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J'ai beau relire le verbatim, j'en suis sonné. Avec de tels propos, Gilles Proulx aurait pu servir de guide à l'exposition «» qui s'est tenue au Palais Berlitz à Paris de septembre 1941 à juin 1942. Ses affirmations concordent exactement avec le discours de Pétain et de Pierre Laval dans les pires moments de la collaboration.
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Gilles Proulx fut - en quelque sorte - un mentor pour moi. Sa façon de faire de la radio a marqué toute une génération d'auditeurs. Son apport au monde des médias est indéniable. Ceci étant dit, je suis carrément tombé en bas de ma chaise en prenant connaissance des propos tenus par Gilles Proulx dans une chronique du Journal de MontréalLe Hamas, Hydre de Lerne ») et sur les ondes de Radio X Montréal à propos du présent conflit entre Palestiniens et Israéliens.

Je ne vous apprendrai rien en vous affirmant que je ne suis aucunement pro-Israélien. Je n'ai jamais caché mes sympathies pour l'existence de la Palestine et de son peuple. Par contre, il m'était impossible de passer sous silence les faussetés véhiculées par mon collègue Gilles Proulx. Sur le ton de l'expert en la matière, Gilles Proulx affirme candidement qu'Israël peut faire plier n'importe quel gouvernement. Cette affirmation est complètement fausse, et elle relève plutôt de l'ignorance et de la caricature. Il ne suffit que de comptabiliser les opposants à Israël au sein des pays membres de l'organisation des Nations-Unies pour constater le contraire. Un nombre important de résolutions de l'Assemblée générale des Nations-Unies ont régulièrement pris position contre les politiques d'Israël. Il s'agit d'un fait connu. D'ailleurs, plusieurs pays latino-américains sont farouchement opposés à Israël et manifestent cette opposition régulièrement. On l'a constaté dernièrement lors de la reconnaissance internationale de la Palestine par bon nombre de pays de l'Amérique latine.

Mais là où le bât blesse profondément, c'est lorsque Gilles Proulx - en expert profane de l'histoire qu'il ne connaît pas - se laisse aller sur les ondes de Radio X Montréal en affirmant tout de go que les Juifs de « la diaspora qui se promènent dans le monde et qui prennent des contrôles économiques, suscitent des haines des nations locales, L'Espagne par exemple, avec l'Inquisition, ou encore plus tard avec Adolf Hitler (..) On est à un an des élections. Les poches qui déterminent souvent des résultats d'une élection se situent à Toronto et à Montréal dans la communauté juive... Les diasporas sont tellement puissantes à Paris, à New York, à Toronto, ou encore à Ottawa ou Montréal qu'elles peuvent manipuler par leurs opinions, leurs menaces, leurs pressions le Gouvernement et en faire un de marionnette. »

J'ai beau relire le verbatim, j'en suis sonné. Avec de tels propos, Gilles Proulx aurait pu servir de guide à l'exposition « Le Juif et la France » qui s'est tenue au Palais Berlitz à Paris de septembre 1941 à juin 1942 au temps de l'Occupation allemande. Parce que les affirmations de Gilles Proulx - qui sont dénuées de tout fondement historique ou scientifique - concordent exactement avec le discours de Pétain et de Pierre Laval dans les pires moments de la Collaboration. Souvenons-nous du président français Léon Blum qui avait fait voter un train de mesures progressistes juste avant la Seconde Guerre mondiale, mais qu'on avait fini par blâmer pour la défaite française tout simplement parce qu'il était de gauche et par surcroît, un Juif. Je ne dis pas que Gilles Proulx embrasse toute l'idéologie antisémite, mais il la perpétue dans un contexte fragile où le Québec moderne se doit de cohabiter avec l'ensemble de ses composantes culturelles. N'en déplaise à Gilles Proulx, le Québec blanc, catholique et francophone n'existe plus - et c'est un bon débarras!

Les propos de Gilles Proulx témoignent d'un malaise évident au sein de la société québécoise. Loin du conflit israélo-palestinien, ces propos nous ramènent à notre propre petitesse intellectuelle où - comme à Vichy autrefois - certains rêvent d'un gouvernement dont les vertus seraient une droite nationaliste tricotée serrée du Québec profond basée sur la peur de l'Étranger, les vertus du travail, de la famille et de la religion catholique. L'Humanité a constaté les dégâts de cette pensée. Que celle-ci soit dénoncée.

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Avril 2018

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