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Malade notre système de santé? Les idées des malades: la PPSA

Depuis l'entrée en vigueur de cette taxe santé, existe-t-il quelqu'un au Québec qui a pu observer la trace de l'ombre d'une amélioration?
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«C'était en décembre 1990. Le système d'assurance maladie du Québec avait à peine vingt ans et un coup de barre s'imposait. Nous étions au Colisée de Québec, et le ministre de la Santé, Marc-Yvan Côté, arpentait en bras de chemise le centre de la patinoire transformée en plancher de scène pour l'occasion.

«Désormais affirma-t-il, le patient, le malade, sera au cœur du système.»

L'effet fut théâtral, mais malheureusement éphémère.

Un autre vingt ans plus tard, force est de constater que le patient est bien loin d'être au centre du système. De là, la préoccupation majeure de cet ouvrage: placer le patient à la tête du système, là où il pourra se doter d'un niveau de services auquel il est en droit d'espérer. Mais nous sommes loin de la coupe aux lèvres, car le patient est le plus souvent en périphérie et tente d'entrer dans le système par n'importe quelle porte, surtout lorsqu'il a la chance d'avoir un médecin ou un fonctionnaire dans sa famille ou parmi ses amis.»

(Référence : Jacques Beaulieu, Révolutionner les soins de santé. C'est possible, Les Éditions Trois-Pistoles, 2012)

Trois ans après la sortie de ce livre et dans la foulée de l'écriture de cette chronique, une question m'est apparue tout à coup comme essentielle. Supposons pour un instant que ce patient soit à la tête du système, que lui demanderions-nous? Et comme ce patient pourrait être n'importe quel bénéficiaire des soins, on pourrait tout un chacun, nous demander ce que nous pourrions faire pour améliorer l'accès aux services. Mais avant, jetons un coup d'œil aux idées qui n'ont pas apporté les résultats escomptés.

Plus d'argent dans le système

Cela semblait d'une évidence indubitable. Pour améliorer les services, il faudrait plus d'argent dans le système et pour cela pourquoi ne pas appliquer la politique du consommateur-payeur?

C'est dans cet esprit que fut instaurée la fameuse taxe santé. Ainsi chaque année, quelques centaines de dollars sont pompés directement du rapport d'impôt et l'argent ainsi récupéré doit (ou devrait, on ne sait trop) être dirigé aux soins de santé. Mais depuis l'entrée en vigueur de cette taxe santé, existe-t-il quelqu'un au Québec qui a pu observer la trace de l'ombre d'une amélioration?

Des bonifications au rendement

Puis, d'autres trouvailles comme les GMF (Groupe de médecine de famille) ou des bonifications des rémunérations aux médecins qui prennent plus de patients se sont ajoutées avec, elles aussi, des résultats pour le moins mitigés.

Dans tous ces cas, les gouvernants cherchent soit à augmenter les revenus, soit à diversifier les offres de services, mais on aboutit toujours au même constat: rien de nouveau sous le soleil (ou du moins celui de notre carte soleil). Il faut donc chercher les solutions ailleurs. Et pourquoi ne pas regarder du côté des patients, ceux-là mêmes qui devraient être à la tête du système et leur demander des idées.

Idées novatrices et pistes encore inexplorées

Et si au lieu de demander au gouvernement d'augmenter les effectifs en santé ou encore de bonifier les revenus qu'il offre aux soignants pour que ceux-ci nous offrent de meilleurs soins, le patient faisait en sorte d'offrir lui-même une prime aux soignants qui lui offrent un service ajouté.

La PPSA

Comment fonctionnerait cette prime pour service ajouté (PPSA)? Prenons cet exemple. Il est 8h du matin. Depuis 3 jours, votre poupon fait une fièvre qui baisse lorsque vous lui donnez de l'acétaminophène, mais qui revient immanquablement lorsque le médicament a cessé de faire effet. Vous avez appelé le 911 qui vous a conseillé d'attendre 3 jours avant de consulter. Après 3 jours, la fièvre continue, vous vous décidez donc à demander une consultation. Aucune clinique n'est disponible pour le recevoir. Nous sommes un dimanche et le CLSCL est fermé. Il ne vous reste donc que l'option d'aller attendre une dizaine d'heures ou plus à l'urgence de l'hôpital. Et là vous aurez en plus à vous trouver une gardienne pour l'autre enfant qui n'est pas malade ou vous résigner à l'amener avec vous et votre bébé malade.

Ne serait-il pas plus facile d'appeler un médecin qui viendrait voir votre bébé à votre domicile? Mais voilà, nous ne sommes pas en France où la visite à domicile est la procédure habituelle. Ici les médecins qui font de telles visites sont rarissimes. Supposons que vous puissiez offrir à ce médecin une PPSA disons de $20, 00 cela pourrait-il changer la dynamique? Quand on compte bien, il s'agit d'argent que vous auriez dû verser en tarif de stationnement de l'hôpital et en essence pour s'y rendre ou en frais de gardienne si vous aviez dû en trouver une. Comprenons-nous bien, il ne s'agit pas d'un ticket modérateur. Ce dernier, s'il existait, serait payable à toutes les fois où vous devriez avoir besoin de soins. Il s'agit d'une mesure visant à ultimement à réduire l'accès aux services.

La PPSA est une prime qu'on décide de payer pour obtenir un service supplémentaire, comme la visite à domicile. Elle n'est obligatoire que si vous désirez obtenir ce service et sinon, vous avez toujours le choix de vous retrancher dans les solutions actuelles: trouver une clinique ou vous présenter aux urgences. La visite à domicile offre plusieurs avantages aujourd'hui trop souvent oubliés. Le médecin a ainsi l'occasion de voir le milieu dans lequel vit son patient et souvent des diagnostics et des moyens thérapeutiques plus efficaces ont été permis parce que le docteur s'était rendu compte que l'air ambiant était trop sec, trop humide, qu'il y avait présence de moisissures et même de l'état de salubrité général d'une habitation.

Pour le patient, éviter des heures d'attente dans des salles bondées avec de grandes possibilités de surinfection, avoir à se déplacer et défrayer les coûts de stationnement valent bien les quelques dollars de PPSA qu'il aura payés. Et la PPSA pourrait probablement aussi s'adapter à d'autres services auxquels nul n'a encore pensé.

Le pourboire

Un autre exemple de mesures que pourrait prendre le patient pour améliorer les soins qu'il reçoit pourrait être un pourboire qu'il pourrait laisser discrètement dans une boîte spécialement aménagée à ces fins à la sortie de la clinique. Ces pourboires pourraient être partagés entre les diverses personnes qui assurent la réception du patient. Être bien accueilli, avec un sourire plutôt qu'autrement, par des personnes qui ont l'air heureux d'accomplir le travail qu'elles font, vaut bien quelques dollars de pourboire.

Bien sûr, il ne s'agit ici que de quelques idées et je suis convaincu que vous en avez bien d'autres. Profitez de l'onglet «Commenter» de cet article pour partager vos idées. Je suis convaincu que de ces suggestions, il en sortira quelques-unes qui seront susceptibles d'améliorer grandement notre système de santé et qui sait, peut-être même de le guérir...

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