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Je voyage seule pour rencontrer les autres

J'ai rejoint plusieurs communautés de «voyageurs en solitaire» et j'ai entendu toutes les raisons pour lesquelles les gens voyagent ainsi.
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Je sais, c'est illogique, mais lisez jusqu'au bout.

Ma première aventure en solitaire m'a obligée à enfin assumer celle que j'étais suite à la rupture d'une longue histoire, mais elle m'a aussi énormément appris sur les relations et les contacts humains... et qu'en réalité je ne suis jamais seule.

Depuis, j'ai rejoint plusieurs communautés de «voyageurs en solitaire» et j'ai entendu toutes les raisons pour lesquelles les gens (et notamment les femmes) voyagent ainsi: c'est libérateur. Voyager seule m'a aidée à me trouver et à m'aimer. J'adore être seule. Les voyages en solitaire m'ont sortie de ma zone de confort.

Ces raisons sont valables et expliquent parfaitement mon attrait pour ce type de voyages. Mais j'ai remarqué qu'une dimension est rarement évoquée dans ces échanges: les gens que l'on rencontre en chemin. Voici les huit raisons pour lesquelles je voyage seule pour rencontrer d'autres personnes.

1. Je suis plus à l'aise avec ma vulnérabilité

Je sais bien que je peux rencontrer d'autres personnes même en étant accompagnée. Mais à vrai dire, quand je suis seule, je suis automatiquement exposée, et je n'ai pas la possibilité de me réfugier derrière une présence rassurante.

Je suis devenue incroyablement à l'aise pour aborder des étrangers et me faire de nouveaux amis, ou pour m'immiscer discrètement (et courtoisement) dans la conversation d'autres voyageurs. Je suis aussi très douée pour poser des questions et écouter les histoires des gens, serveurs, barmen, guides touristiques, employés ou bénévoles des auberges de jeunesse.

Mais le plus important, c'est le confort que j'ai acquis dans l'autodérision et la connaissance de mes failles et insuffisances. Je suis tranquillisée sur le fait de ne pas pouvoir tout faire toute seule, et je peux parfaitement demander plusieurs fois mon chemin si nécessaire lorsque j'erre dans les rues sans la moindre idée de l'endroit où je suis.

2. J'apprends à faire preuve de souplesse dans mon organisation

J'avais naïvement organisé mon premier voyage en solitaire en Croatie. Chaque jour, je savais ce que j'allais faire, quand je serais sur la route et quand je m'arrêterais dans telle ou telle ville. Surprise: mon voyage ne s'est pas passé comme prévu.

Pour certains, l'idée de se trouver dans un pays étranger sans programme est synonyme de stress. Pour moi, c'est désormais une aventure.

D'autres voyageurs, les habitants même, peuvent vous donner des idées, vous envoyer ou vous accompagner dans des aventures imprévues dont internet et les guides de voyage ne parlent pas. J'ai spontanément appris à surfer à Lima en compagnie d'un Israélien et d'une Allemande avec qui j'avais fait la fête la veille. J'ai suivi une Californienne (devenue depuis une de mes meilleures amies) en randonnée sur l'un des plus grands glaciers d'Islande. Rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais scrupuleusement suivi un programme.

3. J'apprends à m'occuper d'abord de moi

Extravertie, j'aime découvrir le monde en compagnie d'étrangers qui partagent cet état d'esprit, mais aussi avoir le luxe de pouvoir dire non quand je le souhaite.

Lorsque vous voyagez avec quelqu'un, vous n'avez guère de temps pour vous, voire pas du tout, car le voyage est pour vous deux. Il faut faire des compromis sur les visites ou les restaurants, l'heure à laquelle démarrer la journée, le temps passé dehors.

Les voyages en solitaire m'ont appris à m'occuper d'abord de moi. Je fais ce que je veux et je change d'idée quand ça me chante. Trouver un équilibre entre l'écoute de soi et le fait de rester quelqu'un de confiance et de généreux (plutôt que celle qui cherche toujours à faire plaisir aux autres) m'a émancipée.

4. Je me rappelle que je suis importante

Il est facile de se reposer sur un compagnon et la routine du quotidien mais à l'étranger, en compagnie d'étrangers, vous vous rendez compte que vous êtes votre propre compagnie, même si vous ne savez pas toujours exactement ce que cela veut dire.

Lorsque, désemparée et le cœur brisé, j'ai fait mon premier voyage en solitaire, rencontrer les gens m'a rappelé que je suis un être humain digne d'amour, de passion et d'aventures. Cela m'a aussi rappelé à mes responsabilités. Je contrôle mon comportement, ce que je partage avec les autres, mes points de vue, opinions, pensées et sentiments. Je peux changer si je le souhaite. Faire des choix et prendre des décisions toute seule. Et tout ce que je fais a son importance.

5. Je comprends l'importance des relations éphémères

Grâce aux réseaux sociaux, je suis en lien avec quasiment tous ceux que j'ai rencontrés à l'étranger. La plupart de ces relations de voyage sont temporaires, mais les liens créés en un temps si bref demeurent importantes.

J'ai eu de brèves, mais profondes, conversations qui prouvent l'importance de la communication entre êtres humains. J'ai aidé un Chypriote au Pérou avec ses problèmes relationnels. J'ai eu une conversation jusque tard dans la nuit sur la dépression et la façon d'en sortir, avec un Canadien dans la vieille ville de Split, en Croatie. J'ai eu un échange profond sur les parents, l'adoption et l'enfance avec un infirmier du Colorado, à Kyoto. Autant d'échanges qui m'ont rappelé que les gens ont une vie différente et que je peux être reconnaissante de la mienne.

Les relations éphémères n'ont pas bonne réputation, mais je crois sincèrement qu'à travers elles nous apprenons sur nous-mêmes -nos tics, nos problèmes, nos forces- et notre rapport aux autres. Ce faisant, nous nous préparons pour des relations plus durables.

6. Je sais que je peux faire confiance à des personnes que je ne connais pas

Les étrangers ont rendu mes voyages plus agréables et plus mémorables.

Il y a eu ces agents japonais sur le quai du métro, qui ne parlaient pas anglais mais ont compris ma panique quand, ayant passé le tourniquet à la mauvaise station, j'ai dû rebrousser chemin pour remonter dans la rame. Il y a eu cette femme pétillante, mi-indienne, mi-islandaise, qui tenait un stand de beignets à Reykjavik. Nous ayant entendus, moi et quatre autres routards, nous demander comment nous rendre au mont Esja, elle a proposé de nous prêter sa voiture pour la journée.

Ces moments et tant d'autres m'ont rappelé qu'il y a du bon en ce monde et que je peux avoir foi dans l'humanité.

7. Je suis une citoyenne du monde mieux informée

Discuter avec les habitants de leur ville et de l'actualité locale n'a rien à voir avec la lecture des journaux ou d'un guide de voyage.

J'ai appris qu'en 2013 la police islandaise avait tué un homme pour la première fois depuis l'indépendance du pays, il y a près de 70 ans. A Dubrovnik, la chambre d'hôte que j'avais louée était mitoyenne de l'appartement d'une famille. Je suis devenue assez proche de leur fille pour qu'elle me raconte sa fuite de Bosnie pendant la guerre et m'explique les relations entre les deux pays. Malheureusement, nombre d'Australiens, d'Européens et de Canadiens me rappellent encore et encore à quel point ces pays ont de meilleurs systèmes de santé, d'éducation et de congés que les États-Unis.

Bien sûr, je peux apprendre tout cela sur internet, mais je ne pense pas que j'aurais jamais eu l'idée d'aller chercher ces informations. C'est à travers des conversations spontanées, dans des pays étrangers, que j'en apprends davantage sur le monde.

8. Ca me prouve qu'il y a des hommes biens. Beaucoup

Je suis en contact avec des hommes super, j'ai d'excellents amis masculins, et je suis sortie avec des types vraiment bien. Mais en tant que New-yorkaise, je suis quotidiennement confrontée à la bêtise de certains hommes, des sifflets dans la rue à la morgue masculine qui s'ignore.

Il faut être réaliste, quand une femme voyage seule, elle doit être prudente et réfléchir à deux fois aux scénarios et situations éventuelles afin de s'assurer qu'elle est en sécurité et se protéger du mieux qu'elle le peut.

Par chance, dans toutes mes équipées jusqu'ici, j'ai rencontré des hommes vraiment courtois, originaires du monde entier. J'ai discuté des heures avec un Anglais féministe sur les disparités de genre. J'ai parlé des ex et des stéréotypes de genre avec un Canadien en Islande. Ces échanges sont très intéressants entre femmes, mais les avoir eus platoniquement avec des hommes me rappelle vivement que les mecs bien existent, et qu'ils sont nombreux. Cela n'a pas de prix.

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J'apprécie de pouvoir décider d'avoir ou non de la compagnie. Mais je dois admettre que ce sont les autres qui ont rendu mes voyages en solitaire aussi étonnants!

Ce blog, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Julie Flanère pour Fast for Word.

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