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Journée mondiale de l'Afrique: un continent toujours à la traîne

En réalité, il est difficile pour l'Afrique de sortir du cercle vicieux, des pièges de la pauvreté et de l'endettement dans lesquels elle est prise.
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Vous ne le savez peut-être pas, mais le dimanche 25 mai 2014, le monde a célébré la Journée de l'Afrique, qui coïncide cette année avec le cinquantenaire de la création en 1963 de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), une organisation continentale prédécesseur de l'actuelle Union africaine (UA).

En réalité, qu'est-ce qu'on célèbre au juste?

Tout le monde dit croire en la renaissance du continent africain, c'est devenu même un refrain qu'on entend souvent dans les discours aux instances internationales des Nations Unies et dans les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Mais en réalité, il est difficile pour l'Afrique de sortir du cercle vicieux, des pièges de la pauvreté et de l'endettement dans lesquels elle est prise.

Toutes les réformes institutionnelles et économiques initiées au courant de ces cinquante dernières années n'ont pas apporté le changement escompté auprès de la grande majorité de la population qui continue de vivre avec moins d'un dollar par jour.

Ceux qui ont vécu la période coloniale se souviennent de la « belle époque » et disent souvent que la situation économique était encore mieux que celle que nous vivons actuellement.

Ce continent qui est considéré, à tort ou à raison, comme le berceau de l'humanité est justement capable d'approvisionner l'humanité en ressources naturelles, mais elle n'est pas capable de nourrir à leur faim, de soigner correctement et d'éduquer convenablement ses propres enfants.

Le pessimisme ce n'est pas dans ma nature, mais j'avoue sincèrement que je ne vois aucun signe qui montre que l'Afrique est, cette fois-ci, engagée dans la bonne direction. Il y a une longue liste de défis auxquels elle fait face maintenant et dans les années à venir. En effet, l'avenir de ce continent immensément riche est toujours incertain.

Plus de cinquante ans après la décolonisation suivie des indépendances et cinquante ans depuis la création de cette organisation continentale chère à Kwame Nkrumah, le rêve des pères fondateurs de consolider l'union politique et économique du continent afin de défendre la souveraineté des États nouvellement indépendants et de créer les États-Unis d'Afrique, est tomber dans le trou noir.

Et pourtant, l'intégration économique aurait été un levier important pour le démarrage et la consolidation de la prospérité de ce continent.

Aujourd'hui, l'Afrique est plus divisée qu'elle ne l'était il y a cinquante ans. Ses enfants s'entre-déchirent et s'entre-tuent pour des choses qu'ils pouvaient régler amicalement au tour d'une table de négociations. Résultat : le continent africain aligne un sombre bilan de son histoire, sur tous les plans. L'Organisation continentale a été même désignée par les Africains, comme étant devenue un syndicat de chefs d'État pour se maintenir au pouvoir.

On a beau dire sur papier que l'Afrique connaît une croissance économique formidable, voire une croissance à deux chiffres - les dirigeants africains se complaisent à vanter les progrès économiques qu'ils ont réalisés - le commun des mortels ne sent même pas l'odeur de cette croissance économique.

En réalité, les spécialistes du développement observent, chiffres à l'appui, que le produit intérieur brut (PIB) par habitant est le plus bas du monde. La fameuse croissance dont on parle n'a pas corrigé les chiffres qui sont manipulés par les économistes, en dépit d'immenses ressources naturelles que l'on trouve dans ce continent.

Plus de 80% de la population ne ressentent pas les répercussions de cette croissance économique dans leur quotidien. Aucun changement majeur non plus dans le secteur de la santé, de l'éducation, de l'alimentation, du logement, etc., qui, il faut le souligner, sont des droits de la personne.

Les objectifs du Millénaire pour le développement qui arrivent à terme en 2015 n'ont pas contribué à améliorer la situation des plus démunis d'Afrique.

La paix et la sécurité, qui sont également les droits de la personne, font cruellement défaut dans ce continent. La prévention et le règlement pacifique des conflits et guerres civiles en Afrique sont devenus un rêve à dormir debout. Plus personne n'y croit.

Pour preuve : les Casques bleus des Nations unies, qui ont pour mission de rétablir la paix et la sécurité dans le monde sont en République démocratique du Congo - un pays qui a connu une guerre civile atroce faisant plus de 5 millions de morts directs ou indirects, des milliers des femmes et enfants violés chaque jour pendant les 20 ans de conflits - depuis 15 ans avec un contingent de 20 000 hommes, ne parviennent pas à imposer la paix dans ce pays.

Un autre défi important de notre siècle, c'est le changement climatique. L'Afrique est l'un des continents qui est et sera beaucoup plus touché par les effets du changement climatique. La pénurie d'eau potable commence à se faire sentir sérieusement dans certaines régions du continent. Alors que l'Afrique n'a pas contribué beaucoup au réchauffement climatique et à la détérioration de l'environnement, mais c'est elle qui doit payer très cher les conséquences, à cause du manque des moyens financiers et matériels pour s'adapter et atténuer les effets du climat.

Un continent malade de ses dirigeants

L'infime minorité des Africains qui profite et s'accapare des richesses du continent, lorsqu'ils ne les ont pas bradées, ceux-là mêmes qui tirent profit de la croissance économique, se barricadent entre les murs surélevés avec le fil de barbelé, en plus des gardiens costauds et musclés pour veiller qu'aucun intrus ne se faufile chez eux, parce qu'ils se sentent à la fois coupable et en insécurité.

Dans ces conditions, nul doute que les inégalités sociales et économiques seront toujours criantes et s'accentueront de plus en plus.

Il y a très peu d'investissements dans les infrastructures de base - ferroviaires, routières, énergétiques, etc. qui favorisent la création des emplois et la réduction, tant soit peu, des inégalités. Je ne connais pas un seul pays au monde qui s'est développé sans énergie électrique. L'Afrique regorge d'immenses potentialités énergétiques, notamment le barrage hydro-électrique d'Inga en République démocratique du Congo, capable d'alimenter toute l'Afrique.

La semaine dernière, on a frôlé une énième catastrophe aérienne à Kinshasa. Un avion d'Air France qui amorçait son atterrissage a été désagréablement surpris par la coupure électrique à l'aéroport. Sans la bravoure et le sang-froid du pilote qui a immédiatement pris la décision de redécoller en attendant que la piste soit éclairée, on serait en train de pleurer encore d'autres morts bêtement.

Les dirigeants africains doivent prendre leurs responsabilités pour bâtir un avenir meilleur pour les générations présentes et futures. Ils doivent comprendre le message de tous ces jeunes Africains, sans emploi, qui prennent des gros risques et dans des conditions inhumaines pour traverser la mer et atteindre l'Europe pour soi-disant «y gagner leur vie», mais malheureusement nombreux finissent leur voyage dans les eaux de l'île de Lampedusa ou aux Canaries. Alors que ce continent a tout pour rendre ces Africains heureux chez eux.

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