Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Malade, notre système de santé: surtaxe? Oui, si...

Tous demeurent libres de leurs choix alimentaires, mais ils devront payer plus si ces choix contribuent à nuire à leur santé.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Nous avons commencé la semaine dernière à chercher d'autres sources de revenus pour le ministère de la Santé et des services sociaux du Québec (MSSSQ), continuons donc ici notre exploration.

Les taxes spéciales à la consommation

Le fait que le tabac joue un rôle important dans différentes pathologies devrait inciter le gouvernement à y appliquer deux taxes spéciales, l'une touchant les compagnies productrices et l'autre le consommateur.

Le montant et les modalités d'application demeurent à définir, mais une condition sine qua non s'impose : les argents ainsi récoltés doivent être acheminés directement au ministère de la Santé et des services sociaux, qui pourrait les appliquer directement aux pathologies induites par l'usage du tabac. Ce qui ne fut pas fait. Ainsi, les argents récoltés ont permis d'éponger la dette du Stade olympique. Pourtant, quand on a un cancer du poumon, on ne va pas se faire soigner au Stade olympique, mais encore dans un hôpital...

Le même raisonnement pourra s'appliquer à la malbouffe, aux divers sucres et graisses.

Tous reconnaissent le rôle de l'embonpoint et de l'obésité dans diverses maladies (problèmes cardiovasculaires, diabète, nombreux cancers, etc). Encore ici, tant les producteurs, les distributeurs que les consommateurs devront être mis à contribution. Tous demeurent libres de leurs choix alimentaires, mais ils devront payer plus si ces choix contribuent à nuire à leur santé.

Le calcul est fort simple : si pour chaque burger vendu, chaque pizza, chaque frite, chaque boisson sucrée vendue, quelques sous étaient remis par le vendeur et quelques-uns par le consommateur, il est à prévoir une pluie de plusieurs millions de dollars annuellement dans les coffres du MSSSQ.

À titre d'exemple, le Danemark, dont la population ressemble en nombre à celle du Québec, a adopté cette mesure. Bruno Geoffroy écrit dans Protégez-Vous : « Au Danemark, une taxe controversée sur les gras saturés est désormais prélevée. Cette taxe, imposée pour les dix prochaines années, vient s'ajouter à une taxe sur les sodas déjà en place. Les autorités danoises estiment qu'elle générera près de 270 millions de dollars par an. De quoi financer une partie des programmes de santé publique».

Encore ici, la même condition obligatoire s'applique : tous les argents récoltés doivent aboutir au MSSSQ, et non dans un fond consolidé gouvernemental.

Investissement en pharmaceutique

Le MSSSQ devrait être partie prenante et jouer un rôle actif dans la démarche visant la recherche, la production et la mise en marché des médicaments. En conséquence et en toute logique, une partie des retombées économiques issues de la distribution de nouveaux médicaments devrait revenir dans les coffres du MSSSQ. Il sera donc souhaitable d'établir des partenariats bien définis avec l'industrie pharmaceutique indiquant clairement les rôles et le modus operandi de chacun des intervenants afin de permettre une saine compétition entre les diverses compagnies pharmaceutiques, de favoriser l'émergence de nouveaux médicaments au Québec, tout en préservant l'autonomie et l'indépendance des professionnels.

Présentement, les pressions et les influences qu'exercent les pharmaceutiques sur les médecins et sur les assurances-médicaments sont bien documentées.

D'une part, et cela est bien légitime, les pharmaceutiques doivent informer les médecins des nouveaux médicaments disponibles et des nouvelles études concernant les effets des diverses médications. Mais la ligne est ténue entre information et vente sous pression.

Bien sûr, à l'instar des autres milieux médicaux, l'industrie pharmaceutique s'est dotée d'un code d'éthique de plus en plus restrictif. Malheureusement, tous n'y adhèrent pas avec la même conviction, contournant les règles édictées, et les risques de dérapage existent toujours.

Les coûts augmentent dans tous les scénarios

De plus, et cela n'est pas négligeable, la disponibilité et la distribution de l'arsenal médicamenteux exerce une influence directe sur les coûts du système, sur la distribution des soins et sur les différences dans les règles d'utilisation des ressources. Par exemple, si de nouvelles recherches arrivent à démontrer que le taux admissible de cholestérol sanguin n'est plus de 7, mais devrait plutôt être de 5, un large pan de la population se verra prescrire plus hâtivement des statines afin de mieux prévenir l'hypercholestérolémie. À ce coût direct, le patient achetant plus tôt dans sa vie des statines ou autres médicaments, s'ajoute le fait que des examens sanguins et des suivis périodiques arriveront aussi plus tôt dans la vie de ce patient, tant et si bien que des ressources devront être disponibles pour faire les prélèvements sanguins, les analyses de laboratoire et le suivi des résultats par le médecin traitant.

Si nous poursuivons le raisonnement, supposons qu'une recherche ultérieure paraisse cinq ans plus tard. Deux scénarios sont possibles. Dans le premier, la recherche montre que les résultats antérieurs ont été erronés et qu'en réalité, abaisser les niveaux admissibles de cholestérol n'a rien changé aux survies, ni à la fréquence des problèmes cardiaques. Dans cette hypothèse, pendant cinq ans, les coûts en santé auraient augmenté inutilement.

Dans le second scénario, c'est l'inverse qui survient : l'abaissement des taux de cholestérol ayant provoqué une augmentation des survies et ayant diminué le nombre d'événements cardiaques, il n'est pas sûr qu'il s'agisse ici d'une économie pour le système de santé, car les gens qui vivent plus longtemps consommeront plus longtemps ces médicaments, ainsi que tous les autres services de santé dont ils auront besoin durant ces années de vie supplémentaires.

Dans un cas comme dans l'autre, les coûts du système augmentent. Voilà pourquoi le MSSSQ doit être partie prenante dans l'industrie pharmaceutique, et même devenir partenaire en investissant dans certains domaines.

Un exemple concret d'un succès

Dans un article que j'écrivais et qui fut publié dans la revue L'Actualité médicale du 19 janvier 2011, je soulignais un exemple qui pourrait facilement se multiplier : «Il convient de souligner particulièrement les travaux du Dr Harold Jennings, un chercheur canadien au CNRC, récipiendaire du prestigieux prix Galien en 2006, qui a mis au point le vaccin synthétique contre la méningite. Ce vaccin a permis de sauver ou d'améliorer la vie de centaines de bébés et de jeunes enfants partout dans le monde. De plus, le brevet de ce vaccin seul a permis au CNRC de récolter plus de vingt millions de dollars à ce jour.»

On parle ici d'un chercheur. Combien en comptons-nous au Québec? Combien participent à des recherches en pharmaceutiques? Si on multiplie l'exemple du Dr Jennings par un chiffre conservateur de 10, on parle quand même de quelques centaines de millions de dollars.

En somme, il s'agit de ne pas craindre de jouer d'innovation, ni de créativité. C'est bien beau de réduire les dépenses, mais on doit aussi impérativement songer à augmenter les revenus?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Arthrite

Quelques statistiques sur la santé des Canadiens

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.