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Les urgences d'avant-hier à après-demain

Avant l'arrivée de l'assurance maladie, les salles d'urgence ne ressemblaient pas à ce que l'on connaît de nos jours. Les salles d'attente étaient pratiquement toujours vides.
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Avant l'arrivée des assurances hospitalisation et de l'assurance maladie, les salles d'urgence ne ressemblaient pas beaucoup à ce que l'on connaît de nos jours. Premier constat: les salles d'attente étaient pratiquement toujours vides. Les seuls patients qu'on y trouvait étaient des victimes d'accidents, des crises d'asthme et autres détresses respiratoires, des infarctus du myocarde, des abdomens aigus, des accouchements qui se déroulaient mal sans pouvoir atteindre le service d'obstétrique et quelques rares intoxiqués graves.

De plus, il n'y avait pas de médecins uniquement affectés aux salles d'urgence. Dans les petits hôpitaux, les infirmières et infirmiers assuraient la surveillance de l'urgence. Dans certains hôpitaux universitaires de plus grande envergure, les urgences étaient couvertes par les internes et les résidents.

Lorsqu'un malade ou un blessé se présentait, il était évalué par l'interne qui faisait ensuite appel à un résident, au besoin. Ce dernier, s'il estimait que la personne devait être admise, contactait son patron, un médecin spécialiste qui avait des privilèges d'admission. Par exemple, au début des années 1970, dans la région de Québec, seulement deux hôpitaux sur sept pouvaient compter sur la présence récente de médecins généralistes à temps partiel sur place à l'urgence. Tous les autres ne pouvaient compter uniquement que sur les internes et les résidents.

Non seulement la médecine d'urgence n'était pas une discipline médicale reconnue, mais les fédérations médicales considéraient que les médecins généralistes ne devaient pas effectuer du travail dans les urgences et devaient réserver leurs efforts pour une pratique en cabinet privé, un relent des pratiques d'avant l'assurance maladie.

La Révolution tranquille et les urgences

La société québécoise des années 1960 vivait un souffle de changement hors du commun et les urgences hospitalières n'allaient pas échapper à cette évolution rapide. J'ai eu le privilège de travailler avec le docteur Pierre Fréchette, qui fut, à l'instar de quelques autres médecins généralistes, littéralement un pionnier en matière de médecine d'urgence au Québec.

Il me fit part de l'anecdote suivante: «Dès les premiers mois de l'implication des médecins de famille à l'urgence, une catastrophe a posé tout un défi qui a mobilisé tout le personnel de l'urgence et qui a permis au médecin en devoir à l'urgence de mettre en alerte les secteurs d'activité critiques de l'hôpital: une collision frontale entre un fardier et un autocar rempli de passagers venait de se produire dans le parc des Laurentides, au sud de l'Étape. La police et les services d'ambulance annonçaient la venue de plus de 40 blessés. Comme l'Hôpital de l'Enfant-Jésus avait déjà une réputation bien établie pour la prise en charge des blessés graves et que sa situation géographique se trouvait sur le trajet naturel des ambulances venant du parc des Laurentides vers Québec, en moins de dix minutes, le bloc opératoire, l'unité des soins intensifs, la pharmacie, la direction de l'hôpital, les médecins spécialistes de garde dans les disciplines chirurgicales et deux collègues généralistes se préparaient à recevoir et à traiter la cohorte de blessés. C'est ainsi que, grâce à mon implication à l'urgence, j'étais maintenant aussi initié à la médecine de catastrophe!»

Dans les domaines de l'urgence et de la traumatologie, tout restait à organiser.

Le transport des malades

Le Québec est la plus grande des provinces du Canada avec ses 1 667 441 km2. Il abrite quelque huit millions d'habitants dont 80% sont installés au sud, le long des rives du Saint-Laurent, et les 20% qui restent sont répartis le long des littoraux de sa vaste périphérie. L'étendue du Québec permet d'y loger facilement six pays de l'Europe de l'Ouest et plus, car l'Allemagne, la Belgique, la France, la Hollande, le Luxembourg et la Suisse couvrent ensemble 1 077 734 km2, soit seulement 65% de la surface du Québec!

L'accès à des services de santé en périphérie, particulièrement dans des situations d'urgence, impose donc ici des défis majeurs et complexes. Plusieurs communautés qui ne comptent que peu d'habitants ne sont pas reliées par la route entre elles, ni avec les grands centres urbains du sud de la province, ce qui en fait des régions non seulement éloignées mais isolées. Il fallait donc trouver un moyen de pouvoir diriger rapidement des patients en danger vers des centres hospitaliers où ils pourraient être soignés adéquatement.

De là est née la nécessité du transport aérien.

Le service aérien gouvernemental avait acquis un jet qui permettrait au premier ministre Jean Lesage et aux divers ministres de se déplacer rapidement sur le territoire québécois. À l'époque, cette acquisition avait soulevé bien des colères parmi la population qui voyait «le jet à Lesage» comme une dépense exorbitante. Pourtant, on doit au service aérien gouvernemental le premier transport aérien d'un malade, qui aurait eu lieu entre les Îles-de-la-Madeleine et Québec. Cela se passait au début des années 1970. Un médecin des îles s'en allait examiner son patient qui venait d'être foudroyé par un accident vasculaire cérébral (AVC). En route vers l'hôpital, il se demandait ce qu'il pourrait bien faire. Le patient aurait eu besoin d'un neurologue et d'équipements spécialisés pour bien diagnostiquer et pouvoir intervenir le plus efficacement possible. Mais dans le petit hôpital des Îles-de-la-Madeleine, rien de tout cela n'était disponible.

C'est alors que le médecin vit un avion gouvernemental bien stationné à l'aéroport local. L'avion était facilement identifiable à cause de son immense fleur de lys bleue sur sa queue. Il eut alors l'idée de s'arrêter et de demander si le pilote accepterait de transporter le malade à Québec, où il pourrait vraisemblablement être sauvé. Il aurait alors été politiquement suicidaire pour le ministre qui avait réservé cet avion gouvernemental de refuser d'accéder à une telle demande.

L'avion quitta donc la piste avec le grand malade et son médecin à son bord, les déposa à

l'aéroport de Québec, où une ambulance attendait, et revint aux Îles plusieurs heures plus tard pour reprendre son service normal auprès du ministre. Une nouvelle ère venait de s'ouvrir. Et dorénavant, le service aérien gouvernemental (SAG) héritait d'une nouvelle fonction: le transport des malades des régions éloignées vers les deux grands centres de la province, Québec et Montréal.

Le «jet à Lesage», qui avait soulevé tant de controverse lors de sa mise en route, serait, lui aussi, utilisé pour les malades, et venait de se mériter, grâce à cette nouvelle fonction, la bénédiction populaire.

C'est ainsi qu'au fil des années le rôle des urgences s'est rapidement développé.

Préparer l'avenir

Alors que les mots urgentologie et traumatologie étaient à toute fin pratique absents du vocabulaire au milieu des années 1950, ces deux sphères de la médecine se sont imposées au fil des années.

Ainsi chaque année, l'Hôpital de l'Enfant-Jésus du CHU de Québec-Université Laval organise un colloque afin de permettre à l'ensemble des intervenants de la chaîne d'intervention impliqués d'échanger leurs connaissances sur la traumatologie. Le thème du colloque qui se tiendra du 24 au 26 févier à Québec: Le transfert des connaissances. Pour les membres des services médicaux concernés, premiers répondants, paramédics, médecins, infirmières, professionnels de la réadaptation et administrateurs, toute l'information est disponible sur: www.traumadefis.com/

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