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Jésus et la Samaritaine

La rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob, vous connaissez? Jean est le seul évangéliste à rapporter cette histoire aux multiples interprétations. À noter que la femme n'a pas de nom, on l'appelle la Samaritaine.
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Ce billet a été publié en grande partie sur le blogue personnel de Jacques Gauthier

La rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob, vous connaissez? Jean est le seul évangéliste à rapporter cette histoire aux multiples interprétations (Jn 4, 5-42). À noter que la femme n'a pas de nom, on l'appelle la Samaritaine.

Ce récit est l'histoire d'une rencontre de deux désirs et de deux regards : celui de Jésus et celui de la Samaritaine. Il y a ici un contact qui va toucher le cœur des deux personnages, symbole de ce puits intérieur où nous sommes appelés à y boire l'eau vive. Jésus va révéler à cette femme, malgré les interdits, la vérité profonde qui l'habite. Son regard sur elle-même va changer; elle va se voir comme Jésus la voit. Cette révélation sera sa métamorphose.

Autour du puits

Un voyageur traverse la Samarie, région impure aux yeux des Juifs. Fatigué et assoiffé, il s'arrête à midi au puits de Jacob. Ce lieu n'est pas neutre. Dans les civilisations sémitiques, le puits est le lieu de la vie; les filles y vont puiser de l'eau (Gn 24, 13). Le chant de la poulie se mêle à leurs rires. C'est l'espace privilégié pour des rencontres amoureuses, comme celle de Jacob et Rachel (Gn 29).

Jésus a soif. Il transcende les préjugés et les fanatismes religieux en exposant à une femme son manque et sa fragilité; il lui demande à boire. Cette femme de Sychar vient seule au puits durant la journée; normalement les femmes puisent l'eau avec d'autres femmes tôt le matin, ou vers le soir, mais pas lorsque le soleil est à son zénith. Qu'importe, Jésus a besoin d'elle pour boire, car il n'a pas ce qu'il faut pour puiser : « Donne-moi à boire ».

La femme ne répond pas à sa demande. Un homme qui demande de l'aide, c'est déstabilisant. Elle refuse de lui donner à boire, car les Samaritains n'ont pas de rapport avec les Juifs, encore moins de manger dans les mêmes plats, ce qui les rendait impurs. Les Samaritains avaient leur propre version du Pentateuque et rejetaient le reste. L'intolérance de la Samaritaine fait que Jésus restera assoiffé jusqu'à la fin du récit.

La Samaritaine se sent peut-être indigne, elle qui a eu cinq maris et qui vit avec quelqu'un d'autre. Elle s'était probablement faite traiter de tous les noms; sa marginalité ne lui attirait pas le respect. Mais Jésus va continuer de prendre l'initiative, au-delà de toute discrimination culturelle, religieuse, sexuelle. Son attitude d'ouverture brise les barrières, dénonce les structures rigides, surtout envers les femmes. Ce sera toute une leçon de vie pour ses disciples et ceux à venir.

Le don de Dieu

Jésus change complètement le registre de la conversation : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive » (Jn 4, 10). Cette phrase énigmatique laisse entendre qu'il y a un lien étroit entre le don de Dieu et cet homme qui lui parle. C'est lui qui peut combler sa soif, et pas d'une eau stagnante, mais d'une eau vive. On change de puits, ce Juif se définit comme une source nouvelle, le don de Dieu.

Le regard de la femme commence à changer. Sa méfiance et son arrogance tombent. Elle se laisse entraîner ailleurs, dans cet univers singulier de celui qu'elle appelle maintenant « Seigneur ». Elle lui fait remarquer que le puits est profond et qu'il n'a pas de récipient pour puiser de l'eau. Où prendra-t-il cette eau vive? Jésus lui répond en faisant le parallèle entre notre besoin physique d'eau et notre soif spirituelle. Sa réponse s'adresse à tous : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4, 13-14).

Le puits du cœur humain est sans fin; notre « désir est sans remède », disait Thérèse d'Avila. Mais nous recevons à la mesure de notre soif. Ainsi, la demande de la Samaritaine sera reprise par les grands mystiques, : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser » (Jn 4, 15).

Jésus est entré dans la vie de la Samaritaine en lui révélant la source intérieure. Il ne lui fait pas la morale, mais il révèle ce qui est caché. Sa parole la rejoint au cœur même de sa vie, de son désir, de sa soif. L'eau vive a des exigences et suscite le désir de plénitude qui la tenaille en secret.

La Samaritaine veut aller plus loin dans cette quête d'intériorité, car elle est en attente d'une plénitude. Sa soif est immense. Elle amène Jésus sur le terrain du culte. Du puits, on passe à la montagne. Mais les lieux ont peu d'importance s'ils ne mènent pas au cœur. Car pour Jésus l'heure vient où les vrais adorateurs ne se trouveront pas sur telle ou telle montagne, mais adoreront en esprit et en vérité. Le vrai sanctuaire est intérieur, l'Esprit y a fait sa demeure. Chaque croyant est une terre sainte.

Pour aller plus loin, lire mon essai: J'ai soif. De la petite Thérèse à Mère Teresa (Parole et Silence).

Écouter mes deux conférences sur la Samaritaine lors de la retraite "J'ai soif", donnée au Foyer de Charité à Sutton. Voici le lien sur mon site: La Samaritaine: Donne-moi à boire.

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