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J'avais envie de partir avec quelqu'un. Mais aujourd'hui, je réalise que j'ai besoin de repartir seule, une fois de plus.
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Elle est là, elle est revenue. Après 5 mois, elle est revenue. Elle est encore plus insistante que les fois d'avant. Elle me crie sans cesse que c'est le temps, que je dois repartir. Avant que je ne fasse sa rencontre, mon besoin et mon manque ne se faisaient jamais aussi présents que depuis les deux dernières années. Maintenant, c'est presque quotidien. J'y pense, j'y rêve et je suis nostalgique des fois d'avant.

Et lui, il est là à me regarder, à attendre sagement que je le remplisse de quelques trucs. Il attend patiemment que je l'embarque à nouveau sur mes épaules, que je le réunisse avec son meilleur ami et que nous partions en direction de l'aéroport.

Cette fois, j'avais envie de partir avec quelqu'un. Mais aujourd'hui, je réalise que j'ai besoin de repartir seule, une fois de plus. J'ai cette hâte de revivre le sentiment de zénitude qui m'envahit une fois à l'aéroport. J'ai hâte de voir les couples, les familles et les travailleurs tous prêts à partir. J'aime les regarder, j'aime me demander où ils vont, ce qu'ils se disent, essayer de me mettre dans leur peau. J'aime passer du temps à regarder les retrouvailles lors des arrivées et devenir émotive lors des au revoir douloureux de certains.

Toute l'anxiété des jours d'avant, tous les doutes, une fois passées les portes de l'aéroport, c'est comme si tout ça se dissipait. Ces heures à être seule avant de prendre l'avion, à me demander pourquoi je pars, ce qui m'attend de l'autre côté, ces moments-là sont précieux et me rendent d'un calme inexplicable. Et une fois que mon vol est appelé à l'intercom, me dire que je suis un peu folle de partir à l'aventure de cette façon. En ce moment, j'en ai besoin, je suis en manque.

C'est étrange, je n'arrive pas à expliquer le sentiment que j'ai une fois dans l'avion. Une fois assise sur mon siège et qu'il n'y a pas de retour en arrière, une fois installée avec ma musique et mon iPad, il y a un feeling qui me confirme que c'est ma place, une espèce de rush d'adrénaline et d'endorphine en même temps. Ce sentiment qui me rappelle que, pendant les prochains jours, je vais pouvoir être qui je veux, parce que personne ne connaîtra ni mon passé, ni mon présent. Que je pourrai être moi dans mon entier, sans jugement. Que je pourrai être plus forte que ce que je suis réellement. Et que je pourrai avoir l'air sûr de moi, alors qu'à l'intérieur tout tremblera.

L'envie de repartir est revenue. L'envie de marcher dans des rues inconnues et réfléchir à trop de choses en même temps est là. Marcher et prendre le temps, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire que de contempler ce qui se trouve devant mes yeux. M'arrêter et m'asseoir sur un banc de parc, réaliser à quel point je suis perdue dans une ville et un pays que je viens à peine de découvrir. Être perdue, mais ne pas avoir peur de ne pas retrouver mon chemin. Me perdre volontairement pour croiser des rues et des ruelles remplies de richesses. Me perdre pour espérer tomber sur un trésor. L'envie de sourire à des inconnus, de me faire poser des questions sur les raisons de mon voyage est revenue.

Je mentirais si je disais que je n'avais jamais peur. J'ai souvent peur, je dois souvent faire confiance à mon instinct et, jusqu'à présent, il ne m'a pas trop déçu. Oui, je me suis fait voler, je me suis fait arnaquer, je me suis fait avoir par des trappes à touristes, mais tout ça, ça fait partie de l'expérience. Tout ça fait en sorte que mon bagage d'expérience grossit d'une fois à l'autre.

Je n'ai pas fait une tonne de voyages encore. Je commence à peine. Je n'ai pas la prétention de me qualifier de voyageuse parce que je ne suis jamais partie plus de deux semaines à la fois. Mais ce que je sais, c'est que chaque voyage est complètement différent de celui d'avant. À chaque fois, les rencontres que je fais sont d'une grande importance. Je voyage en solo, mais une fois là-bas, j'ai besoin d'eux. J'ai besoin de ces inconnus qui vont remplir ma tête de souvenirs. Voyager seule me force à entrer en relation avec des gens avec qui jamais je n'aurais pensé avoir des affinités. Voyager seule, c'est de rencontrer une femme de 60 ans qui voyage en solo depuis des années, c'est d'écouter ses histoires et d'en être inspirée. Voyager seule, c'est être intéressée par l'histoire des gens, aimer les entendre raconter leur pays à leur façon. C'est d'avoir envie de découvrir d'où ils viennent. Voyager en solo m'ouvre sur un monde que je croyais inaccessible.

Je voyage pour découvrir, mais je voyage aussi, surtout, pour rencontrer. C'est si facile de commencer une conversation lorsqu'on est seule. Le simple «bonjour» devient un des plus beaux mots que quelqu'un puisse nous dire. Les liens se tissent à une vitesse incroyable et, pour une raison que j'ignore, ces liens, pour la plupart, ont tendance à rester. On ne se promet jamais rien, mais...

J'ai commencé à voyager il y a à peine deux ans. Je dis souvent que je voyage souvent, mais pas longtemps. J'ai besoin de revenir à la maison pour retrouver ce manque. J'ai besoin de revenir pour profiter du temps que j'ai avec ma fille. J'ai besoin de partir pour prendre de l'expérience, afin de pouvoir l'emmener avec moi n'importe où. Mais j'ai surtout besoin de partir pour retrouver ce que je laisse de l'autre côté à chaque fois.

Un jour, quand ma fille sera heureuse de ne plus m'avoir autant dans les pattes, je partirai longtemps. Je partirai avec un billet aller, ne sachant pas quand sera mon retour. Et, qui sait, peut-être que d'ici là, je lui aurai transmis mon envie de partir !

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