Le travestissement des mouvements historiques sont la règle dans les religions. Par exemple, l'Humanisme, né contre la théocratie médiévale, devient «l'humanisme chrétien»; le prestige des sciences au XIXe siècle devient «sciences religieuses» au XXe, la démocratie a une origine évangélique depuis le «Rendez à César ce qui est à César». Ensuite, apparaît l'émancipation de la femme par l'exemplarité de la Vierge (peu active et peu loquace...), la naissance de l'écologie apparaît dans la Genèse, enfin la création de l'univers par le Dessein intelligent, et qui ne peut être bien évidemment que Jésus. Et pourquoi pas, affirmée sans rire par un théologien, «l'Espérance chrétienne» à l'origine de la notion de Progrès... Il n'y a aucune limite aux raisonnements controuvés de la théologie. Pique-assiette, tout reste de table scientifique est déformé et recyclé à la gloire de la religion.

En religion, tout fait historique significatif et honteux est caché. Quel étudiant universitaire en histoire sait que le fondateur de l'Université Laval, un prélat, fit fusiller (arquebuser) un imprimeur et libre-penseur, Daniel Urvil ? Obscurantisme ciblé. Et qui connaît Albert Laberge et sa «Scouine» (1918) et Rodolfe Girard et sa «Marie Calumet»? Girard en perdit son emploi de journaliste à La Presse, même destin pour le journaliste Jean-Charles Harvey. Et au cegep Limoilou, en 1968, des étudiants furent chassés du collège pour avoir contesté les cours de religion obligatoires. Ce n'est pas de la vieille histoire, c'est un présent qui veut nous revenir en 2013 à la faveur des accommodements raisonnables et de la contestation d'une véritable Charte de la laïcité. Et si les islamistes entrent dans cette brèche toute catho, c'est l'enfer libanais pour tout le Québec.

Et on met cette nourriture passéiste et déficiente, et à même les fonds publics, dans l'esprit des enfants, incapables qu'ils sont de toute résistance! Roulés ainsi, les contribuables finançant de telles inepties n'ont jamais été aussi bernés et aussi longtemps.

Conclusion

Il s'ensuit, et c'est là le point principal: l'enfermement de la pensée humaine dans un héritage religieux, archaïque et désuet, détourne du Progrès les énergies qui devraient lui être exclusivement employées. Si Einstein était déiste ou Newton chrétien (et encore ils étaient assez prudents pour ne pas dire ou écrire le contraire), leur temps de travail créatif ne fut pas gaspillé en bigoteries.

À l'égard du tabagisme ou des drogues, nous ne décidons jamais vertueusement de fumer moitié moins. Nous cessons totalement. Il en est de même de notre philosophie de vie (principes métaphysiques, existentiels et choix moraux); on doit choisir entre la modernité scientifique ou la religion. Manger moitié santé moitié malbouffe n'est pas un compromis cohérent. C'est une insuffisance bancale, une volonté faible et toujours asservie, une culture inachevée.

Ainsi donc, le plus important est de soustraire tous les enfants à l'endoctrinement religieux, sorte de pédophilie métaphysique qui perpétue les religions, toutes finalement hostiles au Progrès humain. Ainsi donc le cours ECR (Éthique et Culture religieuse) doit être restauré par l'élimination de CR. L'Éthique enseignée, partie de la philosophie, doit être rationaliste, raisonnable, commune et citoyenne.

À cet égard, la laïcité la plus stricte n'est qu'une première étape; elle relève de l'État. La seconde étape d'émancipation, définitive en vue du Progrès humain, relève de la société civile entre citoyens liés par l'amitié, le respect mutuel et le libre débat démocratique.

Pour ne pas que le débat dégénère, il importe que les croyants ne s'identifient pas à leur croyance. Foi et athéisme ne sont que des opinions, non des identités. Notre identité se résume à notre nom et prénom; même en émigrant ou en changeant de religion, on les conserve.

Il est temps d'ajuster nos lunettes et ne plus prendre les religions comme solution, mais de les voir plutôt comme un problème. Elles sont indubitablement un frein au Progrès humain, une dérive culturelle millénaire, souvent démente. Par leur archaïsme, par leur manipulation de la vérité historique, par leur soif de pouvoir totalitaire et théocrate et par leur infantile prétention à être la voix de Dieu et l'unique bonne voie pour tous, elles creusent notre abime sur terre en causant du Ciel dont personne n'est jamais revenu.

Ce fantasme des plus primitifs génère des discours indignes de la modernité, s'instaure et se maintient par des crimes, des manipulations et des privilèges depuis des siècles et en tout pays.

L'alternative la plus solide et la plus crédible est la philosophie des Lumières, fondée sur les sciences (dites humaines et dites de la nature). Elle propose aux peuples démocratiques une pensée rationnelle, hédoniste, scientiste, raisonnable, pacifique, dans la plus parfaite égalité homme-femme, toute axée sur la propagation des libertés responsables et amoureuses de la vie.

La prochaine Charte qui s'en vient sera solide si elle en est l'armature. Dans le cas contraire, le Québec libanais sera douloureux. Soyons donc cohérent comme l'est pour notre bonheur public la philosophie des Lumières, fondement de nos États démocratiques libres et prospères.

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Avril 2018

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