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Portrait de médecin: Wilder Graves Penfield

Ce médecin d'un humanisme et d'une détermination hors du commun fut un pionnier dans l'exploration du cerveau humain.
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Ce médecin d'un humanisme et d'une détermination hors du commun fut un pionnier dans l'exploration du cerveau humain. Wilder Graves Penfield est né à Spokane à Washington le 26 janvier 1891. Son grand-père et son père étaient médecins, mais ce fut sa mère, une femme forte et déterminée qui eut le plus d'influence sur lui.

En 1899, son père connaît d'énormes problèmes avec sa pratique médicale et n'est plus en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. Sa mère amena donc ses 3 enfants vivre avec elle chez ses parents à Hudson, dans l'État du Wisconsin. Lorsque le jeune Wilder fut prêt à entrer au collège, la famille n'avait pas les moyens financiers pour le soutenir. Il devrait mériter une bourse et, pour cela, il s'inscrivit à l'équipe de football de l'université de Princeton. Malheureusement, il ne put que se dénicher un poste de substitut. C'était beaucoup trop peu pour avoir une chance d'obtenir la bourse de Rhodes.

Sa mère l'ayant convaincu de la nécessité d'obtenir celle-ci, il s'inscrivit donc à des sessions intensives de cours de boxe pendant près d'un an. Grand bien lui en fit, car il fut dès lors accepté au sein de l'équipe de football universitaire comme défenseur de première ligne.

Il peut alors entrer à Princeton, où il obtient d'abord un certificat en littérature. Il faut dire qu'au début de ses études, le jeune Penfield ne voulait absolument pas faire la même carrière que son père qui avait abandonné sa famille. C'est un professeur de biologie qui l'inspira et l'encouragea à entreprendre ses études de médecine. Avant d'entrer en faculté, Wilder Penfield devait amasser suffisamment d'argent pour défrayer le coût de ses études. C'est pourquoi, il devint entraîneur pour l'équipe de football tout en tout en enseignant à Galahad, où il avait fait ses études secondaires. Cette école, soulignons-le, avait été fondée par sa mère, férue de littérature. Il obtint finalement la bourse tant convoitée et put être admis au Merton College de l'université d'Oxford, qui accepta, pour lui permettre de terminer son contrat comme entraîneur de l'équipe universitaire, qu'il commence sa médecine à la fin de l'automne.

À Oxford, Penfield est grandement influencé par deux professeurs. L'un est un neurophysiologiste, le professeur Charles Sherrington. Ce dernier lui avait présenté le cerveau humain comme étant un vaste champ vierge, un pays inexploré dans lequel les mystères de l'esprit humain pourraient un jour être élucidés. L'autre fut un médecin d'origine canadienne, Sir William Osler. À l'époque où Penfield effectue ses études médicales à l'Université d'Oxford, Sir Osler en est le doyen. Ce médecin était aussi un passionné de l'histoire de la médecine et de la littérature.

Après son passage à Oxford, Wilder Penfield entre à l'école de médecine du Johns Hopkins Hospital, d'où il obtient son diplôme de médecin en 1918. Il fut ensuite interne en chirurgie au Peter Bent Brigham Hospital à Boston. Il étudiera aussi à Londres avant de revenir aux États-unis à l'université de Columbia. C'est là qu'il a commencé à développer ses techniques chirurgicales. Convaincu de devenir neurochirurgien car seule cette spécialité offrait la possibilité de voir le cerveau humain en action, il s'entoure de neurologues, de neurochirurgiens et de neuropathologistes pour former une équipe de recherche.

En 1928, il joint les rangs de l'Hôpital Royal-Victoria de l'Université McGill, là même où son mentor, Sir Osler, avait obtenu son diplôme de médecine en 1872 et avait enseigné pendant dix ans. À peine quelques mois après son arrivée à Montréal, sa sœur Ruth est atteinte d'une tumeur cérébrale très agressive. Le Dr Penfield consent à tenter une chirurgie que personne d'autres n'osait pratiquer. Il réussit à enlever une grande partie de la tumeur, mais ne peut tout exciser. C'est suffisant pour que Ruth puisse reprendre une vie normale. Elle décédera trois ans plus tard. C'est ce succès qui le convainquit à ouvrir un institut de neurologie à Montréal. Il fait alors une demande à la Fondation Rockefeller qui lui accorde un fond de plus d'un million de dollars, une véritable fortune en 1934.

C'est ainsi qu'est né l'Institut neurologique de Montréal en 1934, Institut que dirigea le Dr Penfield jusqu'à sa retraite en 1960. D'une rare habileté en chirurgie, le docteur Penfield concentrera ses recherches sur les traitements chirurgicaux de l'épilepsie et la cartographie du cerveau humain. Il y découvre les sièges de la motricité et ceux de la sensitivité ainsi que ceux de la mémoire. Il aurait bien aimé découvrir ceux de l'âme, mais il écrira: «Il n'est pas déraisonnable d'espérer que notre esprit puisse s'éveiller après notre trépas à une autre source d'énergie».

Plusieurs honneurs furent attribués au docteur Penfield, et ce, venant de tous les coins du monde. Il fut président du Collège royal canadien des médecins et des chirurgiens ainsi que de l'American Neurological Association. Il reçut des doctorats honorifiques de 25 universités différentes. Il reçut la Médaille de la liberté des États-Unis, la Légion d'honneur de France, la croix de la Légion de Grèce de George 1 ainsi que le British Order of Merit. Plus près de nous, il reçut la Médaille internationale de chirurgie (1958) et fut intronisé au Temple de la renommée médicale canadienne (1994). Dans un sondage récent à travers tout le Canada, il a été désigné comme l'un des plus importants citoyens du Canada.

En 1960, le docteur Penfield, à l'aube de son 70ième anniversaire, prend sa retraite et entreprend une deuxième carrière... en littérature. Parmi les livres qu'il écrit, certains sont d'ordre scientifique, d'autres touchent au roman et d'autres, enfin, aux biographies de médecins illustres. Était-ce sous l'inspiration de Sir Osler? Il est permis de le croire. Dans plusieurs de ses écrits, le Dr Penfield rend hommage à sa mère qui, comme il l'écrit, l'avait aidé à tout rendre possible pour lui.

En 1965, il participe à la fondation puis assure la présidence de l'Institut Vanier de la famille, une initiative du gouverneur général Georges P. Vanier et de son épouse Pauline. Pour Penfield, la famille est la première école de la vie de tout être humain.

En somme, avant sa mort, il avait réalisé le rêve de sa mère en ce qui concerne la littérature et celui de son père en devenant un illustre médecin. En s'engageant dans l'Institut Vanier de la famille, aurait-il voulu montrer l'importance de réussir là où ses parents avaient failli ?

Du même auteur: Jacques Beaulieu, Ces médecins qui ont marqué le Québec, Éditions MultiMondes, 2014.

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