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L'année du Serpent vient de débuter pour plus d'un milliard de Chinois à travers le monde. Historiquement, au Québec comme dans d'autres provinces canadiennes, la communauté chinoise a subi de la discrimination. Cependant, une nouvelle ère a été entamée depuis peu au Québec, les Chinois laissant derrière eux l'amertume liée à plusieurs années d'exclusion.
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chinese boy and his mother at garden
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chinese boy and his mother at garden

L'année du Serpent vient de débuter pour plus d'un milliard de Chinois à travers le monde. Historiquement, au Québec comme dans d'autres provinces canadiennes, la communauté chinoise a subi de la discrimination. Cependant, une nouvelle ère a été entamée depuis peu au Québec, les Chinois laissant derrière eux l'amertume liée à plusieurs années d'exclusion.

Une histoire d'exclusion

Rappelons brièvement qu'à partir de 1885, l'Acte sur l'immigration chinoise a exigé des nouveaux arrivants chinois le paiement d'une taxe d'entrée. Cette taxe était de 100 $ en 1900 et 500 $ en 1903. Au tournant du 20e siècle, une maison coûtait 250 $. Les Chinois se retrouvaient donc à assumer l'équivalent de deux hypothèques, simplement pour pouvoir immigrer au Canada...

Puis, en 1923, ce fut au tour de la Loi de l'immigration chinoise d'être adoptée. Cette loi d'exclusion interdisait à la quasi-totalité des Chinois d'immigrer au Canada. Parallèlement, au Québec, les enfants chinois n'ont pu fréquenter l'école française pendant de nombreuses décennies du fait qu'ils n'étaient pas catholiques.

En 2013, quelles leçons la nouvelle génération sino-québécoise tire-t-elle du passé?

Tirer des leçons du passé

Aujourd'hui, les jeunes Sino-Québécois sont nombreux à vivre en français. Plusieurs parlent couramment deux, trois, voire quatre langues. Leur défi: bâtir des ponts entre la communauté chinoise et le reste de la société québécoise. Et alors que certains d'entre eux sont sensibilisés à l'histoire de leur communauté au Québec, d'autres le sont beaucoup moins.

En tant que jeunes Québécois d'origine chinoise, il nous appartient de prendre toute la place qui nous revient en nous engageant socialement, économiquement et politiquement. Par exemple, nous pouvons apporter une contribution significative à la société en faisant du bénévolat pour des causes de bienfaisance, en participant à des conseils d'administration et en nous impliquant dans des partis politiques.

De plus, grâce à notre connaissance de la langue chinoise, nous pouvons contribuer à soutenir des entreprises québécoises qui souhaitent percer le marché chinois. Notre identité, notre connaissance de la culture et des valeurs chinoises, notre capacité à passer d'une culture à l'autre sont de précieux atouts pour la société québécoise. Une plus grande intégration de la communauté chinoise par une implication sociale accrue de sa nouvelle génération ne peut qu'être bénéfique pour le Québec.

Des images du Nouvel an chinois, compilées par nos collègues du HuffPost américain

Le billet de Winston Chan se poursuit après la galerie

Year of the Snake 2013

Year of the Snake 2013

Le rôle du gouvernement

Par ailleurs, le gouvernement québécois doit aussi donner l'exemple en adoptant des mesures d'accueil visant une meilleure intégration économique et sociale. Il ne faut pas se le cacher : l'intégration des communautés culturelles dépend, en grande partie, d'une intégration socioéconomique réussie. Il faut conséquemment réitérer l'importance d'accorder plus de place à la diversité au sein de sa fonction publique. Le gouvernement doit aussi s'assurer qu'une politique de diversité culturelle est appliquée dans ses instances officielles, tout comme dans les sociétés d'État.

Les jeunes Chinois et la langue française

En ce qui a trait à la langue française, il ne suffit pas d'apprendre le français à l'école. Il faut aussi que la société valorise la langue de Molière et la rende attrayante. Bien sûr, l'école doit mettre en place des mesures pour bien encadrer son enseignement, mais pour qu'elle devienne une langue quotidienne, d'usage à la maison et dans les lieux publics, il faut aussi la faire aimer. À cet égard, il convient également de mieux former les futurs enseignants à la nouvelle réalité de l'immigration.

Alors que les débats linguistiques refont surface et que certains se demandent jusqu'où étendre la nouvelle loi 101 pour contrer l'anglicisation, n'y aurait-il pas lieu d'élargir le débat? En effet, la réelle question n'est-elle pas plutôt de se demander comment créer une meilleure cohésion sociale autour du français, notre langue commune?

C'est en s'intégrant dans les réseaux sociaux francophones que les allophones, y compris les Chinois, se mettent à vivre en français. La langue du travail devient alors primordiale. J'en conviens: les lois et règlements jouent un rôle fondamental pour accélérer l'intégration des diverses communautés, mais à mon avis, il faut plus.

Avec 55 000 nouveaux arrivants par année au Québec, le gouvernement doit investir massivement pour faciliter leur intégration à l'emploi, que ce soit par le biais de programmes d'accompagnement des entreprises pour franciser les milieux de travail, de stages de première expérience de travail en sol québécois ou encore, de soutien aux organismes communautaires d'aide aux immigrants. Cet investissement en vaut la peine, car c'est ce qui permettra au français de devenir la langue de notre cohésion sociale.

D'ailleurs, à bien y penser, le moment est particulièrement propice pour amorcer ces changements. En effet, la nouvelle année est placée sous le signe du serpent... signe apparemment favorable à la réflexion, l'apprentissage et le perfectionnement!

Ce texte reflète l'opinion personnelle de Winston Chan et n'engage aucunement le Conseil supérieur de la langue française.

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