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La santé et la nécessité de la démocratie

La santé, c'est plus que la médecine, c'est aussi social. Les conditions de santé dépendent d'abord des conditions de vie et de travail.
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Le 16 avril dernier se tenait à Montréal le colloque de la revue À bâbord! sur les enjeux en santé.

Trois tables rondes y traitaient des sujets suivants :

•Notre système de santé : les choix (économiques, politiques, philosophiques) qui le fondent, avec Marie-Claude Goulet (médecin) et Guillaume Hébert (chercheur à l'IRIS) ;

•L'état des lieux : avec Jacques Benoît (coordonnateur de la Coalition Solidarité Santé), Damien Contandriopoulos (professeur, Université de Montréal), Line Larocque (vice-présidente de la FIQ-Santé) et Isabelle Leblanc (présidente de Médecins québécois pour le régime public) ;

•Vers des solutions : avec Nancy Bédard (4e vice-présidente de la FIQ-Santé), Carole Dubé (présidente de l'APTS), Amir Khadir (médecin et député de Mercier), René Charest (organisateur communautaire, chercheur et militant syndical CSN), Sophie Pomerleau (infirmière et candidate au doctorat en sciences infirmières à l'Université d'Ottawa) et Diane Lamarre, porte-parole officielle du Parti québécois en matière de santé.

Quel que soit le thème, les panélistes ont été clairs : aux problèmes du système public existent des solutions publiques. Ce sont les meilleures, parce que ce sont les seules qui ne visent pas à faire du profit.

En effet, l'objectif du privé, peu importe le domaine, c'est de faire des profits, des vraies affaires!

Le privé ne veut pas plus faire de la santé qu'il veut créer des emplois. Mais il vaut mieux dire que les subventions vont servir à créer 300 emplois, plutôt que servir à faire augmenter les profits! Et c'est pour réduire ses coûts de production et augmenter encore ses profits que, malgré les subventions, le privé réserve à son personnel des bas salaires, de mauvaises conditions de travail, des augmentations de cadences, des mises à pied, etc.

Mais revenons à notre colloque.

Une centaine de personnes ont donc passé la journée à écouter et discuter des propos et solutions des panélistes invités.

Et les solutions ne manquaient pas. Pourquoi? Parce que les personnes présentes étaient des personnes intéressées et impliquées dans le réseau public de SSS : elles y vivent au quotidien comme membres du personnel des soins et services, ou alors ce sont des professeurs ou des formateurs pour les professionnels du réseau.

Il y avait aussi des chercheurs et observateurs du réseau comme système de production et de réalisation de soins et services. La connaissance scientifique existe à ce niveau et elle est plus qu'instructive sur ce qu'il faut ou ne faut pas faire quand on veut maximiser les chances de faire de la santé.

Et il y avait enfin des citoyennes et citoyens qui ne sont pas nécessairement des usagers des soins et services, mais qui veulent s'impliquer et décider de leur santé.

À mesure que la journée avançait, une chose devenait de plus en plus évidente : pour appliquer ces solutions, pour que tout ce savoir et cette connaissance puissent un jour régir notre système public de santé, ça prendrait l'écoute et l'implication de tous ces gens. Cette implication, ça s'appelle la démocratie! Et la démocratie, c'est justement ce qui est le plus attaqué par ce ministre et son gouvernement.

Toute l'action du ministre Gaétan Barrette, toute sa réforme, toutes ses lois font en sorte de réduire les lieux de démocratie, de représentation et d'expression, et de concentrer le pouvoir dans les mains du plus petit nombre de personnes, des personnes qu'il nomme le plus souvent lui-même.

Ou alors le ministre établit une hiérarchie professionnelle où le médecin est roi et maître, même s'il ne possède pas toutes les compétences hors de son champ de compétence à lui : la médecine. Mais la santé, c'est plus que la médecine. «La santé, c'est global, ça prend plus qu'un hôpital». Ce slogan résume à lui seul ce que c'est.

Pour faire de la santé, ça prend une intervention globale, parce que les conditions de santé dépendent d'abord des conditions de vie, y compris des conditions de travail. Des enfants qui n'ont que la rue pour jouer mettent en danger leur santé physique. Des personnes qui ne peuvent manger à leur faim risquent fort d'avoir une santé plus précaire. Des logements avec une mauvaise isolation augmentent les risques de maladie. Et un docteur ne pourra pas poser ces diagnostics, pas plus qu'il ne pourra prescrire un parc, une épicerie ou un logement décent pour y remédier.

La santé, c'est donc plus que médical, c'est aussi social.

De plus, en santé mentale, on dit que la dépression, c'est une perte de pouvoir sur sa vie. On peut donc en déduire que la santé est aussi une question de démocratie.

Cette démocratie doit pouvoir s'exercer aussi dans la gouvernance du système de soins et services, en remettant les lieux de décisions dans les mains des citoyennes et citoyens, et des personnes qui accomplissent les soins et services. Il faut rapprocher les lieux de décisions des lieux de prestations, en jumelant la connaissance du terrain et la connaissance scientifique, pour appliquer les pratiques les plus adéquates.

Mais pour cela, il faut que les décideurs en chefs, les ministres et les gouvernements soient aussi des adeptes de la démocratie.

Les solutions aux problèmes du système public de SSS, on en a plein et elles sont publiques.

Mais ce dont nous avons besoin, c'est d'une solution à ce gouvernement. Parce que nous ne pouvons compter sur le ministre Barrette et son gouvernement pour avoir l'écoute et la démocratie nécessaires à appliquer nos solutions publiques.

En ce 1er mai, fête internationale des travailleuses et des travailleurs, souhaitons-nous que ce jour marque le point de départ de cette solution démocratique dont nous avons urgemment besoin au Québec.

Parce que si le PLQ est réélu en 2018, je ne sais pas ce qui restera, après un deuxième mandat, de notre système public de santé, et de notre Québec social que nous avons bâti depuis plus de 50 ans, ce Québec que nous avons toutes et tous à cœur.

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