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Les patients d'Arkham: La nef des fous

Batman, le Joker, le Sphinx, Double Face et autres super-vilains miniatures sont sans doute venus dévaliser vos provisions de sucreries ces dernières journées. Et si certains d'entre eux semblaient menaçants vous saviez qu'ils n'étaient là que pour une journée.
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Batman, le Joker, le Sphinx, Double Face et autres super-vilains miniatures sont sans doute venus dévaliser vos provisions de sucreries ces dernières journées. Et si certains d'entre eux semblaient menaçants, vous saviez qu'ils n'étaient là que pour une journée. Malheureusement ce n'est pas le cas des habitants de Gotham qui vivent constamment sous la menace de tous les psychopathes et sociopathes de l'Amérique, qu'ils soient en liberté dans les rues de la mégalopole du péché ou enfermés à l'asile d'Arkham. Dieu merci pour eux, ils ont Batman!

La folie en quatre.

Une visite guidée des endroits les plus glauques de Gotham mène inévitablement à l'asile d'Arkham, où se retrouvent les criminels les plus tarés de la nouvelle Babylone. Mentionnée pour la première fois en 1974, l'institution est vite devenue un personnage incontournable de la planète Batman. Bien sûr nous pensons au mythique Arkham Asylum de Morrison et Mc Kean, mais aussi à Arkham Asylum : Living Hell (Les Patients d'Arkham en version française) de Dan Slott et Ryan Sook.

Warren White, le grand requin blanc, fut pendant plusieurs années le « golden boy » de Gotham, celui à qui tout sourit. Sous le couvert d'activité financière, l'espoir de Gotham à escroqué et jeté à la faillite des milliers de petits épargnants. Simulant la folie, l'arrogant financier est envoyé à l'asile d'Arkham, le lieu le plus instable de l'univers. Entre ses murs White côtoie le Joker, le Sphinx, Jane Doe, le Graffiteur, Humpty Dumpty, l Épouvantail en pleine crise de démence, Poison Ivy des gardiens et un directeur aussi fêlé que les pensionnaires et les gardes-chiourmes. Dans un tel environnement la superbe de White ne fait pas long feu et rapidement le magouilleur doit choisir entre une mort certaine ou devenir le caïd des caïds.

Les patients d'Arkham est une hallucinante virée entre les murs du terrible institut psychiatre. Scott et Sook nous guident avec un plaisir évident dans les couloirs de cette institution terrifiante, où chaque recoin, chaque zone ombragée, chaque cellule représente un danger pour l'équilibre mental, où la réalité n'est pas celle que l'on croit et où la frontière entre le délire, la folie et la bonne santé psychique est tellement mince qu'on en vient à se demander qui est fou et qui ne l'est pas. Une insécurité qu'amplifie le dessin à la fois grotesque et expressionniste de Ryan Sook qui évoque avec vivacité l'angoissante et inquiétante obscurité de l'établissement psychiatrique.

Et malgré la fin un peu confuse et l'absence presque totale du Bat - qui joue plus au touriste qu'au justicier - Les Patients d'Arkham mérite de faire partie du club sélect des plus intéressantes aventures de Gotham comme le légendaire Arkham Asylum.

Les trois visages du démon.

Parmi les super ennemis de Batman aucun n'est plus trouble que le fameux Ra's Al Ghul, ce grand sage immortel, maître en arts martiaux, particulièrement le ninjutsu, grand philosophe, médecin et fondateur et chef de la ligue des assassins. À la fois cruel et sadique Ra's Al Ghul est aussi un ardent environnementaliste qui veut redonner à la terre sa pureté naturelle, celle qui prévalait avant l'arrivée de l'homme et de la civilisation, exactement comme le fameux Monsieur Ming, l'Ombre Jaune de Bob Morane.

C'est cette ambiguïté qui est au cœur de la Saga de Ra's Al Ghul, le tout nouvel opus de la collection Némésis publié chez Urban Comics. Composé de trois histoires (la naissance du démon, le fils du démon et la fiancée du démon) le volumineux album se consacre à la rencontre entre ces deux visages de Janus : le philosophe psychopathe et le Chevalier noir, remède aussi dangereux que la maladie.

Comme dans les autres tomes de l'excellente collection Némésis l'emphase est mis sur les super vilains trop souvent occultés par l'ombre du Croisé à la cape. Plus réussi que celui consacré à Bane ce nouvel opus est toutefois plus faible que ceux consacrés à Double-Face, au Pingouin et au Joker qui sont de purs délices.

Ce n'est pas que ce bon vieux Ra's ne soit pas à la hauteur, non au contraire. Psychologiquement le personnage est fascinant, sa confiance aveugle en son intelligence, son jugement et à la justesse de sa solution, même si elle implique la destruction de l'humanité, est terrifiante. Non le hic c'est que le choix des histoires est plutôt inégal. Si la première histoire est fabuleuse, démarre sur des chapeaux et roues, fournit les éléments nécessaires pour bien comprendre la quête du démon et séduit par la grande qualité de son scénario, les deux autres sont beaucoup moins solides, plus traditionnelles; même si le fils du démon contient quelques révélations surprenantes sur le fils inconnu de Bruce Wayne et de Talia, la fille de Ra's et sur l'alliance des deux ennemis pour sauver la civilisation. Graphiquement la naissance du démon fascine par la force de son dessin et l'utilisation ingénieuse des couleurs chaudes. Ce qui n'est pas le cas des deux suivantes qui bien qu'inspirées du Batman des années 70, sont incapables d'atteindre l'élégance du trait de Neal Adams ou de Jim Aparo.

Bien que cet opus soit intéressant, il n'est pas à la hauteur des autres volumes de la collection. Il faut bien avouer qu'il s'essouffle au fur et à mesure que se développent les intrigues et que la surprise du début laisse place à une indifférence un peu inquiétante. Manifestement les éditeurs n'ont pas su garder notre attention jusqu'à la fin. Ras's Al Ghul méritait mieux.

Dan Slott, Ryan Sook, Les patients d'Arkham, Urban Comics.

Mike w. Barr, Dennis O'Neil, Jerry Bongham, Tom Grindberg, Norm Breyforce, La Saga de Ra's Al Ghul, Urban Comics.

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