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Si le passé est garant de l'avenir, un vote pour Gilles Duceppe est un vote pour Stephen Harper.
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Gilles Duceppe reprend du galon à la tête du (mal de) Bloc québécois. C'est Stephen Harper qui doit être content! Duceppe a beau prétendre qu'il souhaite empêcher Harper de faire élire un nouveau gouvernement majoritaire par défaut, nous pourrions facilement être portés à penser le contraire.

Le Bloc ira grappiller des votes chez les électeurs qui, séduits par le sourire de Jack Layton, ont élu des poteaux néo-démocrates aux dernières élections, et chez ceux qui gardent un souvenir amer de Pierre Elliott Trudeau, et voient dans le fils un pâle reflet du père.

Duceppe n'enlèvera pas de vote aux conservateurs: les Québécois n'ont pas voté pour eux. Il divisera l'opposition et ouvrira la porte toute grande à Harper pour un nouveau mandat, encore une fois.

Tout porte à croire que les stratèges péquistes, qui jouent leur dernier joker, ont eu une nouvelle «bonne idée», du genre de celles qui les ont retournés dans l'opposition aussitôt élus.

Mauvais timing

Si Thomas Mulcair, un Québécois parfaitement bilingue ─ une rareté en politique ─, l'emporte, il devra sa victoire en grande partie aux Québécois.

C'est le seul candidat qui pourrait inverser la régression sociale conservatrice actuelle, et remettre le Canada sur la voie du progressisme, de la justice sociale, de la liberté d'expression, de la protection de la vie privée et de l'environnement, du pacifisme, et de la démocratie parlementaire. Un beau risque. Mauvais timing pour un référendum.

Si Justin Trudeau est élu premier ministre du Canada, il devra sa victoire à l'affection que les libéraux fédéralistes nostalgiques portent à feu PET, son père, et peut-être un peu à sa promesse de légaliser le cannabis. Le fils héritier du plus célèbre adversaire des séparatistes québécois, premier ministre du Canada au moment ou PKP veut tenter le référendum de la dernière chance, s'il est élu? Mauvais timing itou.

Les Québécois, c'est connu, aiment bien les fils à papa. Les carrières politiques de Justin Trudeau et de Pierre Karl Péladeau, leur popularité et leurs victoires respectives à la tête de leur parti, par réflexe électoraliste des membres, en sont la preuve. La masse des électeurs voit les politiciens à travers le prisme de la téléréalité. Pour un concurrent d'un concours d'amateurs télévisé ou un premier ministre, ils votent avec les mêmes critères émotifs.

Les Conditions gagnantes®

Un débat référendaire opposant le fils de l'un au fils de l'autre serait émotionnellement déchirant pour les Québécois francophones, alors que Stephen Harper ferait un épouvantail idéal pour les indépendantistes. Surtout s'il était réélu à la tête d'un gouvernement minoritaire, ce qui remettrait sérieusement en question son leadership.

Situation idéale pour un référendum: un premier ministre minoritaire contesté par les membres de son parti, à la tête d'un gouvernement usé par le pouvoir, les scandales et les revirements par la Cour suprême. Enfin les Conditions gagnantes® !

Don Quichotte Duceppe a donc été appelé à la rescousse pour diviser le vote québécois. Sa Rossinante s'en trouve toute ragaillardie... pour l'instant. Qu'ira-t-il faire à Ottawa, à part appuyer les politiques réactionnaires des conservateurs, comme il l'a fait par le passé? Le Bloc québécois de Gilles Duceppe a été un parti de droite qui a beaucoup soutenu les gouvernements minoritaires de Stephen Harper, et son fameux programme: trop de lois, plus de désordre.

Quand l'opposition s'opposait, le Bloc soutenait les conservateurs. En permettant à Stephen Harper, deux fois minoritaire, de se maintenir au pouvoir trop longtemps, Gilles Duceppe a grandement contribué à la réélection de celui-ci à la tête d'un gouvernement majoritaire par défaut.

Compter dans ses propres buts

Un Bloc québécois qui irait à Ottawa dans le but de faire accepter l'indépendance du Québec au reste du Canada aurait son utilité. Mais l'idée d'aller y défendre les intérêts du Québec dans l'opposition est contreproductive, puisque cela implique nécessairement une collaboration intime avec le pouvoir, qui bénéficie en retour des retombées politiques positives dans l'opinion publique. Le gouvernement d'Ottawa peut dès lors prétendre que l'indépendance du Québec n'est plus souhaitable, puisque le fédéralisme fonctionne parfaitement, l'opposition séparatiste y veille.

S'il avait défendu les intérêts d'un Québec séparatiste, n'ayons pas peur des mots, le Bloc québécois aurait défait le premier gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la première occasion, et prouvé ainsi que le Canada est un pays dysfonctionnel, élisant des gouvernements minoritaires composés de partis régionaux incapables de le gouverner.

Si le passé est garant de l'avenir, un vote pour Gilles Duceppe est un vote pour Stephen Harper. Jusqu'à preuve du contraire...

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