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De la Francophonie institutionnelle à la Francophonie des citoyens solidaires

C'est donc, cette francophonie des citoyens solidaires, des institutions universitaires qui comprennent les conditions de vie des autres et qui apportent leur soutien, dont on a le plus besoin, plutôt que l'autre francophonie institutionnelle dont les dirigeants ne pensent qu'à leurs intérêts stratégiques.
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« L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde. » Nelson Mandela

Selon une étude de la banque d'investissement Natixis, on estime qu'en 2050, nous serons 750 millions de francophones contre 220 millions aujourd'hui. Que la langue française, actuellement parlé par 3% de la population mondiale, passerait à 8%, alors que l'anglais, langue de la mondialisation, chuterait de 8 à 5%. L'Institut national d'études démographiques (INED) en France, spécialisé dans l'étude de la conjoncture démographique internationale et de ses évolutions, projette également un boum démographique considérable, notamment en Afrique et qui ferait en sorte que la langue de Molière pourrait devenir la prochaine langue la plus parlée. En effet, dans la plupart de pays d'Afrique francophone, la langue française reste toujours la langue officielle, de travail et d'enseignement, mais elle connait également une dégradation.

Si toutes ces projections s'avéraient exactes, que faisons-nous alors pour offrir une éducation de qualité à la génération actuelle et future pour pérenniser cette langue commune, l'écrire et parler correctement? Que fait la Francophonie institutionnelle pour rapprocher davantage les citoyens francophones? Aussi bien les enseignants que les parents se plaignent de la qualité de la langue française telle qu'elle est parlée et écrite. Que font les universités francophones du Nord pour aider, attirer et offrir une éducation de qualité en français à la jeunesse du Sud, fer de lance de la francophonie de demain, afin qu'ils fassent bon usage de cette langue? Plus de questionnements et moins de réponses.

Canada : un des choix préférés des étudiants internationaux

Le Canada est une des destinations privilégiées des étudiants internationaux, notamment pour la qualité de la recherche, de l'éducation et de diplômes appréciés mondialement; le niveau de vie parmi les plus élevés au monde. Le Canada est également considéré comme l'un des meilleurs endroits au monde pour l'apprentissage de langues et le métissage interculturel enrichissant, notamment à cause de la dualité linguistique qui permet aux étudiants de vivre, apprendre et améliorer leurs compétences linguistiques dans les deux langues. Mais aussi, parce qu'il offre la possibilité aux étudiants internationaux qui, après avoir achevé leurs études, détiennent un titre universitaire ou professionnel canadien et une expérience de travail canadienne, de faire une demande de résidence permanente sans avoir à quitter le territoire canadien.

Cependant, étudier au Canada est un investissement financier coûteux pour le commun des mortels. Le Canada est l'un de cinq pays au monde où les études sont les plus chères pour les étudiants internationaux. Les coûts des frais de scolarité pour les étudiants internationaux sont généralement supérieurs à ceux de certains pays occidentaux et sont sans commune mesure avec ceux exigés notamment en Europe, excepté la Grande Bretagne. Je me rappelle encore, qu'en tant qu'étudiants internationaux, nous avions payé un quart de ce que nous payons au Canada, comme citoyens, par année. Les études universitaires en Ontario coûtent encore beaucoup plus cher que dans le reste du Canada.

Les parents qui envisagent d'envoyer leurs enfants faire leurs études au Canada, doivent y penser deux fois avant de s'engager. Ils doivent inévitablement prévoir un budget (frais de voyages, logement, subsistance et scolarité obligatoires exigés par les établissements) en moyenne de 100 000 dollars canadiens pour un cycle universitaire complet (4 ans de baccalauréat et 2 ans de maîtrise).

À titre d'exemple, si nous prenons les trois premières universités canadiennes classées au niveau national et qui figurent dans le Top 60 mondial de Academic Ranking of World Universities 2013, selon Statistique Canada, les frais de scolarité pour les étudiants internationaux inscrits à temps plein à un programme de sciences sociales (1er cycle) dans les établissements membres de l'Association des universités et collèges du Canada (AUCC) pour l'année académique 2013-2014 sont de 32 075 dollars canadiens pour l'Université de Toronto, 23 300 dollars pour l'Université de la Colombie-Britannique et 16 692 dollars pour l'Université McGill. Seuls les enfants de riches bourgeois et dirigeants politiques peuvent se permettre.

Pour faciliter les jeunes francophones qui veulent poursuivre leurs études au Canada de se procurer une éducation de qualité à coût abordable, afin de mieux se préparer à affronter le monde du travail toujours exigeant et de plus en plus compétitif, l'Université d'Ottawa envisage la possibilité d'exempter les étudiants internationaux francophones de certains droits de scolarité supplémentaires.

Actuellement, même si l'enveloppe diminue de plus en plus d'année en année, seules les universités du Québec et quelques-unes du Nouveau Brunswick qui, en vertu d'ententes conclues entre leurs gouvernements et ceux de plusieurs pays francophones, permettent à certains étudiants internationaux de bénéficier de la bourse d'exemption correspondant à la différence entre les droits de scolarité exigés aux étudiants internationaux de ceux des étudiants nationaux.

Alléger le fardeau financier d'étudiants internationaux francophones

L'ex-gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a effectué une tournée panafricaine, en mars dernier, pour annoncer une bonne nouvelle de l'Université d'Ottawa qui consiste à alléger le coût financier des études dans cette université, pour la jeunesse francophone, afin de lui permettre d'acquérir une éducation de qualité. En effet, partout où elle est passée en Afrique, elle a proposé aux responsables gouvernementaux en charge de l'éducation, un accord de partenariat avec l'Université d'Ottawa, dont elle est Chancelière, afin de réduire le coût des frais de scolarité supplémentaires exigés des étudiants internationaux inscrits dans les établissements universitaires de l'Ontario. Cette exonération partielle des droits de scolarité supplémentaires est une mesure exceptionnelle en faveur des étudiants francophones pour leur permettre de bénéficier une formation dans une université qui a une excellente réputation d'être la plus grande université bilingue du monde qui offre des programmes d'études aussi bien en français qu'en anglais et où les deux langues y sont parlés couramment. Une université située au cœur de la capitale nationale et qui reflète le caractère biculturel et bijuridique (droit civil et common law) de la tradition canadienne.

Voici un engagement très louable d'une Francophonie des citoyens solidaires qui cherche à rapprocher les jeunes francophones du Sud et du Nord, de familles aisées et moins aisées, pour bénéficier tous ensemble d'une bonne éducation et d'avoir les chances égales de réussir dans la vie.

C'est donc, cette Francophonie des citoyens solidaires, des institutions universitaires qui comprennent les conditions de vie des autres et qui apportent leur soutien, dont on a le plus besoin, plutôt que l'autre Francophonie institutionnelle dont les dirigeants ne pensent qu'à leurs intérêts stratégiques.

Nous espérons que le 15e sommet de Dakar va nous offrir un leadership capable de transcender les clivages Nord-Sud, pays riches-pauvres, de tel ou tel continent. Un leadership rassembleur et capable de comprendre facilement, aussi bien, les préoccupations du Nord que du Sud. Un leadership capable d'allier à la fois les besoins de la Francophonie institutionnelle à ceux de la Francophonie des citoyens. Un leadership qui se reconnaisse dans les différentes cultures pour mieux promouvoir cette diversité; promouvoir l'éducation de la jeunesse dans la langue française afin de, non seulement maintenir et garantir la pérennité de cette langue commune, mais également de l'enrichir continuellement avec des expressions nouvelles et de veiller à son utilisation dans les fora internationaux, sans complexe. Un leadership capable de faire avancer les droits de la personne, la démocratie et l'État de droit dans l'espace francophone.

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