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Portrait de médecin: le docteur Augustin Roy

Il demeurera un médecin dans l'âme et un homme d'action des plus audacieux.
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Augustin Roy : un fier batailleur et un homme de cœur

La naissance d'Augustin Roy fut en quelque sorte prémonitoire. Présage d'un de ses combats futurs, Augustin vit le jour dans un milieu hospitalier, et non à la maison comme cela se faisait à l'époque. C'est au tout nouvel hôpital du Saint-Sacrement, à Québec qu'il naquit le 18 octobre 1928. À l'âge de trois ans, il contracta une otite. Comme à l'époque, les antibiotiques n'existaient pas, le seul remède disponible était de nettoyer l'oreille avec de l'acide borique, traitement tout aussi indolore qu'inefficace. Il en gardera une séquelle permanente, une surdité de l'oreille droite. C'est un handicap qu'il ne révélera à personne durant toute sa vie, car il savait que certains auraient pu s'en servir contre lui.

Formation

Son objectif était de suivre les traces de son père, de devenir notaire et de... faire de la politique de campagne. Le 8 mai 1942 allait modifier dramatiquement ses plans. Son père décéda des suites d'un infarctus foudroyant. Augustin décida de devenir médecin. Pour payer ses études, il occupa plusieurs postes dont celui d'officier cadet dans l'armée canadienne. Au début du troisième été dans l'armée, il fut l'un des trois candidats choisis pour faire un stage à Hanovre, en Allemagne, dans la zone britannique à quelques kilomètres des Russes. Cette expérience fut marquante pour le jeune médecin en formation. Il termina sa médecine en juin 1954.

Des débuts médicaux

Ce fut une rencontre imprévue qui marqua les débuts du jeune docteur Roy dans le monde de la vraie médecine. Il rencontra un sous-ministre adjoint à la santé qu'il avait connu lors de ses nombreuses visites au Parlement. Comme il lui faisait part de ses hésitations entre l'obstétrique et la pratique générale, ce dernier, lui souligna que, justement, on avait besoin d'un médecin de famille au Témiscamingue, celui qui occupait ce poste ayant quitté pour entreprendre une spécialisation. Sitôt dit, sitôt fait, son mentor lui organisa une rencontre avec les notables de Notre-Dame-du-Nord et de Ville-Marie. Augustin y fut reçu comme un roi.

Au Témiscamingue

À son arrivée à Notre-Dame-du-Nord à neuf heures du soir, un premier patient l'attendait. Il venait pour... se faire extraire une dent. Le médecin de l'époque devait savoir tout faire car, bien souvent, il cumulait les tâches de médecin, dentiste, chirurgien et pharmacien. Il existe un univers de différence entre la médecine qui se pratiquait avant l'assurance hospitalisation et celle d'aujourd'hui. Le docteur Roy exerça différents postes tant avant qu'après ce qu'il fut convenu d'appeler la Révolution tranquille. J'eus le privilège de travailler avec lui pendant quelques années à l'écriture de son livre, et c'est toujours avec ce même sentiment d'amour qu'il me parlait de ses patients et, plus tard, de ses médecins.

Puis à Schefferville

Une année plus tard, en juin 1955, la compagnie minière Iron Ore du Canada publia une offre d'emploi comme médecin de la compagnie à Schefferville. Ses expériences dans l'armée, à l'hôpital Jefferey Hale de Québec et au Témiscamingue contribuèrent à l'obtention du poste. Dans son nouveau cabinet, il eut souvent l'occasion de rencontrer d'illustres politiciens invités pour des parties de pêches, dont Maurice Duplessis. À l'époque, ces pratiques s'opéraient en toute légitimité.

Un samedi après-midi, le jeune docteur Roy reçut un appel d'urgence. Un invité de marque venait d'avoir un accident. Le blessé n'était nul autre que le premier ministre du Canada, l'Honorable Louis Saint-Laurent. Augustin Roy, jeune médecin de 27 ans, diagnostiqua rapidement une fracture du pied sans déplacement. Il posa un plâtre à son illustre patient. Le lendemain, il reçut un appel de félicitations du Dr Alphonse Couturier, médecin personnel du premier ministre à Rivière-du-Loup. D'ailleurs, ce docteur Couturier deviendra ministre de la Santé sous le gouvernement de Jean Lesage en juin 1960. Quelques années plus tard, le docteur Roy acquerra une propriété à Notre-Dame-du-Portage, où il aura comme proches voisins Monsieur Louis Saint-Laurent et le docteur Couturier. Décidément, médecine et politique se sont toujours côtoyées avec Augustin Roy.

Premier et deuxième changement de carrière

Il décide d'orienter sa carrière en hygiène publique. Une fois sa spécialité terminé, il fut affecté à l'unité sanitaire Saint-Hyacinthe-Rouville. L'épidémie de poliomyélite frappait alors le Québec. En un seul après-midi, il vaccina 625 enfants.

Mais la politique n'est jamais bien loin dans la vie d'Augustin Roy. Dans les assemblées publiques, il rencontra ainsi Daniel Johnson père, et renoua avec le Dr Couturier. L'univers médical québécois allait être transformé avec la promesse de Jean Lesage d'instaurer l'assurance maladie. Augustin voulait plus que tout autre en être un acteur de première ligne. Deuxième changement de carrière: ce sera un retour aux études, cette fois en administration hospitalière sous les directions du docteur Armand Frappier et Gérald Lasalle.

Il fit un stage d'un an à l'hôpital Saint-Luc, alors en reconstruction, à Montréal. Il y demeurera jusqu'en mars 1963. À l'été 1962. Il avait obtenu la permission de participer à un séminaire de formation donné à l'université d'Uppsala, en Suède, sous l'égide de l'entraide universitaire mondiale, Augustin brûlait d'envie de visiter ce pays, modèle de la modernité pour le Québec, surtout dans le domaine social.

Troisième et dernier changement

De retour au Québec, le téléphone d'un médecin pour qui Augustin avait beaucoup d'estime l'orienta, «temporairement» a-t-il toujours dit, vers la carrière où il s'est fait le plus connaître. Ainsi, il est invité par le Dr Gérald LaSalle à joindre les rangs du Collège des médecins du Québec (CMQ).

Le 14 mars 1963, il fait donc son entrée au Collège. Augustin eut l'occasion de se faire connaitre rapidement. Son franc-parler et ses convictions profondes allaient l'amener à souvent prendre des positions publiques à la défense de la profession médicale. Ainsi, il fut nommé secrétaire du comité que le Collège avait mis sur pied pour préparer un mémoire pour la Commission Lacroix sur la chiropratique. Les prises de bec entre Augustin et les chiropraticiens ont eu tôt fait de le propulser sur la place publique.

La montée dans le Collège

En septembre 1964, le docteur Roy grimpe un premier échelon, il accepte par intérim le rôle de registraire du Collège des médecins, puis est élu formellement à cette fonction en janvier 1965 en remplacement du Dr Gérald Lasalle, devenu doyen de la nouvelle faculté de médecine à l'université de Sherbrooke. Le docteur Roy fut de toutes les batailles. En 1974, il est élu président du Collège des médecins du Québec, qu'il ne quittera que vingt ans plus tard, à sa retraite. Au total, il y aura donné 31 ans de sa vie. Il aura donné au Collège le visage qu'on lui connaît aujourd'hui.

Il a aussi, et cela plusieurs l'ont étonnamment oublié, défendu bec et ongles le docteur Henry Morgentaler dans sa croisade pour l'avortement. Le docteur Roy avait alors dit: «Le rôle du médecin est de rendre service aux gens, et non de leur faire la morale».

Pour moi, il demeurera un médecin dans l'âme et un homme d'action des plus audacieux. Il a certes été sourd d'une oreille durant toute sa vie, mais il n'aura jamais été muet. Mes hommages, docteur Augustin Roy!

Lire aussi :

• Docteur Augustin Roy, Permettez-moi de vous dire..., ouvrage rédigé avec la collaboration de Jacques Beaulieu.

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