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Une gifle pour les femmes!

Une étude de Statistique Canada est venue nous rappeler un phénomène qui persiste depuis trop longtemps: même munies d'un diplôme universitaire, les femmes demeurent globalement moins bien rémunérées que les hommes. Pourquoi, me répondrez-vous? Parce qu'elles sont plus nombreuses à travailler dans le secteur public que dans le secteur privé.
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À une semaine du 8 mars, une étude de Statistique Canada est venue nous rappeler un phénomène qui persiste depuis trop longtemps: même munies d'un diplôme universitaire, les femmes demeurent globalement moins bien rémunérées que les hommes. Pourquoi, me répondrez-vous? Parce qu'elles sont plus nombreuses à travailler dans le secteur public que dans le secteur privé.

C'est l'éditorialiste de La Presse Ariane Krol qui fait ce constat en lien avec l'étude (Des diplômes payants). Il vaut la peine que je la cite textuellement: «les femmes sont plus nombreuses à travailler dans le secteur public, où les salaires maximaux sont nettement moins importants que ce qu'il est possible d'obtenir au privé.» Je précise au passage que dans l'ensemble des employeurs du secteur public, le Québec est bon dernier après le fédéral et le municipal.

Le SPGQ a été un des pionniers dans la lutte en faveur de l'équité salariale. C'est en 1981 que nous avons déposé une plainte de discrimination salariale fondée sur le sexe à ce qui s'appelait alors la Commission des droits de la personne du Québec. Dans la foulée de cette plainte, nous avions convenu avec le Conseil du trésor d'un exercice d'évaluation des emplois qui a conduit à des correctifs salariaux pour les professionnelles occupant des emplois que nous avions identifiés comme étant discriminés. Dans les années qui ont suivi, avec nos partenaires de la coalition pour l'équité salariale, nous avions multiplié les pressions et finalement obtenu l'adoption de la Loi sur l'équité salariale en 1996.

Je ne vous raconte pas toute la saga qui a entouré cette longue lutte pour l'obtention de l'équité salariale. Elle est ponctuée de manifestations, de représentations auprès des élus, de procès aussi, bref, ce fut une bataille de plus de vingt-cinq ans pour enfin obtenir gain de cause.

Le principe est pourtant d'une telle logique: à travail équivalent, salaire équivalent.

Or, voici maintenant qu'en 2014 nous devons mener une autre bataille pour faire reconnaitre ce principe. Les données de Statistiques Canada viennent en effet nous montrer le chemin qu'il reste à parcourir pour que les femmes diplômées cessent d'être globalement moins bien rémunérées que les hommes. Ce chemin passe par de meilleures conditions pour toutes les femmes et les hommes qui oeuvrent dans les secteurs publics et parapublics.

Par exemple, parmi les membres que je représente, six emplois occasionnels sur dix sont occupés par des femmes. Par contraste, les hommes occupent 57% des emplois professionnels les mieux rémunérés. Si j'avais un esprit machiavélique, je serais porté à croire que l'État reproduit la discrimination systémique envers les femmes en offrant moins que le privé.

Mais je vais demeurer pratico-pratique.

Nous l'avons rappelé dans notre dernier communiqué de presse (Pour un budget responsable, le gouvernement doit investir dans l'expertise de l'État), cela fait plusieurs décennies que les professionnelles et professionnels de l'État n'ont pas bénéficié de l'enrichissement collectif, ayant même subi une très importante perte de pouvoir d'achat au cours des trois dernières décennies.

Or, dans un marché de l'emploi hautement compétitif, l'État ne peut plus continuer à laisser ainsi l'écart avec le privé se dégrader. La perte d'expertise qui en résulte et la dépendance envers la sous-traitance nous coûtent très cher. Les salaires offerts par le gouvernement entraînent en effet de sérieux problèmes d'attraction et de rétention de l'expertise, ce qui nuit à l'efficacité de l'État québécois.

Lorsqu'on fait appel à la sous-traitance pour pallier l'absence d'expertise interne dans un champ d'action particulier, on ne diminue pas les coûts, on les augmente. Et le plus souvent, la facture est très salée.

N'est-il pas par ailleurs paradoxal de constater que les femmes diplômées soient devenues majoritaires chez nos membres (54%) alors même que nos conditions salariales se dégradent? Souhaitons que les partis politiques s'engagent à corriger la situation au cours de la campagne électorale.

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